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Commentaire de matéo

sur PS et Sarkozy : les éléphants sont amnésiques


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matéo (---.---.203.7) 16 janvier 2007 15:26

Les 106 pages commises par le PS, sous la direction de l’énarque Eric Besson, consistent à nous dire et à redire que le « petit monsieur » est donc un « libéral, atlantiste et communautariste ».

On peut dire que les motifs retenus par les juges socialistes sont pour le moins contestables. Au-delà du procédé de type « stalinien » où il s’agit de jeter l’opprobre et le discrédit, cela en dit probablement long sur la détresse des socialistes français. Il est vrai que, munis d’un projet « peau de chagrin », le plus petit commun dénominateur entre Emmanuelli et Strauss-Kahn, et dotés d’une candidate posant plus de questions qu’elle n’apporte de réponse, les socialistes doivent être inconsciemment en panique.

Contestable donc, ce triptyque du vice sarkozien :« libéral, atlantiste et communautariste ».

Libéral ? Sûrement. Le simple fait d’avoir prononcé une formule, par ailleurs assez creuse, comme « travaillez plus pour gagner plus » suffit de s’en convaincre. Libéral sonne ici comme un appel à la peur, que relaient parfaitement les nouvelles antiennes socialistes de campagne « le retour de la droite violente » ou « attention Sarkozy est dangereux ». Le citoyen est sensé se faire dessus, et à contrecarrer les plan du nouveau Machiavel en glissant nerveusement un bulletin PS dans l’enveloppe puis dans l’urne.

Libéral, Sarkozy ? Mes fesses !, répondrait un vrai libéral, un admirateur de Maggy, un contempteur de Blair, même un envieux des réformes menées par les sociaux-démocrates suédois ou danois. Trois épisodes importants des cinq dernières années suffisent pour dire que le libéralisme de Nicolas Sarkozy pose question. Le premier se situe en 2002, à l’été. La majorité actuelle, à peine élue, voit arriver le fameux projet de loi sur la Sécurité du petit Nicolas. Le « libéral » Sarkozy, sans aucun audit, sans aucun bilan, sans aucune étude approfondie sur la manière dont sont utilisés les effectifs de police et de gendarmerie, prévoit d’en recruter 13 000 sur 5 ans. Rappelons à toutes fins utiles qu’avant cette loi, notre pays se situait au 3ème rang européen (rien que cela) pour le nombre de policier par habitant. Un libéral, normalement peu enclin à ajouter la dépense publique à la dépense publique, et même plutôt prompt à tailler dans le gras, projette ici d’en dépenser beaucoup sans plus se poser de question que cela. Etonnant non ? On a connu plus libéral. Le deuxième épisode est celui, dénoncé d’ailleurs par ses juges du PS comme un grand moment d’interventionnisme, la convocation des grands distributeurs à Bercy. L’objectif est de faire baisser les prix, non pas par le jeu du marché, et un bienveillant « laissez faire » libéral, mais par l’injonction colbertiste. En gros, c’est plutôt « messieurs, baissez vos prix, je vous le demande, si je ne l’exige, car je n’arrive pas avec ma politique libérale à faire baisser ces satanés prix ». Toujours aussi étonnant, non ? Il faut dire que sans politique de l’offre, de musculation de l’appareil productif, il y a peu de chance de faire baisser les prix. Le troisième épisode est anecdotique mais quand même révélateur que le naturel du petit Nicolas est plus au dirigisme, chose également partagée en politique française, qu’un libéral échevelé. Lorsque 10 pays firent leur entrée dans l’Union faisant passer celle-ci de 15 à 25 membres, les distorsions de toute nature entre les nouveaux entrants et vieux entrés firent débat. La contribution libérale de Nicolas Sarkozy fut alors de menacer, de tancer les nouveaux entrants ayant des fiscalités faibles. Il déclarait alors que les pays pratiquant de la sorte devaient être punis, ou sanctionnés. Autrement dit, au lieu de dire toute son admiration libérale pour des fiscalités insignifiantes, gage de dynamisme économique, et/ou d’en faire un objectif, de façon opportuniste, pour son propre pays, l’homme d’état Sarkozy serait bien aller botter le train de la Hongrie, de la Pologne ou de la République Tchèque, coupable de ne pas avoir des fiscalités aussi lourdes que la notre. Curieuse conception de la concurrence, fiscale en l’espèce, assez éloignée de l’approche libérale en la matière.

