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Commentaire de Al West

sur Jean-Luc Mélenchon. Enfin un indispensable retour au Gaullisme en matière de diplomatie et de défense


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Al West 6 avril 2012 02:18

Je ne peux pas être agréable quand j’ai l’impression qu’on se fout de ma gueule.

D’une part ça n’est pas le cas, d’autre part ça ne l’excuse pas.

Lorsque vous me racontez à la fois que :
- vous considérez Le Pen comme la seule anti-mondialiste
- que vous êtes historiquement de gauche

Vous vous foutez de ma gueule. Le « mondialisme » est un concept qui ne veut rien dire, et qui est originaire d’extrême droite. Nous à gauche on parle d’internationalisme d’une part, et de mondialisation néo-libérale d’autre part, considérant que le premier est une partie de la solution du second, qui est notre problème.

Le terme de mondialisme est un terme utilisé pour ne pas dire « Nouvel Ordre Mondial », théorie dont j’imagine que vous êtes au courant et selon laquelle les élites voudraient instaurer un gouvernement mondial tyrannique. Soit dit en passant, Poutine n’hésite pas à y faire référence, donc vous pouvez toujours traiter Poutine d’idiot complotiste mais c’est déjà plus dur que dans mon cas, lui étant sûrement très bien informé pour le coup. L’internationalisme et la mondialisation néo-libérale n’ont donc rien à voir avec le mondialisme tel que je viens de le présenter. Vous avez le droit de dire que ça relève du complotisme mais pas de m’accuser de ménommer les concepts.

Mais en admettant le concept fumeux de mondialisme, dire que Le Pen est la seule opposée à un ordre dans lequel elle se fond à travers son bras armé, l’OTAN, est grotesque

Je suis entièrement d’accord pour dire qu’il faudrait aller plus loin et sortir de l’OTAN, je le concède volontiers mais ça ne devrait pas mettre fin au débat de façon aussi péremptoire.

et achève de classer vos interventions.
Je vais tout de même prendre la peine de vous répondre sur le veto sino-russe.


Je passerai sur votre mépris...

C’est un veto à une résolution de l’ONU condamnant la répression Syrienne d’une part, et demandant le départ d’El Assad d’autre part. Mélenchon n’est pas d’accord avec la façon de faire des russes et Chinois : il souhaite lui-même le départ d’El Assad, et d’ailleurs la Russie et la Chine, si vous avez suivi l’évolution de la situation, se rapprochent de cette position. C’est une position traditionnelle à gauche de souhaiter le départ d’un gars qui utilise la force contre son propre peuple. Peut-être qu’il se trompe, mais vous tronquez sa position, car par ailleurs, Mélenchon est CONTRE une intervention militaire, et de plus très sceptique vis à vis d’un couloir humanitaire par exemple, car il a tiré la leçon de la Libye. Mélenchon prône donc en parallèle de la condamnation de la répression du régime, des mesures de confiscation des biens des Assad à l’étranger.

Mélenchon a clairement fustigé le véto à l’ONU des Russes et des Chinois (je n’ai pas le lien sous la main et il est tard mais je vous promets de le chercher demain) Les Russes et les Chinois n’avaient pas 36 choix : soit ils acceptaient, soit ils refusaient. Accepter, c’était répéter le scénario libyen et plonger le pays dans le chaos. Ils ont donc refusé. Je vois mal comment est-ce que Mélenchon peut arriver à condamner ce véto qui a sûrement sauvé le pays de l’enfer.

Il est très facile et très confortable pour plaire aux admirateurs de la propagande Syrienne (ah, j’oubliai c’estv rai que seuls les Américains font de la propagande...) et de celle de tous les tyrans du monde par ailleurs (j’avoue, on nous a épargné la Corée du Nord), de dénoncer l’acharnement sur le régime Syrien. Mais quand à côté de ça le programme de ladite rebelle propose de rester dans l’OTAN et de « dénoncer la participation de la France dans le commandement intégré » (nouveau concept fumeux : l’auto-dénonciation, mais vous avalez sans broncher), on se pince.

Ca n’est pas simplement dénoncer, c’est écrit noir sur blanc dans le programme que Le Pen souhaite en sortir. Je me permets de vous recopier les trois premières positions de politique étrangère du Front National :

1/ L’avènement d’une Europe des Nations, une sortie du commandement intégré de l’OTAN et l’offre faite à la Russie d’une alliance stratégique poussée, fondée sur un partenariat militaire et énergétique approfondi, le refus de la guerre d’ingérence et le soutien au droit international.

2/ Conjointement, la proposition faite à l’Allemagne de s’associer pour former une alliance trilatérale Paris-Berlin-Moscou.

3/ La proposition de la formation d’une Union paneuropéenne (des Etats souverains) incluant la Russie et la Suisse et respectant le statut de neutralité, le droit national, la fiscalité nationale… La Turquie ne serait pas associée à ce projet.

