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Commentaire de sisyphe

sur Supprimons l'élection du Président de la République au suffrage universel


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sisyphe sisyphe 13 juin 2011 13:47

Ici aussi : 


Mais que reprocher, au juste, à cette élection phare ?

 Nous lui ferons, ici, deux reproches principaux.

Le premier c’est, paradoxalement, son archaïsme.
 En effet, cette élection donne une parure démocratique et faussement moderne à une réminiscence monarchique profondément rétrograde : celle d’un homme seul et providentiel, investi d’un pouvoir exorbitant, en dehors de tout principe de responsabilité et de contrôle.
 En conséquence, le peuple est convoqué périodiquement à une formidable bataille d’égos qui prend l’apparence d’une campagne mais n’est, dans les faits, que l’occasion d’une dramatisation de thèmes de racoleurs, d’un florilège de promesses pathétiques ou dangereuses et d’une hystérisation du débat démocratique par une personnalisation caricaturale et infantilisante des enjeux.

 Cette élection directe, soi-disant au dessus des partis, mais dans les faits bien encadrée par eux, est aussi en filigrane une critique permanente de la démocratie représentative. Dans l’illusion d’un rapport immédiat entre un chef et son peuple, il y a toujours l’expression discrète d’une défiance face à cet intermédiaire qu’est le Parlement.
Les autres pays européens l’ont bien compris, qui, tous, ont choisi de faire des législatives leur rendez vous électoral fondamental. Intrinsèquement, ces élections collectives sont le lieu légitime d’une discussion « programme contre programme », permettant bien évidemment de faire des choix plus éclairés que quand l’essentiel d’une campagne a consisté a savoir qui était « usé » ou qui était « naïf ». Enfin précision importante, ces élections collectives n’empêchent pas des destins individuels de s’accomplir, puisqu’il en sort aussi un chef de l’exécutif, le Premier ministre, chef de la majorité, et responsable devant le Parlement

Le second reproche, c’est la dilution du principe de responsabilité.
 Les institutions, il est vrai, ne sont pas absolument rigides et c’est l’apparition du phénomène de cohabitation qui a révélé à quel point la Présidence de la république est protéiforme. Dans les phases de cohabitation, le Premier ministre, a la légitimité la plus forte et gouverne, mais le Président conserve son pouvoir de nuisance, induisant une tension permanente au sommet de l’Etat, propice pour chaque tête de l’exécutif à se défausser sur l’autre dans l’échec ou à revendiquer l’exclusivité des succès, habituant l’électorat à une vision cynique du pouvoir.

 Quand majorité parlementaire et présidentielle concordent, le premier ministre est au mieux un aide de camp malléable, et au pire, et bien souvent, un dauphin dangereux.
Il y a donc bien concurrence, et non pas équilibre des pouvoirs au sommet de l’Etat, là où tout devrait concourir à la clarté et l’efficacité dans l’exercice des responsabilités.

 Au lieu de cela, la confusion règne et se diffuse, ébranlant toujours plus les électeurs dans leur confiance accordée à leurs dirigeants.
 La encore, il parait simple de ne vouloir qu’un seul chef de l’exécutif.
 Pour les raisons évoquées plus haut, la simplicité et l’efficacité plaident en faveur d’un seul chef de l’exécutif. Parce qu’il dirige le Gouvernement au quotidien, parce qu’il doit rendre compte de sa politique devant le Parlement, ce chef doit être le Premier ministre.

Revenir sur l’élection du président de la République au Suffrage universel direct, et donc lui retirer l’essentiel de ses pouvoirs, c’est donc aller dans le sens d’une réorganisation des pouvoir publics autour du principe de responsabilité, c’est refuser les chimères des hommes providentiels, c’est enfin se rapprocher des standards européens, tant il est vrai que l’on est pas obligé d’être indéfiniment persuadé d’avoir raison contre tous nos voisins. 

C’est donc un acte de revivification démocratique.
 Cette mesure institutionnelle n’aurait bien sûr pas de sens prise isolément. Elle va de pair avec une vague de propositions, qui vont de la revalorisation du rôle du parlement à l’instauration d’un mandat unique, en passant par toute une série de modalités.



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