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Commentaire de easy

sur Ces messieurs avec leurs longues robes …


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easy easy 25 février 2012 13:03


Ce qu’on appelle justice, revient, depuis la nuit des temps, à juste exclusion, légitime exclusion du groupe. Par extension, cela revient à « Légitime exclusion du groupe des vivants et expédition en colis express vers le groupe des morts »

Toutes les sanctions que nous prenons vis-à-vis de qui que ce soit empruntent toujours ce biais consistant à exclure du bon groupe et à repousser vers un mauvais groupe, celui des morts, des cons, des salauds, des imbéciles, des blondes...

Celui qui subit cette bouc-émissairisation, qu’il soit réellement fautif ou pas autant que ses accusateurs le disent, refuse cette mise à l’écart. Sauf à ce qu’il s’en suicide de son isolement, il va solliciter des avocats qui établiront le fait qu’il fait bien partie du groupe et n’a pas à en être exclu.


Au moment où ce garçon était en train de renvoyer vers le groupe des morts un des ses camarades en l’étranglant, il n’avait rien contre vous, a priori.
Même en procédant de coups contre lui pour contrarier son entreprise d’expédition de quelqu’un vers la mort, il vous était tout à fait possible, une fois la séparation effectuée, de montrer de diverses façons que nous n’excluiez pas pour autant cet étrangleur du groupe des bons.

Il serait tout à fait possible de stopper un étrangleur puis de rester à ses côtés au lieu de se précipiter vers l’étranglé et de ne plus rester qu’à côté de lui.

La position de votre corps, l’endroit où vous avez placé votre corps, immédiatement après la séparation des protagonistes a indiqué à tous que vous procédiez à un classement « Celui-ci gentil, bon groupe et moi à ses côtés. Celui-là méchant, à exclure par tous, à isoler complètement »

Et ma main au feu qu’immédiatement après la séparation, vous vous êtes positionné près de l’étranglé.



L’école de Ferry a bien des défauts et on y a toujours pratiqué ce principe de justice-exclusion. Mais avec une limite assez fortement marquée. On exclut un vilain pendant un moment seulement et on fait tout, tout, tout pour se retenir de l’exclure de l’établissement, du village, de la nation. L’école de Ferry a très fortement insisté sur la réintégration toujours possible des fautifs et ce principe aura provoqué des milliers de conflits entre certains enseignants et l’institution.

Mutatis mutandis, c’est la même chose qui se passe dans le monde des adultes où l’on observe constamment des plaignants désolés que la Justice n’expédie pas au groupe des morts celui qui a mal garé sa voiture.
Trop laxiste la Justice, toujours trop laxiste, pas suffisamment expéditive.

Je ne trouve pas anormal que des profs aient des humeurs et réflexes individualistes, égocentriques, qu’ils réclament donc des exclusions totales des fâcheux. Mais je me félicite que l’institution veille à résister à ces demandes d’expédition au diable Vauvert et que ces profs soient régulièrement contrariés en leur exigence. Sinon, il n’y aurait plus d’institution, il n’y aurait plus que ce qu’on appelle forfaitairement la loi de la jungle.

Dans ces démarches d’expédition que nous pratiquons tous, ne serait-ce qu’en insultant ou en dénigrant, il y en a de deux sortes. Celles où l’expéditeur se charge seul de l’expédition et celles où l’expéditeur délègue à quelque sorte de police la besogne d’expédition. Chaque expéditeur choisit entre ces deux options selon sa stratégie préférée et il se pourrait que l’une soit plutôt courageuse-égocentrique et que l’autre soit plutôt couarde-collectiviste. 



Dans cette affaire, tout à votre vision et à vos certitudes, vous étiez et restez convaincu que le fâcheux doit être expédié sans perte de temps. Et vous voilà à découvrir que ce n’est pas si simple, que chaque menacé d’exclusion a le droit de se défendre contre cette expédition et que tant que vous n’en conviendrez pas, c’est vous qui serez expédié.


Reprenons selon une autre présentation. Dans une maison il y a une mère et ses deux enfants. Elle fait la cuisine quand soudain elle entend la fille hurler au secours. Elle se précipite et sa fille, en jouant force hocquets, lui explique que son aîné l’a torturée. La mère lui pose la main sur la tête, la rassure, se redresse et balance une torgnole à son fils en lui jetant aussi un regard de feu.

Ce qui va s’ensuivre sera une catastrophe. Car l’incluse va profiter de son assurance d’être dans le bon groupe pour repousser en toute occasion son frère vers quelque fosse. Et son frère se sentant rejeté, va pactiser avec ce diable avec qui on le marie.

Alors qu’il aurait été tout à fait possible, de la part de cette mère, de ne faire aucun geste séparant en « Toi gentille, Toi vilain », de les rassembler de manière strictement égale autour d’elle et de renforcer chez tous le sens du « Nous »


Il est à comprendre que très souvent, forcément, des enfants en train de se chamailler regrettent et souffrent de leur mésentente, ils souffrent de ne pas parvenir au Nous. Et ils en viendraient aux mains afin d’alerter et de mobiliser des forces externes afin qu’elles aident non à augmenter leur division mais au contraire à rassembler les morceaux.

100 fois sur cent, les ambulanciers se précipitent vers les cris en entendant qu’ils veulent dire « Séparez-nous complètement » alors qu’ils ne veulent dire que « Séparez-nous de notre séparation, aidez-nous à nous recoller ».
Plus exactement encore. Ces deux divorcés se sont vus échouer à trouver les arguments puissants justifiant qu’ils restassent rassemblés. Quand ils exposent à des tiers les misérables raisons justifiant leur divorce, ils attendent que des plus avertis et expérimentés qu’eux leur exposent des arguments puissants à leur réunion.

Au lieu de tomber dans la facilité en valorisant les misérables raisons d’un divorce, et en abandonnant ensuite chaque divorcé au stress d’une déchirure laissée béante, les tiers devraient faire preuve d’intelligence, dévaloriser ces tristes raisons et faire surgir des arguments de rassemblement.


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