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Commentaire de Annie

sur L'humanitaire au service du capital : retour sur le cas de Haïti


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Annie 13 octobre 2010 14:38

Comment quoi on peut avoir vécu les mêmes choses et en tirer des conclusions différentes. Tout dépend de ce que l’on attend de l’aide humanitaire. L’aide humanitaire a été détournée de sa vocation première, qui était de faire un bout de chemin avec des populations traversant des épreuves pour les aider à s’en sortir, momentanément et modestement. Rien de plus. 
Deux raisons me semblent expliquer la dérive humanitaire : d’abord la dilution de l’impératif humanitaire, bien souvent subordonné à des considérations d’ordre politique ou stratégique, sous forme d’objectifs de développement.
Ensuite, paradoxalement, les critiques de l’aide humanitaire qui ont poussé les agences à se professionnaliser et à fonctionner comme des multinationales, commandant des budgets faramineux, avec un minimum de transparence.
Je trouve que les critiques de l’aide humanitaire rate le coche en se concentrant sur les 4x4, le style de vie des humanitaires, bref le côté superficiel, et aussi en les accusant d’être au service du capitalisme mondial. Comme le montrait un article hier sur AV, il est difficile de fonctionner en dehors, mais il est possible d’en comprendre les rouages et de refuser de se laisser coopter.
La réforme humanitaire entreprise il y a quelques années a pour objectif de mettre en place un mécanisme onusien de coordination entre les différents groupes sectoriels, mais aussi de coordonner sur le terrain les interventions politiques, militaires et humanitaires. Il suffit de regarder les chiffres des dépenses engagées ces dernières années pour s’apercevoir que ce sont pas les pays les plus pauvres, et les plus désespérés qui bénéficient de l’aide humanitaire, mais ceux qui présentent les meilleures perspectives de développement. Les pays pauvres sont doublement pénalisés.
Il faudrait revenir au débat : à quoi devrait servir l’aide humanitaire ? Questionner aussi le financement des ONG, qui deviennent bien souvent les bras armés des gouvernements. Exiger la transparence des dépenses, mais aussi des choix d’interventions.
MSF continue à être l’une des rares ONG à refuser de participer à des mécanismes de coordination institutionnels, et à tenter de faire une analyse sur la place, le rôle et la marge de manoeuvre des ONG dans le monde d’aujourd’hui. 


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