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Commentaire de Jean J. MOUROT

sur La Longue Marche des Harkis contre le cynisme de Nicolas Sarkozy et les crimes de la Ve République blanciste


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Jean J. MOUROT Jean J. MOUROT 14 juillet 2011 13:52
J’ai l’impression que Serpico n’a connu ni les années 40, ni les années 50. Qu’il mythifie l’histoire de la jeune république algérienne, fantasmée plutôt que connue, depuis la France honnie où il passe lui aussi « à la caisse », pour reprendre une de ses formules. Mais peut-être que je me trompe. C’est l’inconvénient d’intervenir à l’abri de l’anonymat.

« 15 départements et non 3. Voila pour l’Algérie française dont vous n’avez aucune idée. »
A la grande époque de l’Algérie française, l’Algérie était composée des 3 départements d’Oran, d’Alger et de Constantine. En 1955 s’y est ajouté celui de Bône. C’est en 1957 qu’on a revu le découpage avec 14 départements auxquels s’ajoutèrent en 1958, trois nouveaux départements (Aumale, Bougie, Saïda) les 2 premiers étant supprimés en 1959. Les autres départements persistèrent jusqu’à l’indépendance de l’Algérie en 1962. Les divisions territoriales qu’ils représentaient furent en revanche conservées jusqu’en 1974, prenant le nom de willayas à partir de 1968.

La présence française y fut coloniale, aux bons et mauvais sens du terme : des colons ont mis en valeur des terres incultes ou mal exploitées ; la majorité des « indigènes » a été maintenue dans la situation misérable antérieure, du temps de la régence turque, et soumise à la domination des « petits blancs » autant que des grands colons (genre Borgeaud). Mais un certain nombre d’Algériens de souche a bénéficié de la présence française et presque tous ont bénéficié de certaines infrastructures (routes, chemin de fer...) Au point qu’aujourd’hui, des Algériens d’Algérie ont la nostalgie d’une Algérie française qu’ils n’ont pas connue, tant la gestion actuelle du gouvernement de l’Algérie indépendante est désastreuse pour le petit peuple.

Quoi qu’il en soit, les Européens d’origine étaient plus dans la situation des légionnaires romains sédentarisés dans les conquêtes de Rome que dans celle des nazis occupant la France de 40 à44.

« Vous êtes sérieux ? vos neurones fonctionnent bien ? sont-ils en nombre suffisant ? »

Quel mépris pour l’interlocuteur ! Heureusement que la superbe intelligence et la grande culture de Serpico lui permettent de rétablir la vérité !


« La France officielle était l’ennemie des algériens. Les harkis ont pris les armes contre les algériens : ce sont des collabos, point barre. »

La France officielle n’était pas ennemie des Algériens, même si elle ne les a pas toujours traités aussi bien qu’il aurait fallu. Elle combattait le FLN qui lui même a conquis l’agrément des Algériens autant par la terreur que par la persuasion ! Le FLN ne coupait pas le nez aux collabos, mais à de pauvres types qui avaient eu le tort de ne pas obéir à la consigne de boycott du tabac qu’il avait lancé. A Mélouza, l’ALN a assassiné tout un village qui voyait l’Algérie nouvelle par les yeux de Messali Hadj plutôt que par ceux des chefs FLN (qui ont fini d’ailleurs par s’assassiner entre eux, en voyant des traitres partout !).

D’ailleurs, on met sous le terme « harki » des réalités bien différentes : il y avait les vrais harkis, ceux des harkas, venus là pour échapper à la misère, aux menaces du FLN ou par esprit d’aventure ; les soldats incorporés plus ou moins contre leur gré dans l’armée française régulière et qui n’avaient pas pu ou pas voulu déserter ; et d’autres supplétifs plus ou moins impliqués dans les combats, comme les moghaznis des SAS ou les GMR. J’ai eu, dans l’effectif de l’élément de protection et de surveillance du village de regroupement proche de la frontière marocaine où j’ai été affecté comme sous-lieutenant du Contingent, une dizaine de chômeurs devenus « goumiers » aux côtés de soldats africains de couleur de nos anciennes colonies. Ils n’ont jamais fait de mal à personne et n’avaient rien de « collabos ». Et je ne parle pas de ceux à qui ont donnait le soir un vieux fusil Lebel de la guerre de 14 pour assurer l’« autodéfense » à l’autre bout du village ; ils s’enfermaient dans le silo à grain vide qui leur servait de fortin et attendaient que la nuit passe avant de rendre leurs armes et de retourner à leurs occupations. Que sont-ils devenus après l’indépendance ? Le village, lui, imposé par l’Armée française, est devenu « village socialiste » sous Boumedienne avant de voir sa population décupler. Mais on y manque encore d’eau courante, les rues ne sont ni goudronnée ni éclairée et l’activité principale de la population est la contrebande d’essence ou de bétail avec le Maroc... 

« En outre, vous osez parler de génocide commis par le FLN comme si toute l’occupation coloniale française avait consisté à distribuer des fleurs aux algériens. »

Les crimes de certains éléments de l’armée française ne justifient pas ceux du FLN. Celui-ci mettait en pratique la devise : « qui n’est pas avec moi est contre moi. » Et les couilles coupées au soldats morts dans une embuscade pour les leur mettre dans la bouche valaient bien la gégène et les « rebelles abattus en tentant de s’enfuir ».



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