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A l’inverse, il n’y a strictement rien d’incohérent à se rapprocher de grandes puissances alternatives, à prôner une souveraineté radicale en matière de politique étrangère... et à ne pas être systématiquement sur la même position que ses futurs alliés. Voilà pour la cohérence contre le non sens quasi absolu.

Il ne s’agit pas seulement d’être contre ses futurs alliés, il s’agit d’épargner la mise à mort d’un pays. La résolution de l’ONU, si elle avait été adoptée, aurait conduit à l’exacerbation des conflits et absolument pas à un retour à la paix. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est entre autres les Russes et les Chinois. Alors après oui vous pouvez m’accuser de préférer croire les Russes plutôt que les Occidentaux, mais leur passé sur les vingt dernières années ne jouent pas en la faveur de leur crédibilité.

Je me permets à ce propos de vous proposer la lecture d’un article :

http://rt.com/politics/putin-nato-us-elections-2012-265/

De façon générale, RT fait un très bon travail de journalisme, plutôt mesuré et rarement partisan.


Je précise sur la Syrie que personnellement je pense que Assad n’est pas du tout maître de la situation, car il me paraît exister un conflit souterrain entre le clan Assad et ses forces de police, voire une partie de son armée. Je crois (penser serait un bien grand mot vu la complexité de la situation et ma non érudition en la matière) donc que ce n’est pas lui qui décide souverainement de la stratégie de répression, donc je ne suis pas convaincu par la méthode proposée par Mélenchon. Mais vu la complexité de la situation, je me garderais bien de jouer les savants, et de donner des leçons à quiconque en la matière. Ce que je constate, c’est que bien des internautes, à les lire, sont devenus des experts en géopolitique qui savent tout mieux que tout le monde au point de se fendre non seulement d’une intolérance absolue quant aux positions des uns et des autres, mais en plus, de procès d’intentions en rafales qui ne prennent même pas la peine du recul sur la cohérence globale de chacun.

Je me sens tout à fait concerné sauf peut-être pour l’intolérance. Du moins j’ai toujours eu l’impression d’écouter ce que les autres avaient à dire. J’essaie de me faire ma propre opinion en écoutant les diverses sources d’information et en regardant quels sont les intérêts de chacun. Il est certain que je me plante complètement sur certains points (tous ?) et que je suis à des lieues d’avoir une quelconque connaissance de la géopolitique. Néanmoins j’essaie de m’y intéresser parce que cela me semble important.
Or en termes de cohérence, quand on accepte la logique de chacun, Mélenchon est très cohérent (souveraineté, sortie de l’OTAN, condamnation des répressions sanglantes), quand Le Pen ne l’est pas du tout (anti-mondialisme et souveraineté de défense mais en restant dans OTAN voire commandement intégré de l’OTAN si on lit sérieusement, rapprochement avec la Russie, alors que l’OTAN c’est le bouclier anti-missile contre la Russie ET la spécialisation DONC la dépendance des armées européennes, donc de la Française, vis à vis du géant américain).

Mélenchon est cohérent dans ce que je pense être de l’hypocrisie, certes. Son programme est très beau, ce sont des détails comme son passé où il s’est gavé du système, qui est en complète contradiction avec ce qu’il défend, son agressivité vis-à-vis de Le Pen alors que c’est loin d’être son adversaire premier, sa non-connaissance du Siècle, son relai des propagandes à propos de l’Iran, sa candeur enfantine à propos d’une ONU défenseur des peuples, sa non réactivité à propos du Mali, sa position à propos de Dassault, son appel à voter Hollande au second tour (enfin bon, contre Sarkozy donc pour Hollande si on veut refaire le cheminement intellectuel) alors qu’il pourrait appeler à voter blanc, etc. etc.

Bref, ces mille et une choses qui font que l’homme n’est à mon avis pas le sauveur des peuples qu’il prétend être.

Avant de savoir si quelqu’un a raison ou tord à X%, il faut se demander si ce qu’il propose est cohérent ou non. Et pour finir, ce n’est pas parce que les événements Syriens sont des événements américains qu’ils ne sont que cela. Ce qui se passe en Syrie est d’une complexité extrême, de laquelle on ne peut pas sérieusement tirer des affirmations péremptoires.

Evidemment que ça n’est pas que cela, je ne l’ai jamais prétendu. Ce que je crois (pour me faire humble à votre image) est que sur un terreau propice à une révolution citoyenne d’un peuple qui en avait somme toute marre d’un régime autoritaire (quoique la question est très délicate, avant les révoltes, les Syriens se disaient heureux de leur sort avec al-Assad, là je vous livre le compte rendu personnel d’un membre de ma famille qui a voyagé de nombreuses fois en Syrie et qui connaissait très bien ce pays donc vous êtes libre de ne pas me croire), les Occidentaux ont attisé une révolte, constitué puis armé une opposition radicale barbare. Les revendications du peuple étaient sincères, elles ont été exploitées. Je vous renvoie une fois de plus à ce que pense Poutine des printemps arabes dans l’article de RT.

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