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Commentaire de FloAdilou

sur Vie & Vicissitudes D'Un Chômeur


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FloAdilou 14 février 2012 17:43

Un autre témoignage représentatif :

La case « chômage » est devenu un passage quasi obligé pour la plupart des gens et cela souvent plusieurs fois durant leur vie professionnelle.
Moi ça m’est aussi arrivée régulièrement et d’ailleurs j’y suis en ce moment.

Il faut dire que la plupart des boulots que j’ai occupés était presque toujours des CDD (cela n’a pas toujours été un choix).
De toute façon les offres d’emploi en CDI sont devenues moins courantes que celles en CDD. Cela fait que je n’ai connu que des rémunérations au SMIC et en général à temps partiel et que donc à chaque période de chômage je ne touche que 70% du salaire de misère que j’avais en travaillant.
J’aurais pu mettre mes périodes de chômage à profit pour faire enfin ce qui me plaît vraiment au lieu de gaspiller ma vie à travailler d’arrache-pied pour d’autres afin d’avoir juste un peu de moyens pour soulager un peu mes soucis matériels quotidiens et éventuellement remplacer ou réparer ce qui attend de l’être depuis un moment.
 Mais ces périodes de chômage, pourtant loin d’être inactives, ont minées par le souci d’argent (pourtant j’essaie de faire comme je le peux des activités enrichissantes, notamment au niveau associatif). Mais dès que ma voiture tombe en panne, ou bien le frigo ou alors qu’il y a un coup de froid qui fait dépenser plus pour se chauffer, la peur me serre le ventre : vais-je pouvoir payer l’électricité, le téléphone ? Alors du coup je me suis mise à manger du riz à chaque repas de midi pour alléger les frais, je fabrique mes produits d’entretien moi-même (là ce n’est pas un mal) et je vis dans un logement chauffé à 13° en mettant de gros pulls.

De toutes façons, pour parler loisirs, je n’ai pas les moyens d’acheter du matériel de peinture (certains ne comprennent pas que j’ai arrêté de peindre alors qu’ils prétendent que j’ai du talent) et je n’ai pas les moyens non plus de payer les frais d’une activité de détente. Les loisirs et l’art sont des privilèges pour ceux qui travaillent (pourtant beaucoup d’entre eux-n’ont pas le temps de s’y adonner) ou pour ceux qui vivent de rentes.
Je n’ai pas les moyens non plus d’aller boire un café ou d’aller au cinéma. Le chômage réduit donc aussi la vie sociale. Quand aux voyages et vacances, n’en parlons même pas... .

Pour éviter les frustrations, on prend d’ailleurs l’habitude d’éviter de penser à ce qui nous ferait plaisir. Pour le téléphone portable, j’ai une carte que je n’alimente que si vraiment c’est nécessaire.

Mais malgré tout ça, je sais bien que je ne suis pas la plus mal lottie.
Maintenant je commence à me dire qu’à 48 ans on ne m’embauchera peut-être jamais plus ou alors comme femme de ménage ou comme caissière mais j’ai vu que là aussi, maintenant, on demande de l’expérience dans ces domaines. De plus, pour les emplois non qualifiés, les employeurs embauchent rarement des personnes ayant plusieurs diplômes à leur actif même si cela n’a aucun rapport avec le poste proposé. de toute façon, je suis allergique aux produits ménagers donc cela serait risqué pour moi (je ne peux pas faire la vaisselle ou le ménage sans gants sinon je risque d’aboutir aux urgences).

Autrement dit, on est dans un monde où de plus en plus ce sont sont toujours les mêmes qui ont un boulot puisqu’il est de plus en plus demandé d’avoir de l’expérience dans le domaine concerné.

J’ai fait plusieurs formations de niveau Bac+2 pour lesquelles je m’étais beaucoup investie (dormant souvent 4h par nuit). Mais aucune ne m’a permis de travailler avec les diplômes obtenus. Tous les postes que j’ai occupés ont été des postes où j’ai appris « sur le tas » à l’époque où c’était encore possible.

J’ai fini par renoncer à faire des formations. L’une de celles que j’avais faites avait pourtant coûté 18 000 € à l’État. J’ai fini par admettre qu’à mon âge cela serait du gaspillage car aucun employeur n’embauche de débutants de plus de 45 ans.

Quoi faire ? Je crois qu’il me reste à croupir et survivre comme je peux sachant que je suis à la merci de n’importe quel coup dur et que je ne peux pas compter sur l’aide de ma famille puisque selon eux « quand on cherche vraiment du travail, on en trouve », l’air de dire que tous les chômeurs actuels et moi, nous sommes personnellement responsables du chômage qui sévit. Je précise que ma mère n’a presque pas travaillé dans sa vie et que les autres membres de la famille n’ont quasiment jamais connu le chômage étant tombé dans des secteurs recruteurs quand ils étaient encore jeunes.

Quand je pense à tous les CV en général sans réponse que j’ai envoyés, à mes consultations quotidiennes des offres d’emploi... je me sens complètement trahie par ma famille et par ceux qui lui ressemblent.


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