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Commentaire de easy

sur Faut-il sauver le soldat Galliano ?


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easy easy 3 mars 2011 18:45



Bonjour Hommelibre,


Globalement, je serait plutôt dans votre camp.

Mais je ne vous félicite pas pour votre rhétorique.

Il n’y avait pas à ramener le cas de Françoise Dior sur un sujet concernant Galliano au premier rang et Christian Dior au troisième, tant que ce dernier ne se dit pas nazi (je ne me fais aucune illusion sur l’élitisme des opérateurs du luxe mais tant qu’ils la jouent démago en public, je n’ai pas à redire).
 
Il n’y avait pas non plus à utiliser l’argument des quelques 5 témoins ayant affirmé que Galliano n’avait pas proféré d’insultes tout en évitant d’argumenter sur le fait que les uns travaillent dans ce bar dont Galliano est une locomotive et que les autres étant possiblement des habitués ils peuvent trouver plus d’intérêts à couvrir Galliano qu’à confirmer des insultes qui de toutes manières leur étaient moins audibles qu’à leurs destinataires. Ce café est isolé du secteur qui grouille de monde. Ses habitués sont ceux qui ont pris le parti de regarder de haut les autres clients, ceux du bas de la rue. Le patron y joue plus que les autres encore, la carte de la fidélité et ses habitués se serrent les coudes. Par principe plus général, un quartier a tendance à protéger ses stars.


On a des gens qui vont se plaindre au commissariat qu’un type illustre les a insultés alors qu’ils ont tout inventé ? Qui prendrait un tel risque et pour quoi faire (à moins d’être carrément payé par la maison Dior) ?
Et quand on voit, sur une vidéo qu’en une autre occasion, cet illustre avait proféré des injures de ce genre, sans en subir de dommage, on ne parvient pas à croire qu’il ait pu recommencer ?

Il y a trop de mauvaise foi dans votre argumentation.

A partir du moment où une vidéo montre que Galliano a pu insulter une fois en étant saoul, on doit croire ceux qui, sans rien savoir de cette vidéo, racontent que Galliano les a insultés. La probabilité est très très forte pour que ce soit vrai.

Mais, en tout état de cause, nous entraîner ou nous chamailler sur vraie ou fausse accusation n’est d’aucun intérêt philosophique. Nous ne sommes pas flics alors restons à philosopher.

Discutons plutôt sur : Est-ce que des injures sont traumatisantes ? Si elles le sont pourquoi et si oui combien vaut de traumatisme ? Les injures proférées par une personne ivre, très visiblement ivre, sont-elles à considérer avec rigueur ? Que devons-nous faire de l’alcool (et des autres produits qui réduisent notre nomos) ? Voilà le genre de questions qu’il est utile de débattre ici.

Car si personnellement je n’aurais eu aucune réaction face à un type ivre m’insultant, je serais nettement plus énervé face à un conducteur ivre.

Sans aucun doute, que ce soit pour finir ivre devant un comptoir ou ivre derrière un volant, dans les deux cas, la démarche du saoulard est la même, il n’y en a pas. Même avant d’être ivre, celui qui va l’être, qui se prépare à l’être, qui fait tout pour l’être, est déjà hors raison, il est déjà tout à sa douleur. Il est déjà épave de son destin avec de l’être de l’alcool.

Je dirais qu’il ne faut pas chercher à idéaliser une législation qui de toute manière ne jouera qu’après l’incident ou l’accident. Il y aura toujours des gens qui chercheront et trouveront un moyen de se soustraire un moment de la dure réalité de la vie. Dans les cas chanceux, ça fera un ivrogne proférant des insultes dans la rue. Dans les cas malchanceux, ça fera 6 morts sur une route.

Il y a une autre question dont on pourrait débattre. Est-ce que ce qu’on dit ivre reflète notre pensée secrète ?
 En ce qui me concerne, n’ayant jamais été ivre, je ne sais pas ce qu’il en est vraiment. Mais j’ai un ami, pauvre prof de piano, vivant seul avec son chat, originaire de Téhéran de l’époque d’avant la Révolution islamiste. Il aime boire. Il est toujours doux et courtois. Mais j’entends bien à travers ce qu’il dit, qu’il méprise les ayatolahs. Il ressent du mépris (moi je ne connais pas ce sentiment) au minimum pour les barbus. Mais aussi pour les gens de petite culture, pour ceux qui ne comprennent pas la musique classique, qui ne comprennent pas Gould, Bach, Nietzsche. Et bien quand il est saoul, ce sentiment de mépris devient majuscule, accapare toute la place et règne en maître. Ivre, il n’exprime plus que du mépris. 
Envers les mêmes cibles qu’à jeûn ? 
Non. Quand il est ivre, il méprise absolument tout et tout le monde. Ivre, il ne respecte plus rien ni personne. 


Galliano serait donc accessible au mépris et sous alcool, il mépriserait n’importe qui, n’importe quoi, à commencer par lui-même. 


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