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Commentaire de Un enseignant trentenaire

sur Les nouveaux rapports parents-enseignants


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Un ex-enseignant trentenaire Un enseignant trentenaire 15 octobre 2005 10:55

Monsieur Santos a dit :

Finalement le professeur a un rôle d’évaluation du travail de l’élève, et non pas le contraire.

Je ne peux être qu’on ne peut plus d’accord.

Monsieur Santos a dit aussi :

....bien qu’il soit déjà arrivé qu’un professeur demande une appréciation informelle sur le cours.

C’est excessivement dangereux comme pratique... en ce qui me concerne, si un jours j’étais tenté de le faire, je ne l’appliquerais que dans une classe longtemps évaluée à l’avance pour son bon esprit, son sérieux et sa maturité.

Qu’attendez vous par là s’il vous plait Monsieur Santos :

Par contre les élèves ont besoin de recevoir une formation, et il doit être possible pour eux de réagir si cette formation ne leur est pas donnée.

la constatation par différentes classes d’un professeur de manquements graves et répétés dans son travail.

Quels seraient vos critères ?

Il y a une différence entre constater une anomalie et dire à la personne considérée comme responsable comme la résoudre. J’entends par là qu’il m’arrive de voir arriver des parents qui commencent par me dire comment je dois « m’y prendre » avec leur enfant pour que cela marche. Le problème étant qu’il me donnent une ou des solutions applicables sans doute en milieu familial mais rarement possibles au sein d’une classe de 30 élèves en espace clos. Les parents parlent en tant que parents, avec tout l’affectif chargé dans le fait que c’est leur enfant. Pour nous ce sont des enfants et des élèves, le rapport affectif doit être bien moindre voir inexistant individuellement. Sous peine de tomber dans le favoritisme ou au contraire l’acharnement. J’ai déjà vu quelques collègues s’impliquer beaucoup trop affectivement avec des résultats désastreux sur les nerfs des malheureux. D’ailleurs, par deux fois récemment, des parents inquiets sont venus me voir avec, je le sentais, l’impression que leur enfant était devenu ma « bête noire ».

Il est évident qu’il existe de mauvais enseignants, mais comme souvent, le petit groupe des « défaillants », occulte la grande masse de ceux qui essaient de bien faire leur travail. De plus il faudrait définir ce qu’est un « mauvais enseignant ». Enfin, faute de formation adéquat(on peut parfaitement avoir son CAPES et débarquer devant une classe sans jamais en avoir vu aucune avant, ce qui est hallucinant ), un directeur m’a dit un jour pour me rassurer : « Vous ne commencerez à devenir un bon prof qu’au bout de 10 ans environ. C’est seulement là que vous commencerez à maîtriser votre matière. D’ici là vos élèves essuierons vos plâtres ». Ce n’est pas une justification juste un fait.

...les professeurs doivent être considérés comme capables de repérer des anomalies comportementales de leurs élèves, et servir de premier filet de sauvegarde pour des enfants à problème ou en danger.

Premièrement nous n’avons aucune formation dans ce sens, en second il est extrêmement délicat de naviguer dans le domaine de la psyché d’un enfant et de ses rapports familiaux. Troisièmement, quand il y en a une, c’est davantage du ressort de l’infirmière qui a parfois une formation de base en pédopsychologie. Enfin, légalement, un enseignant ne peut pas faire grand chose. Nous travaillons « sans filet ». Tout ce que nous pouvons faire c’est signaler lors d’un conseil de classe tel ou tel comportement ou tel ou tel intuition. Ce que nous faisons.

Pour répondre à Un grand-parent :

l’ennuyeux enseignement de tous ces professeurs titulaires des diplômes adéquats, mais sans vraie motivation, ni investissement citoyen,

Ennuyeux, probablement, néanmoins je souhaiterai apporter une nuance : mon père, qui a été formé dans ce genre de cadre, en sait bien plus, par exemple, sur son programme scolaire de l’époque en Histoire, encore aujourd’hui, que moi sur le mien maintenant. Quand à l’investissement citoyen, il me semble qu’à l’époque, l’enseignant était un des citoyens de référence de la communauté, justement, avec le maire, le prêtre, le notaire, le médecin. On le consultait. Ce n’est pas un regret juste un fait.

Un garagiste a autant de responsabilité que vous mais plus de travail. On aura pour lui, donc, plus de respect.

En ce qui me concerne, Monsieur ou Madame ( je ne sais pas... ) je me garderai bien d’un tel jugement sur les professions d’autrui. Chaque profession a ses exigences, ses pénibilités. Se baser uniquement sur la quantité hoaraire me paraît on ne peut plus réducteur. Une quantité horaire souvent critiquée pour les enseignants sans tenir compte des heures passées en correction de copies, en conseils de classe, en concertation avec des collègues, en sorties scolaires dépassant les horaires habituels du collège, en accueil des parents lors de rendez-vous, de journées portes-ouvertes, etc.... Je vous encourage à corriger jusqu’a 125 copies de 6ème d’un coup ( j’ai eu l’année dernière 4 classes de 6ème, à chaque devoir c’était la même chose )avec 125 fois les mêmes erreurs, des écritures illisibles, une orthographe qui me fait frémir ( et pourtant je ne suis guère doué en la matière je le reconnais )... Il est possible qu’après, votre point de vue change. J’essais autant que possible de considérer avec respect toues les professions, la mienne n’est pas plus honorable qu’une autre, quoique, certaine le sont sûrement plus ( professions de santé par exemple... ). Néanmoins je souhaite qe la mienne soit traitée avec le même respect.

Enfin concernant le laetmotiv des vacances... Je ne dirais qu’une chose : Tous les élèves et parents d’élèves aussi en profitent, je pense, certains parents rognent même ( en toute illégalité ) sur les derniers jours de classe pour partir plus tôt, il semble donc que la société y trouve son compte en majorité non ? Je pourrai développer ce point avec d’autres arguments si vous le souhaitez...

Si le métier d’enseignant est si agréable et facile, comment se fait-il que, attirés par un tel Eden professionnel, les candidats aux postes ne soient pas plus nombreux ? Et comment se fait-il que sur 100% de nouveaux jeunes titulaires, entre 30 et 50% quitteront définivement cette carrière dans leur 7 premières années...

Merci à Monsieur Santos pour son soutient nuancé.


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