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Commentaire de aquad69

sur Déclin de la pensée occidentale


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aquad69 (---.---.100.34) 15 janvier 2007 14:43

Bonjour Aspiral,

Il ne suffira pas pour mettre de l’ordre que chaque groupe constitué se limite dans ses activités. Il manquera toujours un tissus de gens ayant une autorité reconnue - autorité par opposition à pouvoir, et réellement reconnue par les populations, parceque s’appuyant sur une exemplarité et une valeur humaine forçant le respect- qui puissent arbitrer les conflits et s’opposer au pouvoir des puissants.

Le problème est bcp plus vaste : la source de la vie sociale dans la cité et de ses équilibres a toujours été issue du bas, de la communauté humaine, et non de l’Etat, de ses « pauvres élites » et non de son tyran. A l’époque féodale le seigneur pouvait exiger des corvées et faire valoir ses droits, mais il n’avait pas le pouvoir de s’immiscer dans la vie du bourg, de sa Mesnie, et de régir cette vie : la communauté était alors autonome.

Toute différente est la situation d’aujourd’hui où l’Etat - sous toutes ses formes, le « système » et non le gouvernement- s’immisce en permanence, sous forme de lois et de contrôles omniprésents, dans la vie des gens, et même dans notre imaginaire puiqu’il est presque devenu normal aujourd’hui d’être plus citoyen qu’être humain.

Mais où donc est passé ce « lien social » entre les gens qui est la base et la chair même d’une société humaine ? Jean-Claude Kaufmann -le sociologue- donne un début de réponse dans sa « théorie de l’identité » : le lien a été capté par l’Etat à sa création ; et personnellement, je parlerais même plutôt de confiscation...

C’est ce lien qui est l’aune et la mesure de toute société, et qui la rend possible. Et son absence dans nos pays modernes est bien le signe premier qu’il n’y a plus là de société humaine ; seulement un Etat, cad une "machine à vivre", pour pasticher la description des HLM comme des « machines à habiter ».

C’est le rétablissement de ce lien qui serait, par la nature même des choses, la première étape nécessaire à la revitalisation d’une société digne de ce nom dans nos pays. Mais cela semble bien impossible, et pour deux raisons :

D’abord, il faut prendre conscience qu’un tel projet serait la chose la plus subversive qui soit vis à vis de l’Etat : une société humaine, unie, autonome et épanouie signifierait sa dissolution en tant que pouvoir et le transformerait en outil. Aucune entité n’accepterait cela de son plein gré.

Et puis le point de vue occidental moderne a perdu la plus grande partie de ses caractères humains ; je m’explique : à force de vivre et d’être éduqués dans un monde régi par les processus techniques, nous avons fini par chercher exclusivement toute explication dans ces techniques, et à nous imaginer que tout, même la vie, est de la nature d’un processus technique.

Demandez aux gens, ils vous parlerons toujours de« construire » une nouvelle société, comme s’il s’agissait d’une maison ou d’un pont ; mais il ne leur vient pas à l’esprit qu’une société, chose vivante s’il en fut, devrait se faire « pousser », et que l’on devrait la cultiver ; et toutes les mesures prises par les services de l’Etat en cas de problème de société ou de quartier sont imprégnée de ce défaut : on équipe ou on organise (ou l’on contrôle) ; comme si, pour soigner une famille en laquelle serait entrée la violence il suffisait de changer les meubles de la chambre des enfants ou de repeindre les murs.

Comment retrouver la théatralité nécessaire pour rétablir un tel lien en évitant de tomber dans de la morale à deux sous, ou du travail de secte ?

Ce sont des choses qui se transmettaient naguère par éducation et héritage, mais qui ne s’inventent pas. Et qui aujourd’hui prendrait tout celà au sérieux ?

Cordialement Thierry


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