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Commentaire de Lucien Denfer

sur L'émotion en voie d'extinction


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Lucien Denfer Lucien Denfer 16 février 2010 11:18

Votre texte réveille ma curiosité...

S’il est relativement facile d’expérimenter par soi-même la relation inextricable du corps à l’esprit, ne serait-ce qu’en faisant l’effort conscient de se redresser et de surveiller attentivement la corrélation de nos petites déprimes avec nos positions avachies (par exemple), comment expliquer les témoignages de personnes amputées d’un membre déclarant continuer à le ressentir ?

Culture contre-nature.

Dans le parcours scolaire, de la plus tendre enfance jusqu’à l’age adulte, nous sommes contraints d’assimiler des informations externes, d’apprendre à échanger et interagir avec nos semblables, en groupe de 20 à 30 élèves. Les modalités pratiques d’éducation font que ces interactions sont inégalitaires dans le mode de communication employé.

On reçoit beaucoup plus d’informations que l’on en retourne et la grande majorité de ses informations concerne des sujets extérieurs à notre personne. Il serait trop onéreux pour l’école publique d’affecter un enseignant précepteur pour chaque élève et il est généralement admis que la famille joue ce rôle complémentaire d’éducation, dans une certaine mesure. De plus, ce n’est pas la mission première de l’éducation.

Dans nos société de consommation l’impératif économique est tyrannique et les parents n’ont que peu ou pas de temps à consacrer à ce rôle de renfort éducatif. Je pense qu’il n’est pas exagéré de prétendre que les enfants en apprennent bien plus sur eux-mêmes dans le brouhaha de la cour de récréation que dans le silence studieux des salles de classe et par la voix monocorde des maîtres. Peut-on en conclure que la connaissance de soi n’est que quantité négligeable au regard de l’éducation ?

Ce que je veux exprimer c’est que la part donnée à la connaissance de soi est si infime que l’on ne peut raisonnablement s’étonner des comportements infantiles relatifs à la symbolique de notre image. Nous sommes commes des encyclopédies vivantes ignorantes de la nature et du support de toutes ces connaissances.

La dictature de l’apparence « incidemment » relayée pour des raisons mercantiles trouve dans l’esprit en friche des « encyclopédies vivantes » le terrain propice à toute sorte d’expérimentations.

Les comportements que d’aucuns jugeraient narcissiques, qui nous font rechercher continuellement notre image dans les reflets des grandes baies vitrées des boutiques ne seraient que des sessions de rattrapages maladroites et empiriques, des tentatives désespérées de nous raccrocher à des visions que l’on voudrait idéales et conformes.

Finalement, ces images empruntées ou imposées ne font que combler temporairement le déficit symbolique qui nous afflige et évacuent la confrontation avec soi-même dont la nécessité ne s’imposera qu’avec plus de force ultérieurement, au cours de séances avec un praticien.


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