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Commentaire de Bovinus

sur Petit lexique de contre-propagande


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Bovinus Bovinus 6 octobre 2011 11:35

Non, ce qui est flagrant c’est que votre compréhension du monde est proche de celle qu’affichaient les idéologues soviétique. Jusques et y compris dans la tentative d ’établir un parallélisme entre le monde occidental libéral et le soviétisme.

J’avais compris, mais vous vous trompez ; en réalité, avant que je ne commence à m’intéresser aux sciences politiques, je pensais que le socialisme était préférable. Celui qui établit ce parallélisme entre le capitalisme et le socialisme que vous ne comprenez pas, ce n’est pas moi, c’est Georges Bernanos (un penseur français bien de « droite » qui place la liberté au-dessus de tout).

En pratique toutes ces questions sont tranchées depuis longtemps par le « peuple » suivant deux critères démocratiques absolument incontestables : l’espérance de vie et les migrations et deux critères de réalité.

Les pays occidentaux libéraux ont les meilleures espérances de vie, ce qui signifie que les pauvres y vivent mieux. Les pays libéraux font des murs pour empêcher les pauvres d’entrer chez eux, les pays socialistes ont toujours plus ou moins finit par construire des murs pour les empêcher de sortir.

Argument fallacieux ; pour l’espérance de vie et la prospérité, cela provient de la quantité d’énergie disponible, et si on compare les consommations par tête en Europe et aux États-Unis avec celle de l’URSS (pondérée par un certain facteur en raison du climat). Vu que le camp « occidental » dépasse largement le camp socialiste en consommation de ressources, il devient même assez clair que le système soviétique était plus efficace : non seulement il est arrivé à tenir la comparaison, mais de plus, le faisait dans des conditions beaucoup plus rudes, et sans les ressources que j’avais déjà citées (billets de Monopoly imprimés à tour de bras par la FED et déversés sur le monde entier en échange de choses beaucoup plus utiles, comme par exemple du pétrole, des biens de consommation, des ressources, du capital industriel, etc.)

Pour ce qui est des migrations, maintenant que les frontières sont « ouvertes », est-ce que vous voyez une les Russes fuir leur pays ? Cela aurait dû immanquablement se produire dans les années 1990, qui étaient bien pires que ce qu’avait pu proposer le régime soviétique. C’est donc que le facteur déterminant n’est pas de nature économique, il y a autre chose qui est plus fort et qui fait qu’ils sont restés chez eux : cela s’appelle le patriotisme.

On ne sait pas si le but des deux système est bien la production de masse, mais si c’est le cas, l’un a réussi l’autre pas.

Les deux ont « réussi » dans une certaine mesure, mais les deux échouent sur le long terme en raison de leur essence matérialiste. On a vu la fin de l’URSS, mais la fin du libéralisme occidental risque de dépasser tout ce que nous pouvons imaginer, et c’est ce qui en train de se mettre en place. L’ardoise est colossale, et les créanciers sont puissants (Chine, monde Arabe, Japon, Allemagne, entre autres). Ces gens-là n’ont aucune raison de nous faire des cadeaux (par exemple, énergétiques). On a beau avoir beaucoup de canons, on ne peut pas contrôler, ni menacer le monde entier.

De toute façon, si l’on veut être objectif, il devient clair assez vite que le socialisme soviétique n’a jamais été un véritable socialisme comme le préconisait Marx, pas plus que le capitalisme libéral n’a vraiment été libéral (et maintenant, il l’est moins que jamais, on est plutôt dans un système néo-féodal là). Je ne vais pas vous faire un cours d’éco, d’histoire et de pensée politique, mais les faits seuls le confirment : on vit dans un système de trusts (surtout aux États-Unis), la France, pendant les 30 glorieuses, fut une économie mixte (à la fois de marché et à la fois planifiée), en Scandinavie, on a plutôt affaire à un système socialiste « réussi », etc.

Les destructions de la guerre n’expliquent pas grand chose, et notamment pas pourquoi l’Allemagne qui a eu des pertes et destructions beaucoup plus importantes s’est redressée beaucoup plus vite sans avoir toutes les richesses naturelles de la Russie.

Vous plaisantez ou quoi ? Comptez les millions de morts, comparez les tailles du pays, rajoutez un plan Marshall là-dessus pour l’Allemagne et que pouic pour l’URSS, et voilà votre explication. N’oubliez pas non plus de compter les victimes de la violente guerre civile entre les Blancs et les Rouges suite à la révolution (alimentée d’ailleurs par l’Occident), les dégâts du stalinisme, les effets de la collectivisation des terres, et on arrive à quelque chose comme 50 millions de morts du côté russe au cours du 20e siècle, dont une quinzaine seulement peuvent être attribués directement à Staline (ce qui est déjà énorme).

C’est un argument digne des partis fascisants, il ne vous reste plus qu’à rajouter un peu de racialisme là-dessus et vous ressemblerez au parfait militant d’extrême droite.

La réalité, elle est toute simple, camarade : la Russie est en guerre depuis deux siècles quasiment sans interruption, et a dû de plus faire un effort surhumain au début du XXe siècle pour rattraper son retard sur la technique occidentale ; pour un pays aussi énorme, passer d’un système agricole-rural à un système industriel aussi vite ne peut se faire sans dégâts.

Avant que vous ne me dégainiez l’argument massue « conspirationniste », je vous invite à lire Mackinder (vous ne connaissez pas, mais c’est un géographe anglais très connu des géopoliticiens ; sa thèse, largement mise en pratique par la Grande-Bretagne puis les États-Unis préconise d’empêcher le développement de l’Eurasie par tous les moyens), Mein Kampf (où il est clairement indiqué que l’Allemagne devait chercher à conquérir un Lebensraum à l’est), ou encore les néo-conservateurs américains (par exemple, Brzezinski et son « Grand Échiquier »). Ou encore, Chauprade (par exemple, Géopolitique : constantes et changements dans l’histoire). Ou, pourquoi pas, Hervé Juvin (par exemple : Le renversement du monde). Mais arrêtez, par pitié, de me sortir des arguments piochés dans le Monde ou chez TF1.

Tout cela n’a rien à voir avec l’idéologie, le communisme ou le libéralisme. Cela a tout à voir avec la realpolitik pure et simple et la compétition pour les ressources.


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