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Commentaire de Bovinus

sur La crise... la crise... la crise !


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Bovinus Bovinus 3 septembre 2011 21:27

lechoux :
J’interprète « l’obsolescence programmée » dans le fait de renouveller un produit rapidement afin de le remplacer par un produit mieux conçu avec les nouvelles techniques et technologies.

Pas exactement, non. C’est une pratique qui consiste à commercialiser des produits qu’on « sabote » dès leur fabrication, afin que ceux-ci tombent en panne au bout d’un certain temps, pour obliger le bien-nommé « consommateur » à les remplacer. L’exemple typique est l’imprimante grand public. Celle-ci tombe en panne au bout de X copies, de préférence sitôt la période de garantie écoulée, du fait d’une puce qu’on y place à cet effet. Quand on ramène l’imprimante chez un réparateur, celui-ci dit qu’il est moins cher de racheter une imprimante neuve plutôt que de réparer l’ancienne. Alors qu’il suffirait simplement d’enlever la puce. Le but étant simplement de faire de sorte que le « consommateur » achète une nouvelle imprimante qu’il n’achèterait certainement pas si l’ancienne n’était pas sabotée pour l’aider à sortir sa CB. L’argument des soi-disant améliorations ne vaut rien, c’est bien pour cela qu’on recourt au sabotage.

Pour ce qui est du communisme, mon but était simplement de démontrer que ce genre de régime continuera d’apparaître aussi longtemps qu’il y aura des gens privés de tout, tandis que d’autres, immensément minoritaires, se gaveront sur leur dos. L’expérience communiste de la Russie a mal tourné, et au lieu d’un véritable régime démocratique - communiste, l’État s’est transformé en une franche dictature (sous Staline), puis a évolué vers une sorte d’oligarchie bureaucratique et paternaliste. Mais cette évolution n’est pas systématique (le communisme cubain se porte très bien, par exemple).

Cependant, même dans le cas russe, il convient de faire la part des choses, entre ce qu’on peut attribuer aux imperfections de l’idéologie marxiste réinterprétées par Lénine et Staline, aux nécessités du moment, et aux menaces extérieures. L’évolution dictatoriale était quasiment inévitable, du fait des défis que le pays devait relever sous peine de disparition pure et simple. Non, la deuxième guerre mondiale n’a pas été gagnée le 6 juin 1944 par les USA, elle a été gagnée par l’URSS le 2 février 1943, au prix de sacrifices effroyables et de deux dizaines de millions de morts, civils et militaires. Cela n’aurait jamais été possible si la dictature stalinienne n’avait pas procédé à l’industrialisation à marche forcée et à l’établissement d’un pouvoir centralisé et vertical dans la décennie précédant la 2e guerre mondiale. Notez par ailleurs que le communisme n’a pas le monopole du totalitarisme, je pense bien sûr à son antithèse nazie, mais aussi à ce qui se passe en ce moment même dans la « plus vieille démocratie du monde », celle-ci n’étant en réalité plus qu’un empire militariste en pleine décadence.

Si l’on schématise les idées de Marx, le communisme est avant tout un certain mode de gestion économique et de gestion de la propriété, qui n’est objectivement pas moins efficace que le mode de gestion capitaliste que nous connaissons, et qu’il ne faut pas confondre avec l’organisation politique du pouvoir. Rien n’empêche un libéralisme économique total de cohabiter avec la dictature (le Chili de Pinochet), ou une oligarchie élitiste (les USA aujourd’hui). Au cours des années 1917-1921, la Russie soviétique a été une démocratie directe authentique. Si l’amiral Kolchak a échoué à établir un État alternatif avec un régime différent, c’est bien parce que la majorité du peuple avait choisi la cause communiste et non la sienne. Malgré l’extraordinaire valeur de ses soldats et de ses officiers, Kolchak s’est assez vite retrouvé seul contre le pays entier, même les villes qu’il avait libérées des rouges se sont vite retournées contre lui. Mais déjà, l’écrasement des marins de Cronstadt en 1921 sonnait le glas des rêves de liberté des masses émancipées et l’avènement de la dictature du Parti unique. Encore une fois, cela aurait pu ne point se produire, une l’organisation politique est indépendante de l’organisation économique. La Chine communiste et à la fois capitaliste d’aujourd’hui est là pour le démontrer.

Enfin, sur le plan des valeurs, et ce n’est que mon opinion personnelle, je préfère nettement les valeurs de partage, de solidarité et de paix du communisme aux valeurs dites « libérales », qui se résument en fait à légaliser le vol, le pillage et l’exploitation de tous par quelques-uns. La France avait réussi, grosso-modo entre 1946 et 1973, une merveilleuse synthèse entre socialisme et libéralisme, jusqu’à ce que les puissances de l’argent et de la cupidité ne finissent par corrompre ce système, commencé sitôt le monarque de Gaulle parti. C’est fort dommage.


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