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Commentaire de domini canus

sur Eunuques pour le Royaume des Cieux. Le débat sur le célibat


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domini canus domini canus 30 mai 2010 23:40

Ça a commencé par un chantage inqualifiable au licenciement sans indemnités !

Ah bon ? C’est vous qui réécrivez l’Histoire. Car l’Histoire ne commence pas au 4e siècle que je sache. Certains historiens ont affirmé que puisque le premier document écrit formulant explicitement la loi du célibat n’apparaît qu’au début du quatrième siècle, l’obligation qui en découle est une création de cette époque. Cela est vraiment méconnaître l’Histoire du droit qui nous enseigne que l’expression écrite d’une loi est l’aboutissement d’un long processus de transmission orale qui forme le droit coutumier. Ce dernier avait évidemment force d’obligation.

Ce qui est gardé et toujours maintenu par toute l’Église à travers les siècles est d’origine apostolique. Or aux troisième et quatrième siècles, un grand nombre d’hommes jouissant d’une grande autorité morale et intellectuelle, les Pères de l’Église, s’accordent pour promouvoir la continence parfaite après l’ordination en la présentant comme une tradition apostolique. Aucune contradiction ne se fait entendre à ce sujet de manière stable et influente.

D’autre part, cette discipline du célibat est gardée par toutes les Églises apostoliques. Celles-ci sont les Églises qui ont été personnellement fondées par les Apôtres (Rome, Alexandrie, Antioche...) ou qui en dérive directement (l’Église d’Afrique, des Gaules, d’Espagne..). Si ces Églises connaissent une diversité d’usages et de coutumes, notamment en liturgie, elles s’accordent sur les points de doctrine et de discipline tant qu’elles demeurent en communion avec l’Église de Rome. Le témoignage de cette dernière est de première importance « car avec cette Église, en raison de son origine plus excellente, doit nécessairement s’accorder toute Église, c’est-à-dire les fidèles de partout, - elle en qui toujours, au bénéfice de ces gens de partout, a été conservée la Tradition qui vient des Apôtres. » Or les décrétales du Pape Sirice, répondant à des contestations isolées, attestent de la fermeté de l’obéissance des Églises occidentales à la tradition de la continence des clercs explicitement reconnue comme apostolique.

Ch. Cochini conclut : "L’ensemble des conditions se trouve donc réunies, semble-t-il, pour pouvoir affirmer raisonnablement que la discipline de la continence parfaite pour les membres supérieurs du clergé était, au IVe siècle, gardée par toute l’Église et avait toujours été maintenue.

Il y eut dans l’antiquité chrétienne une multitude de diacres, presbytres et épiscopes mariés. Il était chose normal d’appeler aux ordres sacrés des hommes mariés, des pères de famille. De nombreux documents profanes ou religieux attestent de cette pratique des premiers temps de l’Église. Une recension, à partir des différentes sources disponibles, de ces clercs mariés des premiers siècles est riche d’enseignements. La question à laquelle l’historien s’intéresse en faisant cette étude porte sur l’usage ou non du mariage après l’ordination ; y répondre trop vite par l’affirmative revient à "méconnaître un trait essentiel de la physionomie du sacerdoce à cette période".

Les rares sources datant des deux premiers siècles ne nous lèguent que quatre exemples de clercs mariés (hormis les Apôtres) dont on ne peut rien affirmer concernant les rapports qu’ils entretenaient avec leurs épouses après leur ordination. Pour les mêmes raisons nous ne pouvons rien dire de quatre des cinq évêques recensés au troisième siècle. Le cinquième est Démetrius, évêque d’Origène, dont l’élection n’a été acceptée par les fidèles que lorsqu’ils acquirent la certitude qu’il avait toujours gardé la continence. On ne peut rien établir non plus concernant la discipline des cinq prêtres africains retenus par l’Histoire si ce n’est qu’au siècle suivant les évêques de ces Églises affirmaient d’origine apostolique la pratique de la continence parfaite des clercs sans la moindre opposition.

Le quatrième siècle, profitant de la paix constantinienne, est plus riche en témoignage en Orient comme en Occident. On peut établir pour vingt-quatre pour cent d’entre eux qu’ils observèrent la continence parfaite depuis leur ordination . Il est même précisé, dans trois des notices biographiques, qu’agissant ainsi ils obéissaient à une discipline formelle. Pour les autres, on ne peut souvent rien affirmer, ni dans un sens ni dans l’autre.

Ch. Cochini conclut : "La liste nous montre qu’il n’existe aucun exemple de clerc marié dont on puisse affirmer qu’il a vécu maritalement avec son épouse après l’ordination en conformité avec une coutume reconnue ou une discipline officielle. Bien plus, les récits nous prouvent que certains vécurent dans la continence parfaite par soumission à une discipline bien établie, comme dans les Gaules ou en Italie. Dans d’autres cas, comme pour l’Arménie en communion avec Rome, on peut le supposer avec raison."


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