• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Sic Transit

sur Ce n'est pas aux hommes au pouvoir d'écrire les règles du pouvoir


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Sic Transit (---.---.97.141) 6 mars 2006 23:26

Merci pour ce texte Etienne. Tu as été une des grandes voix au moment du référendum sur la constitution. Pour moi çà a compté.

Ton article est fort parce qu’il touche à l’essentiel. Ce que pourtant le quotidien de nos démocraties nous a fait presque oublier. Ce que le référendum aurait pu nous faire perdre. Ce que certains voudraient nous retirer, ou risqueraient de nous retirer, sans même comploter pour le faire, simplement parce que comme tu dis ils poursuivent leurs petites logiques de pouvoir sans forcément grande conscience des conséquences funestes. Parce que l’accumulation des petites dépossessions qui retirent aux citoyens le pouvoir de peser, et de résister, leur lie les mains et les livre aux ambitieux et aux avides. Parce que les contre-pouvoirs dont tu parles, ce contrôle constant des gouvernants par les peuples est le bien le plus précieux d’une démocratie, plus précieux que l’existence de parlements. Car il rappelle précisément aux hommes politiques que ceux-ci n’existent légitimement que comme représentants, que la souveraineté vient du peuple, et que le pouvoir n’est conféré que par délégation.

Je ne résiste pas, en lisant le titre de ton article, (Ce n’est pas aux hommes au pouvoir d’écrire les règles du pouvoir) à citer ce très beau texte de Kant :

« L’homme est un animal qui, lorsqu’il vit parmi d’autres membres de son espèce, a besoin d’un maître. Car il abuse à coup sûr de sa liberté à l’égard de ses semblables ; et quoique en tant que créature raisonnable il souhaite une loi qui pose les limites de la liberté de tous, son inclination animale égoïste l’entraîne cependant à faire exception pour lui-même quand il le peut. Il lui faut donc un maître pour briser sa volonté particulière, et le forcer à obéir à une volonté universellement valable ; par là chacun peut être libre. Mais où prendra-t-il ce maître ? Nulle part ailleurs que dans l’espèce humaine. Or ce sera lui aussi un animal qui a besoin d’un maître. De quelque façon qu’il s’y prenne, on ne voit pas comment, pour établir la justice publique, il pourrait se trouver un chef qui soit lui-même juste, et cela qu’il le cherche dans une personne unique ou dans un groupe composé d’un certain nombre de personnes choisies à cet effet. Car chacune d’entre elles abusera toujours de sa liberté si elle n’a personne, au-dessus d’elle, qui exerce un pouvoir d’après les lois. Or le chef suprême doit être juste en lui-même et pourtant être un homme. Cette tâche est donc bien la plus difficile de toutes et même sa solution parfaite est impossible : dans un bois aussi courbe que celui dont est fait l’homme, on ne peut rien tailler de tout à fait droit. La nature ne nous impose que de nous rapprocher de cette idée. »

KANT Idée d’une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, Prop. 6


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès