Une chronique française (1970-1991) : une étude unique sur une face cachée de l ’histoire française
Ce livre rare d’un journaliste militant et d’investigation retrace 21
ans d’histoire française à travers 350 affaires d’arabicides,
c’est-à-dire de meurtres d’Arabes. Une période balisée par deux
événements historiques : la Guerre d’Algérie et la première Guerre du
Golfe, aux cours desquelles l’arabicide de masse fut une activité de
fait légitimée.
Présentation du livre :
Force est de le constater : on a pu, dans la France de l’après-68,
tuer impunément des Arabes. Souvent traité par la justice comme un
« accident du travail » ou de la circulation, l’arabicide a bénéficié
d’une jurisprudence de fait le transformant en simple délit Cause
première des révoltes des « Beurs », puis de l’embrasement des banlieues,
la banalisation des arabicides est l’aspect le plus dur de la "question
de l’immigration".
Il fallait enquêter sur ces « gestes obscurs » qui jettent une
lumière crue sur la société française, les extraire de la chronique
lassante, et répétitive des faits divers pour leur donner un statut. En
reconstituant cette longue série de meurtres d’Arabes - plus de deux
cents en vingt ans - Fausto Giudice a cherché à en élucider les
ressorts, les suites et les implications. La chronique commence en
1971, avec le meurtre du jeune Algérien Djilali Ben Ali à la
Goutte-d’Or. Elle s’achève près d’Angoulême, par la mort commune de
Mustapha Assouana, jeune Français musulman et Mohamed Daoudi, jeune
Marocain, en 1991. Entre ces deux dates, se déroule une dramaturgie aux
nombreux acteurs, reconstituée par l’auteur.
Comment et pourquoi l’arabicide s’est-il à ce point banalisé ?
Fausto Giudice propose une réponse : la V" République repose sur un
crime fondateur, l’arabicide de masse, commis tout au long de la guerre
d’Algérie, jusque dans les rues de Paris. Ses auteurs et ses
responsables ont bénéficié d’une impunité totale, par le jeu des
amnisties. Ce fut là le plus formidable encouragement à répéter en
temps de paix, sur une échelle réduite, ce que militaires, policiers et
« simples particuliers » avaient fait en temps de guerre.