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Commentaire de easy

sur La nudité comme moyen de protestation


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easy easy 19 novembre 2011 14:57

Le racisme est décidément protéiforme.

Quand il ne se réalise pas sous la forme de la traite des Noirs, quand il ne se réalise pas sous la forme du colonialisme physique, il se réalise encore sous la forme du colonialisme des valeurs morales.

 

Nous avons en ce moment, au sein de notre nation, au sein de l’Europe aussi, des problèmes à n’en plus finir, qui ne sont pas du tout en voie de résolution. Mais nous voilà encore et toujours à verser dans l’archangisme, dans le BHLisme, à critiquer ce que les autres nations font chez elles.

Il ne serait pas venu à l’esprit de Salman Rushdie d’en appeler aux Inuits ou aux Congolais, pas plus qu’aux Vietnamiens. Non, il a invoqué ceux qui sont réputés pour avoir un avis critique sur les autres nations, il a invoqué les Anglais, les Français. Sûr qu’il était de provoquer une vague de critiques blanchiste contre les bronzés islamistes.

Le problème de Rushdie était indo-pakistanais. Il nourrisait quelque esprit de revanche sur ces contrées où il ne vivait plus parce qu’elles lui déplaisaient. Et au lieu de s’adresser uniquement aux indo-pakistanais qui l’agaçaient, il s’est adressé aux archanges interventionnistes européens chez qui il vivait.
Alors que nous aurions dû le renvoyer à ses propres turpitudes et lui conseiller de ne pas nous prendre à partie, une grosse partie d’entre nous a trouvé intéressant de prendre partie et donc de soutenir ses critiques contre le Coran.
Nous y avons gagné quoi ?
Que dalle, en dehors de notre plaisir de se poser en donneurs de leçons au Monde entier.

Dans bien des pays islamistes, des femmes étouffent. Certaines conviennent que leur problème est national et elles ne s’adressent, en leurs protestations, qu’à leur propre nation.
D’autres, trouvent plus intéressant de faire comme Rushdie, d’exciter les archanges Occidentaux, qui foncent sur l’aubaine.


Résultat, notre néo colonialisme, plus spécialement religieux désormais, nous fait encore et toujours apparaître en arrogants et, plus gravement, il sape le principe de nation, d’indépendance nationale, de nationalisme.


Tant que nous continuerons de nous trouver de bon droit à critiquer les choix des autres nations, notre libre-arbitre national sera disputé par ces autres nations ainsi agressées.

Dans notre nation, en ce moment, nous avons le problème que pose une invasion islamiste. (Je signale ici que de même que les lyncheurs de DSK n’avaient pas précisé quelle torture maximale il devait subir en punition, de même les islamistes de France ne précisent pas quelle amplitude islamiste maximale ils visent)

Si nous ne voulons pas voir notre pays basculer islamiste, nous avons à réagir. Mais en procédant de nationalisme, non de colonialisme.

Nous devrions éviter toute attitude évoquant de près ou de loin l’ingérence dans les affaires des autres nations. Nous devrions rester très nationalistes car sur ce point, seulement sur ce point, il existe une légitimité universelle.
Evitons de nous laisser entraîner à l’ingérence par des révoltés des autres nations. Ce n’est pas notre affaire et nous avons énormément de problèmes à régler ici, chez nous.

En l’occurrence, j’ignore si cette femme qui pose nue cherche à nous exciter contre ses ayatollahs. Mais qu’elle ait ou pas cette intention, nous faisons une erreur puérile en embrassant son combat puisqu’il nous conduit droit à l’ingérence et que cette attitude altère automatiquement le concept de nation, donc de notre nation.


Dans notre pays, nous avons à dire aux islamistes « Pas de ça chez nous ». Comment pourrions-nous justifier ce discours en « Chez nous » alros que nous ne cessons de piétiner le discours en « Chez nous » des autres nations ?

Les prédicateurs islamistes se voient ouvrir un boulevard chez nous parce que nous ne savons pas protéger absolument le concept de « Chez nous », de nation.

 

Arrive la question du droit d’asile.
Quand bien même, par miracle, deviendrions-nous enfin nationalistes-pour-tous, il nous restera à savoir quoi dire aux autres nations pour justifier de protéger chez nous ceux de leurs ressortissants qui seraient menacés de torture ou de mort.

Il me semble possible, tout en étant extrêmement scrupuleux à ne jamais critiquer les choix des autres nations, de leur répondre que toute personne ayant les pieds sur notre territoire bénéficie de notre protection absolue contre la torture et la mise à mort politique. Il me semble archi inutile et même contre productif de répondre à un pays dont on protègerait ici un ressortissant, que nous le faisons parce que nous trouvons ses idées ridicules ou moyen-âgeuses (faire du passé un poussoir est une absurdité). Il nous suffit de répondre « Ici c’est chez nous et chez nous, nous ne torturons personne pour des raisons politiques ».


Il est tout à fait possible de protéger quelqu’un dans son château sans insulter ceux qui veulent le récupérer pour le couper en rondelles.


Le jeu consistant, quand on se sent mal dans son propre pays, à exciter quelque autre peuple contre lui, est un procédé de plus en plus utilisé et les archangistes s’y laissent entraîner.
C’est pourtant un jeu extrêmement dangereux et bourré de surprises (Cf Massoud)

Aung San Suu Kyi démontre que tous les opposants ne jouent pas à ce jeu transfrontalier très tentant. Ca fait des décennies qu’elle lutte à son corps défendant contre une junte. Alors qu’elle peut partir de son pays (c’est ce que la junte réclame constamment) elle tient à y rester et ne passe donc pas son temps à arpenter le monde, à exciter les autres états contre le sien.

Elle est l’exemple même d’une opposante qui considère devoir traiter son problème de façon interne.

Certes la communauté internationale ayant observé son cas et son courage, elle est devenue une figure, un modèle. Mais ce n’était pas du tout ce que recherchait cette femme.
Alors qu’ici, bien des archangistes sont à brandir son image dans toutes les manifs, alors qu’elle se voit profiter de sa célébrité pour ne pas subir un « accident », je doute qu’elle envisage un seul instant de nous consulter pour savoir quelle forme de gouvernement conviendrait à la Birmanie, lorsque la junte sera partie.



Cela dit, si cette femme nous prend à partie, son argument de la nudité est une erreur car même chez nous, elle est largement sulfureuse.
Alors un ruban rouge, des bas résille, des chaussures rouges, un tabouret, un décor de claque...
A mon sens quelqu’un s’est joué de cette femme.



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