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Commentaire de Na.75

sur Alcoolisme, addictions : enfin un nouvel espoir !


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Na.75 20 octobre 2010 03:29

Changethescript.

Si ton papier a besoin d’un autre témoignage que le Baclofène est plus qu’un espoir mais une réalité, voici le témoignage de mon compagnon, posté sur le forum BACLOFENE de e santé il y a trois semaines. On a un point commun, on ne sait pas faire court !!!

°°°°°°°°°°°°°

Je me souviens du 3 décembre 2008. Je tord le coup à l’ignorance, à la souffrance et au mépris. Je reprend les commandes. Première visite chez De Beaurepaire. Première prescription et première boite de Baclo. Première pilule avalée. Première inquiétude « A quoi ressemble la vie sans alcool, c’est à dire... sans défense ? ». La première réponse d’Ameisen… et puis le premier post publié ici-même.

Je me souviens m’être senti seul avec ma maladie, ma honte, mes peurs et mes doutes. Et puis avoir découvert ici un joli paradoxe : c’est fou ce que les gens seuls sont nombreux.

Je me souviens…des échanges incroyables, des coups de gueule, coups de cœur ou coups de main échangés sur ce forum avant qu’il ne devienne le terrain d’un jeu grotesque où des égo boursouflés, pathétiques et inutiles jouaient à cache-cache.

Je me souviens… le 21 janvier 2008. Le vide absolu dans la tête, les yeux du môme qui pour la première fois réussit un nœud à sa chaussure, l’incrédulité et l’euphorie. Je regarde ce verre posé là devant moi… j’arrive pas à le finir… pas envie… Pas envie ??? Il ne me dit rien. Il ne me parle plus. Je n’ai plus rien à lui dire. Une seule envie irrépressible, celle de prolonger ce moment . Et l’urgence de le partager sur ce forum. J’écris : « Je suis indifférent à l’alcool »

Je me souviens des heures passées avec Ameisen à refaire un monde peuplé d’alcooliques guéris sous traitement et de médecins fidèles à leur serment.

Je me souviens de l’agressivité des abstinents pour qui le sol s’effondre si le baclo guérit vraiment.

Je me souviens de ce premier rendez-vous avec un Chabalier enthousiaste et du deuxième rendez-vous avec un Chabalier débriefé, retourné et hostile après une conversation avec Batel. 

Je me souviens de cette image la première fois où elle m’est apparue. Je sors la tête de la cave où je me terrais depuis des années. Dehors, la tempête est finie, mais elle a dévasté mon entourage. Je dois déblayer du paysage les gravas et les ruines. Tout reconstruire. Je m’y mets. Je n’ai plus peur. J’ai la force et l’envie. Cette image est encore là, tous les jours.

Je me souviens de cette période où j’ai peu à peu lâché prise avec ce forum. Contraint par une autre urgence. Celle de réapprendre les codes et les modes d’emploi avec mon boulot, mes enfants, mon amoureuse… réapprendre à vivre.

Je me souviens du jour où dans le regard des autres, je n’étais plus un imposteur.

  • Indifférent à 120 mg / j.Monté à 150 mg / j pendant les 7 mois suivants sous prescription médicale.
  • Puis descente progressive jusqu’à aujourd’hui, 80 mg / j.
  • Plus aucun craving depuis presque deux ans.

J’ai redécouvert le goût et la saveur du vin. Du partage autour d’un verre. Ou deux. De l’envie et du plaisir… plus une seule fois du besoin.

Et puis…

Depuis le 3 décembre 2008… qu’est-ce qui a changé ?

Comme le prévoyaient dès cette époque Ameisen et De Beaurepaire, le baclo s’impose sûrement. Le développement inéluctable de sa prescription passe par les médecins généralistes et c’est du monde anglo-saxon que viendra sa reconnaissance officielle et définitive.

En France, le petit milieu des alcoologues reste figé sur ses luttes de pouvoir et sa terreur de ne pas être dans le bon wagon le jour où…

Essais thérapeutiques fantoches… Médicament ersatz… Pressions amicales entre confrères et toujours le mépris, la pitié faussement bienveillante et la condescendance de l’expert jaloux de ses prébendes… Rien de nouveau en somme.

Pendant ce temps là, des malades souffrent et meurent. Sans même avoir entendu parler, ou si peu, de nos combats, de nos vies et surtout de nos victoires. Nos histoires sont niées, cachées ou déconsidérées. On nous marche dessus. 

Le constat est affligeant et nous en sommes les premiers responsables… Absence de paroles coordonnées, de vécu, d’expériences, de réactions et d’avis. Rien. Un silence étourdissant… Normal, nous sommes inaudibles.

Où sont les malades ? Sont-ils guéris ? Comment vivent-ils ? Que disent-ils ?

On a toutes les réponses en nous. Pourtant, réfugiés derrière un désolant et puéril besoin de reconnaissance, nous ne sommes, en tant que groupe, entendus par personne. Crédibles pour personne. Juste l’image désastreuse d’un troupeau d’alcoolo mal finis qui croient au Père Noël ou aux bienfaits de la Vierge.

Collectivement incapables de s’affranchir de la tutelle même bienveillante des spécialistes pro-baclo et incapables de formuler un discours qui leur soit propre, les malades n’existent pas. Leur parole originale est absente du débat et du combat. Un comble.

La découverte d’Ameisen et les difficultés qu’elle rencontre au jour le jour et sur le terrain pour être largement diffusée et exploité est une affaire trop sérieuse pour la laisser aux mains des seuls médecins et alcoologues. Parce que l’alcoolisme est une maladie complexe, multifactorielle et toujours intime, les malades guéris sous traitement sont les seuls à porter en eux la véritable expertise vécue de l’efficacité du Baclofène sur la maladie alcoolique.

Si les scientifiques et les chercheurs doivent trouver et prouver, si les généralistes doivent prescrire, les malades doivent plus que jamais témoigner d’une parole crédible et sincère. S’organiser. Exister. Convaincre.

Dans cet esprit, sur ce forum et… si affinités, je donnerai bien un coup de main.

Bien à vous.

Stéphane.

PS : Superbe synthèse d’un médecin du site e santé, publiée en février dernier. Clair, direct, tranquille, efficace… et finalement plutôt gonflée dans les discours ambiants…

e-sante.fr/alcool-baclof#20B041


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