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Commentaire de BA

sur La police française disperse une manifestation spontanée de soutien au peuple Grec


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BA 13 février 2012 23:37
Restructuration de la dette grecque : soupçon de corruption à la BCE.

Deux articles édifiants, mettant en doute la probité de la BCE et de ses dirigeants dans les négociations portant sur la restructuration de la dette grecque, viennent de paraître ces jours-ci.

Joseph Stiglitz, tout d’abord, s’est demandé pour quelle raison étrange la BCE apportait son appui à une restructuration « volontaire » de la dette grecque, comme si elle cherchait à éviter à tout prix l’officialisation du défaut partiel, lequel aurait pour effet de déclencher l’activation des CDS (assurances sur crédit). Les banques qui avaient eu la prudence de s’assurer contre risque de défaut se trouvent lésées et sont d’autant plus réticentes à céder sur les négociations avec l’Etat grec. Ecartant l’argument selon lequel le risque systémique serait plus important en cas de défaut officiel, Joseph Stiglitz tire la conclusion suivante : 

« En réalité, la BCE fait probablement passer l’intérêt des quelques banques qui ont émis des CDS (assurance contre le risque de défaillance d’un crédit) avant celui de la Grèce, des contribuables européens et des prêteurs qui ont agi prudemment en s’assurant (...) Ainsi qu’on le voit ailleurs, les institutions qui n’ont pas à rendre des comptes de manière démocratique peuvent être la proie d’intérêts particuliers. »

Le lecteur, qui vient d’apprendre que la BCE ne protégeait ni l’intérêt des européens, ni même celui des banques en général, n’en saura pas plus quant aux « intérêts particuliers en question ». Mais quelles sont donc ces mystérieuses banques, émettrices d’assurances sur défaut, qui semblent être l’objet de toutes les attentions ? « Goldman–Sachs ou Merril–Lynch » répond Arnaud Parienty, professeur d’économie. Cela lui fait se demander sans détour, sur le site d’Alternative Economique : « Doit-on lier son insistance étonnante à ce que la restructuration de la dette grecque soit volontaire à la carrière au sein de Goldman Sachs de Mario Draghi ( le président de la BCE) ? ».

Ce qui est troublant dans cette histoire, c’est que les accusations extrêmement graves portées par ces deux auteurs, en particulier par le prix Nobel d’économie, dont l’audience est mondiale, n’ont été relayées par aucun média (à ma connaissance), ni n’ont suscité de réactions chez leurs collègues ou dans le monde politique.

Voir les 2 articles ci dessous.

« Main basse sur la BCE ? », par Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie - Février 2012. Extrait.

« Rien n’illustre mieux les divergences politiques, la présence d’intérêts particuliers et les considérations économiques à court terme à l’œuvre en Europe que le débat sur la restructuration de la dette souveraine de la Grèce. (...)

La position de la BCE est curieuse. On aurait pu supposer que face au risque de défaut sur leurs obligations, les banques achètent une assurance. Dans ce cas, un régulateur qui prend en compte la stabilité systémique veille en principe à ce que l’assureur paye en cas de perte. Pourtant la BCE veut que les banques perdent plus de 50% sur les obligations qu’elles détiennent, sans être dédommagées. (...)

En réalité la BCE fait probablement passer l’intérêt des quelques banques qui ont émis des CDS (assurance contre le risque de défaillance d’un crédit) avant celui de la Grèce, des contribuables européens et des prêteurs qui ont agi prudemment en s’assurant.

Enfin, dernière étrangeté, l’opposition de la BCE à une gouvernance démocratique. C’est un comité secret de l’Association internationale des swaps et dérivés, une organisation professionnelle, qui décide si un incident de crédit a bien eu lieu. Or les membres de cette association ont un intérêt personnel dans ce type de décision. Selon la presse, certains d’entre eux utiliseraient leur position pour défendre une attitude plus accommodante au cours des négociations. Il paraît inconcevable que la BCE délègue à un comité secret d’acteurs du marché en situation de conflit d’intérêts le droit de décider ce qu’est une restructuration acceptable.

Le comportement de la BCE n’est pas surprenant. Ainsi qu’on le voit ailleurs, les institutions qui n’ont pas à rendre des comptes de manière démocratique peuvent être la proie d’intérêts particuliers. C’était vrai avant 2008. Malheureusement pour l’Europe et pour l’économie mondiale, le problème n’a pas été résolu depuis.

Project Syndicate, 2012.

 »Pourquoi la restructuration de la dette grecque est-elle si difficile ?« , par Arnaud Parienty - Février 2012. Extrait.

 »(...) Les banquiers qui ont prêté à la Grèce ont généralement assuré ces prêts en achetant des CDS (credit default swaps) à des assureurs ou à des banques d’investissement telles que Goldman–Sachs ou Merril–Lynch. Le paiement des acheteurs de CDS est déclenché lorsque surviennent des « événements de crédit » tels qu’une faillite. Mais une restructuration volontaire n’est pas jugée comme étant un événement de crédit, elle ne déclenche pas le paiement par les banquiers des compensations auxquelles auraient droit les acheteurs de CDS en cas de restructuration imposée. (...)

Pour comprendre l’enjeu de cette question, il faut savoir que les vendeurs de CDS, contrairement aux pratiques raisonnables d’un assureur ordinaire, ne mettent pas de côté de provisions destinées à couvrir le risque de sinistre. Ils sont censés utiliser leur capital pour cela ! C’est la raison pour laquelle la crise de 2008 a entraîné la quasi faillite du plus gros assureur américain, AIG, sauvé par le gouvernement fédéral pour un prix astronomique (probablement de l’ordre de 200 milliards de dollars). (...)

La BCE pèse évidemment d’un poids considérable dans les négociations. Doit-on lier son insistance étonnante à ce que la restructuration de la dette grecque soit volontaire à la carrière au sein de Goldman Sachs de Mario Draghi ? En tout cas, la position de la BCE est difficilement acceptable.

http://et-pendant-ce-temps-la.eklablog.com/restructuration-de-la-dette-grecque-soupcon-de-corruption-a-la-bce-a39362567

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