« Atlantiste » est pas mal non plus. Mais sous une plume socialiste française, le terme d’atlantiste est complémentaire de libéral. Est-ce pour autant une réalité ? Rien n’est moins sûr. Qu’est-ce donc que l’atlantisme : L’atlantisme est une doctrine politique qui défend une forte coopération entre les Etats-Unis, le Canada et l’Europe dans les domaines politiques, militaires et économiques. Le sens s’est ensuite élargi, pour désigner une doctrine politique complète, sensées être incarnée par les partisans du libéralisme en Europe et le soutien sans faille à la politique étrangère des US. L’atlantisme supposé de Sarkozy repose donc sur son voyage aux Etats-Unis, sur le fait qu’il ait serré la main de Bush, dit toute l’admiration qu’il portait aux Etats-Unis quant à leur dynamisme, dénonçant au passage une relative atonie franco-française et sur le fait, mais ça c’est ce que prétend le PS, qu’il serait de plus libéral. Il faut donc corriger en disant avant toute chose que Nicolas Sarkozy n’a jamais renié sa condamnation de l’intervention américaine en Irak, rappelant que c’était bel et bien une erreur. Atlantiste, je ne sais pas, suiviste inconditionnel, sûrement pas. Faut-il rappeler que NS a défendu haut et fort le projet d’Union politique de l’Europe, et que la grande majorité des électeurs de l’UMP ont voté en faveur du TCE au printemps 2005. Pendant ce temps-là, il n’est pas inutile de rappeler que les procureurs actuels du PS, avaient au sein de leur parti des débats sibyllins, ayant abouti à un vote « mi chèvre - mi choux » des militants du PS en faveur du projet de traité, mais à un vote majoritairement contre de leur propre électorat. Un PS divisé donc, dans cette étrange et singulière situation où les « nonistes » français se situaient plutôt à gauche quand ceux-ci étaient plutôt libéraux, en Angleterre, en Allemagne et ailleurs. La Confédération Syndicale Européenne prônait le « oui », les partis sociaux démocrates en Europe également, Martin Schulz, patron du groupe parlementaire socialiste au Parlement Européen, suppliait Fabius de voter « oui » lors de l’émission France Europe Express. Pendant ce temps-là, les éditorialistes du « The Daily Telegraph » ou de « Die Welt » (journaux de droite anglais et allemand) dénonçaient un Traité contraignant, nuisible aux forces du marché, concocté par une Convention présidée par un Français, dont l’esprit administrativo-technocratique suintait de toute part. Le « non » français, pas exclusivement socialiste l’emporta. Nous avons donc aujourd’hui gardé les traités précédents consacrant l’union économique de l’Europe, le fameux « grand marché », mais sans le pouvoir politique, l’union politique des états. Les décisions de nature européennes, qui auraient pu être prises à la majorité des membres, la fameuse volonté politique qui transcende les bas instincts, les intérêts particuliers, restera soumise à la règle de l’unanimité, et sera donc exceptionnellement affirmée. Ce que les libéraux européens ont souligné, enfin je parle des libéraux « pur sucre- pur fruit », en votant contre le TCE, c’est leur attachement à créer effectivement un grand ensemble économique, coopérant pleinement avec les US, sans voir de nécessité d’ajouter un cadre contraignant, un pouvoir politique, ou de faire émerger la fameuse Europe puissance, alternative au leadership américain. Sarkozy s’est bel et bien battu pour cela, et son camp l’a plutôt écouté et suivi, on ne peut en dire autant de ses juges socialistes d’aujourd’hui qui sont de plus les seuls à avoir lu le projet de traité constitutionnel comme ils l’ont lu, c’est-à-dire, pour être sûr d’être clair, en comprenant le contraire de ce que les autres lisaient.

« Communautariste ». Ben voyons. Rien ne vaudra jamais le martèlement, comme nous le faisons en France, depuis que la république existe, de l’égalité républicaine. La République intégratrice, voilà le principe à répéter et répéter encore. Point de discrimination, les citoyens sont égaux en droit, nom d’une pipe. Que les faits, la réalité démentent depuis 25/30 ans ces principes, ces dogmes, ne changent rien à l’affaire. Que Traoré et Mohammed, d’autant plus qu’ils sont français, nés en France, soient rassurés, les socialistes français vous le serinent : « vous êtes égaux en droit et en devoir à Jean Christophe, et Charles Edouard ». Ne jamais demander à l’INSEE d’introduire dans ces notes conjoncturelles, dans ces études transversales et/ou longitudinales, la variable ethnique. Horreur, malheur. Flicage, mise en fiche, nazisme larvé. Que ce soient les députés travaillistes anglais qui aient eux instillés l’appartenance ethnique dans les études sociales, ne serait-ce que pour mesurer l’efficacité de leurs politiques ciblées ne doit rien changer au principe français d’égalité. Tout le monde dans le trou, on ne veut voir qu’une tête. Les procureurs socialistes qui se fendent de 106 pages pour discréditer un challenger menaçant sont beaucoup plus productifs pour caricaturer, brocarder et condamner toute tentative de discrimination positive, pratique inexistante pour le moment dans notre pays, que pour faire de même avec la discrimination négative qui sévit depuis l’après-guerre. Il faut comprendre que les orthodoxes de la pensée, les bien pensants en socialisme cocardier n’ont pas à faire leur preuve sur ce sujet. Dans la mesure où la lutte contre la (les) discriminations est consubstantielle de la gauche, cela doit empêcher quiconque, candides inclus, de poser la question : « mais qu’avez-vous fait des 14 années de Mitterrand, et des 5 ans de Jospin, soit 19 ans sur la période 1981/2005 pour faire diminuer les discriminations et assurer l’intégration républicaine ? ». Visiblement pas plus que la droite. Mais, après tout, on ne l’attendait pas trop sur ce terrain, celle-là, et eux déjà un peu plus. Le résultat consolidé, droite-gauche, est impitoyable, notre pays n’a pas intégré, n’intègre toujours pas et ne se donne toujours pas les moyens de le mettre en évidence. Tout ceci pour dire qu’Eric Besson fait un très mauvais procès à Sarkozy, qu’il s’y prend en tous cas très mal, et que du coup apparait clairement la manœuvre. Les « grosses ficelles » : Le grand méchant loup, rendez-vous compte, est « libéral », il veut vous mettre sur la paille, vous réduire en esclavage, « atlantiste », copain de Bush, si ce n’est carrément « américain » avant d’être français, et « communautariste », c’est-à-dire prêt à légaliser le port du voile, l’enseignement de l’Islam dans nos écoles, et les tenues féminines de type « Bélphégor ». Effectivement élire un type esclavagiste, anti-français, et pro islamiste, ça peut faire flipper. Voter donc pour notre madone, qui aime les gens, enfin le peuple, l’écoute et fera de toute façon in fine, ce qu’on lui aura demandé.

Manichéen ? Non de la grande politique, vous dis-je !! Dangereux Sarkozy, et le PS n’est-il pas tout simplement criminel, quitte à donner dans l’emphase, de jouer ainsi avec le feu ?


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