Ça a commencé par un
chantage inqualifiable au licenciement sans indemnités !
Ah bon ? C’est vous qui réécrivez l’Histoire. Car l’Histoire ne commence pas au 4e siècle que je sache. Certains historiens ont affirmé que puisque le premier document
écrit formulant explicitement la loi du célibat n’apparaît qu’au début
du quatrième siècle, l’obligation qui en découle est une création de
cette époque. Cela est vraiment méconnaître l’Histoire du droit qui
nous enseigne que l’expression écrite d’une loi est l’aboutissement
d’un long processus de transmission orale qui forme le droit coutumier.
Ce dernier avait évidemment force d’obligation.
Ce qui est gardé
et toujours maintenu par toute l’Église à travers les siècles est
d’origine apostolique. Or aux troisième et quatrième siècles, un grand
nombre d’hommes jouissant d’une grande autorité morale et
intellectuelle, les Pères de l’Église, s’accordent pour promouvoir la
continence parfaite après l’ordination en la présentant comme une
tradition apostolique. Aucune contradiction ne se fait entendre à ce
sujet de manière stable et influente.
D’autre part, cette
discipline du célibat est gardée par toutes les Églises apostoliques.
Celles-ci sont les Églises qui ont été personnellement fondées par les
Apôtres (Rome, Alexandrie, Antioche...) ou qui en dérive directement
(l’Église d’Afrique, des Gaules, d’Espagne..). Si ces Églises
connaissent une diversité d’usages et de coutumes, notamment en
liturgie, elles s’accordent sur les points de doctrine et de discipline
tant qu’elles demeurent en communion avec l’Église de Rome. Le
témoignage de cette dernière est de première importance « car avec
cette Église, en raison de son origine plus excellente, doit
nécessairement s’accorder toute Église, c’est-à-dire les fidèles de
partout, - elle en qui toujours, au bénéfice de ces gens de partout, a
été conservée la Tradition qui vient des Apôtres. » Or les décrétales du
Pape Sirice, répondant à des contestations isolées, attestent de la
fermeté de l’obéissance des Églises occidentales à la tradition de la
continence des clercs explicitement reconnue comme apostolique.
Ch.
Cochini conclut : "L’ensemble des conditions se trouve donc réunies,
semble-t-il, pour pouvoir affirmer raisonnablement que la discipline de
la continence parfaite pour les membres supérieurs du clergé était, au
IVe siècle, gardée par toute l’Église et avait toujours été maintenue.
Il y eut dans l’antiquité chrétienne une multitude de diacres,
presbytres et épiscopes mariés. Il était chose normal d’appeler aux
ordres sacrés des hommes mariés, des pères de famille. De nombreux
documents profanes ou religieux attestent de cette pratique des premiers
temps de l’Église. Une recension, à partir des différentes sources
disponibles, de ces clercs mariés des premiers siècles est riche
d’enseignements. La question à laquelle l’historien s’intéresse en
faisant cette étude porte sur l’usage ou non du mariage après
l’ordination ; y répondre trop vite par l’affirmative revient à
"méconnaître un trait essentiel de la physionomie du sacerdoce à cette
période".
Les rares sources datant des deux premiers siècles ne nous lèguent
que quatre exemples de clercs mariés (hormis les Apôtres) dont on ne
peut rien affirmer concernant les rapports qu’ils entretenaient avec
leurs épouses après leur ordination. Pour les mêmes raisons nous ne
pouvons rien dire de quatre des cinq évêques recensés au troisième
siècle. Le cinquième est Démetrius, évêque d’Origène, dont l’élection
n’a été acceptée par les fidèles que lorsqu’ils acquirent la certitude
qu’il avait toujours gardé la continence. On ne peut rien établir non
plus concernant la discipline des cinq prêtres africains retenus par
l’Histoire si ce n’est qu’au siècle suivant les évêques de ces Églises
affirmaient d’origine apostolique la pratique de la continence parfaite
des clercs sans la moindre opposition.
Le quatrième siècle, profitant de la paix constantinienne, est plus
riche en témoignage en Orient comme en Occident. On peut établir pour
vingt-quatre pour cent d’entre eux qu’ils observèrent la continence
parfaite depuis leur ordination . Il est même précisé, dans trois des
notices biographiques, qu’agissant ainsi ils obéissaient à une
discipline formelle. Pour les autres, on ne peut souvent rien affirmer,
ni dans un sens ni dans l’autre.
Ch. Cochini conclut : "La liste nous montre qu’il n’existe aucun
exemple de clerc marié dont on puisse affirmer qu’il a vécu
maritalement avec son épouse après l’ordination en conformité avec une
coutume reconnue ou une discipline officielle. Bien plus, les récits
nous prouvent que certains vécurent dans la continence parfaite par
soumission à une discipline bien établie, comme dans les Gaules ou en
Italie. Dans d’autres cas, comme pour l’Arménie en communion avec Rome,
on peut le supposer avec raison."