Un
petit bonjour depuis un pays voisin de la Bolivie...
Ici,
en Amérique du Sud, la crise des sub primes n’existe pas. La crise
du crédit, nous l’avons connue dans les années 90, avec des plans
de redressement drastiques, des taux d’intérêts du FMI usuriers,
des dévaluations meurtrières et une fuite de capitaux.
Du
coup, l’accès au crédit a été impossible pendant toutes ces
années. Malgré tout, il s’agit d’un continent bien plus riche que
l’Europe, en matières premières et en potentiel de croissance.
Le
dynamisme des BRIC, et particulièrement du Brésil voisin, le
renforcement des échanges Sud/Sud, les partenariats exclusifs avec
la Chine (matière première contre produits manufacturés) ont
provoqué un enrichissement global des populations du continent. Il a
bien évidemment profité d’abord aux propritétaires, mais s’est
diffusé peu à peu jusque dans les classes les plus dépendantes.
Cette
richesse dans un système financier assaini permet aujourd’hui de
redistribuer du confort social et de redonner l’accès au crédit aux
populations, mais avec un risque maîtrisé, les banques ne voulant
plus connaître l’apocalypse des années 90. Ici à Asuncion, comme à
Formosa, la ville argentine la plus proche, les routes se
construisent, les réseaux 3G s’étendent, l’accès au crédit pour
l’achat de véhicules personnels (souvent chinois) se banalise. Les
monnaies locales se valorisent en terme de pouvoir d’achat par
rapport à l’Euro et au Dollar, l’inflation provoquée par la demande
n’étant pas répercutée sur le change.
Bref,
les réalités sont totalement différentes. Avec un taux de
croissance comparable, des richesses du sol et des potentiels de
croissance équivalents, la France aurait aussi les moyens de
redistribuer la richesse qu’elle crée, comme durant la
reconstruction suivant la seconde guerre mondiale. Le contexte
économique y est totalement différent. Desindustrialisée, avec une
population vieillissante, des infrastructures saturées, des taux de
productivité ne laissant que peu de marges d’amélioration, un
système financier très dépendant de la dette, les perspectives de
croissance y sont durablement réduites, les populations devront donc
s’adapter au contexte ou se délocaliser.
Nous
avons dans notre histoire connu d’autres époques similaires
provoquant l’exode massif des populations européennes pour des
continents plus porteurs d’avenir. Il n’y a donc là rien de nouveau.