Je suis ravi que vous ayez soulevé ce point car il me semble
qu’il peut illustrer la force du principe de l’accord.
Ce dernier, en effet, peut se formuler comme l’idée que,
dans la rencontre amoureuse, les partenaires se rencontrent là où ils sont en
accord et, par conséquent, ils ne s’attendent pas là où il n’y a pas eu d’accord.
Dans ce contexte, l’éventualité probable d’une divergence entre
les partenaires quant à la définition de l’amour (vu qu’il n’existe pas de
consensus ou de savoir normatif sur la question de savoir ce qu’est l’amour) n’apparaît
pas problématique.
D’abord pour la bonne raison qu’elle a très peu de chance d’être
aperçue. A part des amants philosophes, qui se piqueraient de venir chercher l’accord
avec son partenaire sur cette question ? Qui en a besoin ? Personne !
Ensuite, parce que l’accord sur la présence donc le vrai, le respect, la liberté, la paix constitue la
seule représentation partagée de l’amour dont les amants aient besoin. S’accorder
sur ces principes, c’est créer les conditions de possibilité d’une flamme dont
la chimie nous échappe mais dont la seule chose qui compte est qu’elle brûle.
Vous pourriez me dire que les principes en question
constituent les éléments d’une théorie « en acte » de l’amour et je
serais tout à fait d’accord. Il me semble que c’est ce genre de théorie dont
nous avons besoin. Une théorie qui inclut la pratique.
Maintenant, mon goût pour la théorie pure étant ce qu’il
est, je trouve passionnante la visée de définir l’amour. Je me suis déjà attelé
à la chose. Mais comme vous le comprenez sans doute très bien, dans la question
« qu’est-ce que l’amour ? », le mot le plus important, le plus
difficile à cerner aussi, n’est pas amour,
mais être. L’ampleur de la question
fait que cette série n’était pas le lieu adéquat pour la développer.