Precision, je citais de memoire :
« Mai 1981 fut un mois de grande
activité, car c’était la préparation de l’arrivée au pouvoir de
François. J’essayais d’apporter tout ce qu’il y a de meilleur en moi,
pour que ce rêve d’avoir une société socialiste, quoique à l’européenne,
devienne réalité. Mais bien vite j’ai commencé à voir que cette France
juste et équitable ne pouvait pas s’établir. Alors je demandais à
François : ‘‘Pourquoi maintenant que tu en as le pouvoir ne fais-tu pas
ce que tu avais promis ?’’ Il me répondait qu’il n’avait pas le
pouvoir d’affronter la Banque mondiale, le capitalisme, le
néolibéralisme. Qu’il avait gagné un gouvernement mais non pas le
pouvoir. J’appris ainsi qu’être le gouvernement, être
président, ne sert pas à grand-chose dans ces sociétés sujettes,
soumises au capitalisme. J’ai vécu l’expérience directement durant
quatorze ans. Même s’il essayait d’éviter le côté le plus négatif du
capitalisme, les rêves ont commencé à se briser très rapidement. […]
[…] Durant la célébration du
Bicentenaire de la Déclaration des droits de l’Homme – juillet 1989 –
j’ai pu voir jusqu’à quel point nous étions soumis aux Etat-Unis. L’Etat
français n’invita pas plusieurs dignitaires, en particulier des
Latino-Américains. Comme par hasard, c’était ces pays-là que Washington
voulait détruire. […] Je me rappelle avoir dit à François : ‘‘Jusqu’à
quel point allons-nous être dépendants de l’humeur des Etats-Unis, ne
pas pouvoir choisir nos invités pour nos festivités… ?’’ Ce fut une
honte. […]
En France, on élit et les élus font des lois qu’ils n’ont jamais proposées et dont nous n’avons jamais voulu. […] La France est-elle une démocratie ? Une puissance mondiale ? Je le dis en tant que Française : cela ne veut rien dire ».