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Commentaire de Reinette

sur Un livre sur BHL censuré ?


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Reinette Reinette 16 février 2010 23:56

Pierre - je pense qu’il faut faire quelques différences entre les « quatre » - a rejetter tout en bloc sans faire de distinction nous serions aussi malhonnêtes que ceux que nous critiquons

je vous invite à lire l’extrait d’un entretien Daniel Bensaïd, Gilles Hieronimus, J.-Claude Poizat :

GH/JCP – Est-ce qu’il n’y a pas de point commun dans l’évolution de ces intellectuels juifs français que vous évoquez : Alain Finkielkraut, Benny Lévy, Bernard-Henri Lévy ou d’autres encore – comme Jean-Claude Milner par exemple ? Ces derniers font tous partie d’ailleurs (ou faisaient partie, en ce qui concerne Benny Lévy) de l’Institut des études lévinassiennes…

DB – Oui il y a un point commun. Mais je pense que chez Benny Lévy, il s’agit d’un retour à une définition théologique du juif. C’est le rapport au texte qui définit le judaïsme. On est hors de l’histoire et hors de la politique. Donc c’est une démarche qui renoue avec le mythe de l’élection, et dont la conclusion est anti-universaliste. Et c’est aussi le cas d’ailleurs chez Jean-Claude Milner, dans Les penchants criminels de l’Europe démocratique : la thèse en est que l’universalisme des Lumières est criminel, avant même que le nazisme n’ait fait son apparition. On est ici dans une critique radicale de l’universalisme des Lumières et dans une démarche de retour à une définition théologique de l’être juif.

Ce n’est pas le cas pour Alain Finkielkraut ou Bernard-Henri Lévy. Dans son gros livre qui rassemble toutes ses chroniques sur le judaïsme, on voit que BHL est dans la contradiction : il ne veut pas renoncer à l’universalisme républicain. Et Finkielkraut encore moins puisque c’est un républicain autoritaire. Mais avec une exception : l’exception israëlienne. Donc il y a cette contradiction : on est universaliste pour tout le reste, on défend les opprimés en Tchétchénie ou à Sarajevo, mais pas les Palestiniens. Pourquoi ? Au nom d’une singularité historique, laquelle a d’ailleurs été théologisée par l’Holocauste – par l’interprétation du génocide comme holocauste ou comme Shoah. Cet événement n’est plus alors d’ordre historique et politique, il est d’ordre théologique. C’est un événement qui confirme dans l’histoire la singularité irréductible du destin juif – les livres de Enzo Traverso ou le tout dernier d’Esther Benbassa sur La souffrance comme identité sont décisifs sur ce point. C’est la confirmation a contrario de l’élection. Voilà quel est le point de rencontre.

A propos d’Israël et du destin juif, c’est le chemin inverse de celui que préconisait Marx – à savoir : faire d’une question théologique une question profane. Là on fait l’inverse : on re-théologise la question juive. Je pense que pour ce qui concerne Benny Lévy, la démarche est conséquente, mais concernant Alain Finkielkraut elle l’est moins. D’ailleurs il est mal à l’aise avec ça, car il voit bien que c’est bancal. Quand on est républicain et universaliste, ça devrait valoir aussi pour Israël et la Palestine.
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article6550



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