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Commentaire de Onecinikiou

sur La vraie vérité sur Mélenchon


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Onecinikiou 16 mai 2012 18:31

Henrique Diaz,

Mélenchon s’est fait humilier par Le Pen et ce alors même que vous pensiez qu’il puisse se trouver au second tour et même remporter l’élection. Ubuesque.

Et c’est vous qui prétendez vous revendiquer le chantre de la raison humaniste ? Et pourquoi pas le tenant du « camp du Bien » aussi ?! Entendons-nous : le camp de rééducation pour mal-pensants bien sûr.

Je vais vous dire : en démocratie, a raison celui qui a UN suffrage de plus que l’adversaire. Rien d’autre. On a donc toujours raison a posteriori. Marine Le Pen plus que Mélenchon en l’occurrence.

Le problème de Mélenchon (et sans doute le votre) est très simple à cerner : il se détermine non en fonction d’un but à atteindre, mais en fonction de ses présupposés idéologiques, la plupart (macro-économiques et géopolitiques) étant précisément déraisonnables lorsque l’on connait l’état réel des rapports de force mondiaux, ainsi accessoirement qu’un tant soi peut la nature humaine. 

C’est là toute la différence entre l’éthique de responsabilité et celle de conviction. Or les partisans de cette dernière se sont toujours révélés de piètre politique, voir de fieffés et notoires incapables. 

Ce qui explique tout à fait, rétrospectivement, les grossières erreurs de prospective d’un Mélenchon autant sur l’évolution pourtant prévisible de l’intégration supranationale européenne (il a reconnu lui-même s’être lourdement trompé sur la question), que sur celles, anthropologiques, concernant son soutient inconditionnel à la régulation massive des clandestins et à la poursuite d’une immigration de substitution de population en Europe, et singulièrement en France.

Il ne faut pas s’étonner dans ces conditions que les lambdas n’aient plus vocation à donner prime à son incompétence, en lui accordant de nouveau, en quelque sorte, le bénéficie du doute.

Quant à votre concept référence qui vous partagez avec lui, l’Universalisme, faisons remarquer - pure coïncidence fortuite – qu’il se marie très bien avec cette autre idée qui fonde le corpus idéologique post-marxiste de la gauche auquel il appartient : l’Internationalisme.

Faisons remarquer également que d’autres systèmes de pensée à travers le monde développent aussi leur propre notion d’universalisme et se l’approprient, un autre universalisme évidemment que le sien propre et le votre.

Ce qui est auto-contradictoire dans la juste compréhension de la notion même d’universalisme, puisque devant s’imposer nécessairement non seulement à toutes et tous, mais de tout temps et en tous lieux. En réalité et très logiquement, le simple fait que plusieurs systèmes de pensée et systèmes de valeurs revendiquent pour eux-même - et pour d’autres par leur vocation même - leur propre universalisme, tend à discréditer durablement sinon définitivement l’idée que l’universalisme soit un concept opérant et valide. Philosophiquement d’abord, géopolitiquement ensuite.

Cette réflexion est le point cardinal en mesure d’affecter en profondeur le corpus idéologique de M. Mélenchon par la contradiction fondamentale soulevée, et par principe il ne pourra y répondre. Sauf à se fourvoyer.

Car j’entends au lointain une objection qui consisterait à dire qu’un universalisme serait plus valable qu’un autre, et qu’il aurait par conséquent plus de légitimation à s’imposer. Outre qu’il ne répond en rien au paradoxe d’une logique formelle qu’il vient d’être soulevé et qui ont tous les jours des répercussions concrètes dans le monde géopolitique réel, cette pétition de principe vire au grotesque dans la mesure où elle n’est absolument pas en capacité de convaincre ceux auxquels elle est destinée, qui bien souvent ont fait profession de foi (pas moins d’ailleurs que ceux des loges acquis à l’universalisme républicain rassurons-nous..).

L’ensemble de son projet politique se déclinant en fonction de ses présupposés éminemment contestables, le reste ne fait plus sens selon moi. Autant pour établir un juste état des lieux au moyen de lunettes idéologiques à fort grossissement, que pour proposer une politique de civilisation crédible, nécessaire et cohérente.

Qui plus est ce discours – cette illusion - s’adossant précisément sur le postulat internationaliste de toute une partie de la gauche, fondé essentiellement sur la théorie matérialiste de solidarité des classes prolétariennes à l’échelle du globe et qui s’est révélé follement utopiste car réduisant dramatiquement le réel. Et le déniant même, entre autre paramètres fondamentaux : la logique des peuples et des cultures ancestrales, les processus d’identification, les sentiments d’appartenance nationaux et religieux, les communautés particulières de destin, les rapports de forces géopolitiques et idéologiques, les "visons du monde.

Internationalisme de gauche qui joua le rôle objectif d’idiot utile du Capital apatride par la caution morale apportée (pensons notamment au rôle des associations pseudo-antiracistes dont Mélenchon fut l’un des fondateurs, et ce n’est pas un hasard), et qui justifia toutes les dérives et les accentua même, et qui intronisa surtout l’Europe institutionnelle que nous connaissons à présent, cheval de Troie de la mondialisation et de l’ensemble de ses corollaires : dérégulation massive, désétatisation, suppression des frontières, libre-échange intégral, concurrence et consumérisme échevelés, destruction des systèmes sociaux les plus avancés (considérés comme avantage civilisationnel à l’époque il est vrai mais vu désormais, dans ce cadre mondialiste, comme pur handicap du point de vue de la rationalité économique et de ses agents).

En conclusion je dirai que vous (et d’autres) auriez tord de miser vos billes sur Mélenchon et son projet : après s’être fait balayé aux prochaines législatives (une humiliation en appelant une autre), il retournera dans son abyssale médiocrité politique d’où il n’aurait jamais du sortir, et sans doute de nouveau tâtera de la bouteille comme faisant suite au traumatisme de 2002 (l’ « éternel retour du réel » cher à Lénine), après tant et tant d’année à s’être trompé sur le monde qui l’environne par pure dissonance cognitive.

La citation de M.F. Garaud lui va d’ailleurs comme un gant : "je le croyais du marbre avec lequel on fait les statues, il est de la faïence avec lequel on fait les bidets".


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