Infâme et inepte personnage Maurizio Matteuzi, le journaliste du quotidien communiste Il Manifesto ? Vous allez faire de la peine au taulier, Morice.
Je laisse aux lecteurs de juger de l’infamie et de l’ineptie de Maurizio Matteuzi.
Lui au moins il est sur le terrain, pas comme vous en train de recycler depuis Roubaix.
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Libye : Les fantômes de la frontière.
Frontière
entre la Tunisie et la Libye. C’est ici que l’ONU et l’Unhcr, son
agence pour les réfugiés, ont lancé une alarme sur une crise humanitaire
en cours, un des « effets collatéraux » du fracas qui est en train de
mettre la Libye en pièces (et qui pourrait être une des causes, ou des
prétextes, pour une prochaine intervention militaire internationale).
Mercredi
l’Unhcr avait donné des chiffres et situations épouvantables. Files de
80.000 personnes en attente, du côté libyen de la frontière et 120 mille
entassées du côté tunisien sans s’avoir qu’en faire. Conditions
hygiéniques et sanitaires horribles (en rangs, de nuit, dans le gel pour
ne pas perdre sa place, un enfant mort de froid) et humaines
effrayantes (mauvais traitements, vols, vexations de toutes sortes).
Selon
certains 200 mille réfugiés étrangers sont passés à ce poste frontière,
à l’extrémité occidentale de la Libye depuis que la révolte a éclaté le
17 février ; l’ONU redimensionne le chiffre partiellement à un peu plus
de 90 mille depuis le 20 février, mais pas son côté dramatique, plus de
7.500 réfugiés rien que mercredi.
Hier,
quand notre convoi de voitures de Tripoli arrive à Ras Jadir, vers 4
heures de l’après-midi, on s’attend à se trouver face à des scènes
dantesques semblables à celles qu’on voit à l’aéroport de la capitale,
où depuis deux semaines bivouaquent des milliers de personnes dans des
conditions terribles. Mais le poste frontière, du côté libyen, est
pratiquement désert et il y a presque plus de journalistes étrangers
- une centaine- que de gens qui sont en tain de passer. En
général ce sont des gens du Bengladesh, des Vietnamiens, des Africains
noirs de diverses nationalités. Quelques uns osent le signe de la
victoire mais on voit qu’ils ont peur. La plupart sont chargés de
valises mais certains n’ont quasiment rien avec eux. Et nous racontent ce que nous nous attendons à entendre : dans leur calvaire pour arriver jusque là on leur volé
tout ce qu’on pouvait leur prendre, argent, portables.., souvent leur
salaire de six-sept mois de travail évanoui en une nuit. Mais ça n’a pas
d’importance, l’important est d’être là, à quelques dizaines de mètres
de la guérite où flotte le drapeau tunisien et la libération de ce
cauchemar. Fuir la guerre qu’il y a eu et qu’il y aura peut-être encore, et qui sera même pire.
Mais
où sont ces « 80.000 ». Ou, en tous cas, les dizaines de milliers qui,
jusqu’à hier, étaient en rangs pour passer ? Les collègues qui suivent
la crise du côté tunisien de la frontière nous disent au téléphone que
là-bas les réfugiés entrés par Ras Jadir sont effectivement entassés par
dizaines de milliers, que la situation humanitaire est dramatique,
qu’on est en train d’organiser des ponts aériens et navals.
Mais
reste la question : où sont les pauvres gens qui étaient ici jusqu’à
hier ? La raison pour laquelle nos anges gardiens libyens nous ont amené
jusqu’ici est très claire : montrer qu’il n’y a pas de crise
humanitaire, que ceux qui veulent partir peuvent le faire sans problème
excessif, que dans ce cas-là aussi la Libye -la Libye de Kadhafi- est victime d’une campagne de désinformation systématique.
On
ne sait pas comment ils ont fait mais à présent ces Bangladeshi, ces
Vietnamiens, ces sub-sahariens sont passés et ils sont sans doute
maintenant en Tunisie.
Nous
reprenons, nous, la route de Tripoli, qui est à 170 kms. Mais la nuit
tombe rapidement et, à travers les dizaines de postes des
gouvernementaux, quand nous arrivons à Az Zaywah, à une cinquantaine de
Kms de la capitale, le conducteur se trompe de route et il est arrêté
par un check-point de rebelles, qui contrôlent le centre. Celui qui
court le plus de risques, bien sûr, est notre guide libyen mais le mot
magique -« presse étrangère »- et l’obscurité font des miracles, et nous
passons. Nous voulions nous arrêter à Mellita, où se trouvent les
implantations les plus importantes de l’Eni en Libye. Mais l’obscurité
et le danger le déconseillent. On continue.
Az
Zaywah est en quelque sorte le symbole de cette guerre civile parfois
rampante parfois ouverte. Nous nous y étions arrêtés le matin, en venant
de Tripoli. On voulait nous montrer la plus
grande raffinerie du pays, en capacité de raffiner 120 mille barils par
jour (qui tourne à présent à 75% de sa capacité). Dans la rade, en face,
trois ou quatre pétroliers sont en attente. Les rebelles avaient
informé, et les media rapporté, ces jours derniers, que la raffinerie
était entre leurs mains. Et par contre non. Les anti-Kadhafi, qui
contrôlent effectivement le centre de la ville, ne sont qu’à quelques
centaines de mètres de là, avec un coup de canon ils pourraient
facilement viser la raffinerie. « Mais ils ne le feront pas », dit le
directeur, parce que « le pétrole est à tous les Libyens ». En effet,
paradoxe apparent, la raffinerie sert à la fois la principale centrale
électrique de Tripoli, aux mains des gouvernementaux, et celle de Az
Zaywah, aux mains des rebelles. Situation dans l’impasse, peut-être avec
des négociations clandestines. Mais qui pourrait sauter d’un moment à
l’autre.
Edition de vendredi 4 mars 2011 de il manifesto
http://abbonati.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/04-Marzo-2011/art32.php3