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Commentaire de BA

sur Secret story en sarkozy et autres curiosités estivales


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BA 12 juillet 2010 10:54

Vendredi 9 juillet, Daniel Schneidermann expliquait comment Eric Woerth allait se faire blanchir : le procureur de Nanterre Philippe Courroye et le chef de l’Inspection Générale des Finances Jean Bassères sont à la manœuvre.

Ils sont nommés par le gouvernement.

Leur carrière et leur promotion dépendent du gouvernement.

En clair : Eric Woerth va se faire blanchir par deux hauts-fonctionnaires qui sont sous les ordres du gouvernement.

1- Philippe Courroye n’a aucune indépendance pour mener l’enquête, d’autant plus que les enregistrements pirates montrent qu’il fait partie des amis de Nicolas Sarkozy.

2- Jean Bassères n’a lui non plus aucune indépendance pour écrire en quelques jours le rapport complètement pipeau qui « blanchit » Eric Woerth.

3- Ces deux hauts-fonctionnaires zélés font ce que le gouvernement veut qu’ils fassent : blanchir Eric Woerth, coûte que coûte.

Lisez cet article écrit le vendredi 9 juillet :

Courroye et Bassères, enquêteurs indépendants.

Ecoutez bien, dans les jours et les heures qui viennent, les présentateurs qui vous parleront « du rapport de l’Inspection des Finances », censé apprendre lundi au pays soulagé qu’Eric Woerth, non, quelle surprise, n’a pas donné d’instructions écrites, en trois exemplaires, avec copie carbone et exemplaire aux Archives Nationales, demandant de ne pas contrôler le patrimoine de Liliane Bettencourt.

Par ailleurs, non, il n’a pas donné non plus d’instruction personnelle de lui rembourser 30 millions, au titre du bouclier fiscal.

Peut-être, par la même occasion, découvrira-t-on qu’il n’a pas donné de reçu tamponné pour les enveloppes kraft demi-format, ni envoyé de bristol de remerciement après les dîners.

L’affaire aura donc sérieusement du plomb dans l’aile. Comme dit l’excellent Frédéric Lefevbre : « Tout le monde devra se taire, et certains devront s’excuser publiquement ».

Ecoutez-les bien : à chaque fois qu’ils évoqueront « le rapport de l’Inspection générale des Finances », ils vous tromperont. Ce n’est pas un rapport de l’IGF, qui va être rendu lundi, mais un rapport personnel de son chef, Jean Bassères, très estimable haut fonctionnaire certainement, mais nommé par son ministre, et dont le sort ultérieur (promotion ou placard) dépend de lui, ainsi que l’explique Le Monde dans un excellent article d’une de ses spécialistes économiques.

Se faire blanchir par l’administration placée sous ses ordres : si Poutine (au hasard) avait recours à cette grosse ruse, on entend d’ici les ricanements de la presse française.

En France, on trouve encore des journalistes pour détailler la perfection du système. Meilleure preuve, selon eux : ce haut fonctionnaire a fait une partie de sa carrière sous des ministres de gauche. Imaginez jusqu’où Jean Bassères pousse le trotzkisme : il a dirigé « pendant quelques jours » le cabinet de Laurent Fabius à Bercy. Le seul fait qu’il ait accepté cette mission, dans ces conditions mirobolantes, démontre d’ailleurs assez sa parfaite indépendance : au moins, il ne craint pas les critiques.

Ainsi blanchi par son efficiente administration, le gouvernement peut aussi compter sur le parquet placé sous ses ordres. Les mêmes, qui parlent de l’enquête de l’IGF, évoquent en général « l’enquête judiciaire » qui se mène à ciel ouvert depuis quelques jours. Il n’y a pas d’enquête judiciaire pour l’instant. Il y a une enquête souverainement dirigée par le procureur Courroye. Avec zèle et efficience, il est vrai.

Toujours hier, on apprenait que la nouvelle audition, plus favorable à Sarkozy, de Claire Thibout, s’était déroulée selon son avocat « jusqu’après minuit », par des policiers dépêchés toutes affaires cessantes dans sa maison du Gard. Au moins, dans la tourmente, l’Etat fonctionne.

Daniel Schneidermann.

http://www.arretsurimages.net/vite-dit.php#8617


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