Henrique Diaz,
Mélenchon s’est fait
humilier par Le Pen et ce alors même que vous pensiez qu’il puisse se trouver
au second tour et même remporter l’élection. Ubuesque.
Et c’est vous qui
prétendez vous revendiquer le chantre de la raison humaniste ? Et pourquoi pas
le tenant du « camp du Bien » aussi ?! Entendons-nous : le camp de
rééducation pour mal-pensants bien sûr.
Je vais vous dire : en
démocratie, a raison celui qui a UN suffrage de plus que l’adversaire. Rien
d’autre. On a donc toujours raison a posteriori. Marine Le Pen plus que
Mélenchon en l’occurrence.
Le problème de Mélenchon
(et sans doute le votre) est très simple à cerner : il se détermine non en
fonction d’un but à atteindre, mais en fonction de ses présupposés
idéologiques, la plupart (macro-économiques et géopolitiques) étant précisément
déraisonnables lorsque l’on connait l’état réel des rapports de
force mondiaux, ainsi accessoirement qu’un tant soi peut la nature humaine.
C’est là toute la
différence entre l’éthique de responsabilité et celle de conviction. Or les
partisans de cette dernière se sont toujours révélés de piètre politique, voir
de fieffés et notoires incapables.
Ce qui explique tout à
fait, rétrospectivement, les grossières erreurs de prospective d’un Mélenchon
autant sur l’évolution pourtant prévisible de l’intégration supranationale
européenne (il a reconnu lui-même s’être lourdement trompé sur la question),
que sur celles, anthropologiques, concernant son soutient inconditionnel à la
régulation massive des clandestins et à la poursuite d’une immigration de
substitution de population en Europe, et singulièrement en France.
Il ne faut pas s’étonner
dans ces conditions que les lambdas n’aient plus vocation à donner prime à son
incompétence, en lui accordant de nouveau, en quelque sorte, le bénéficie du
doute.
Quant à votre
concept référence qui vous partagez avec lui, l’Universalisme, faisons remarquer - pure
coïncidence fortuite – qu’il se marie très bien avec cette autre idée qui fonde
le corpus idéologique post-marxiste de la gauche auquel il appartient :
l’Internationalisme.
Faisons
remarquer également que d’autres systèmes de pensée à travers le monde développent
aussi leur propre notion d’universalisme et se l’approprient, un autre
universalisme évidemment que le sien propre et le votre.
Ce qui est
auto-contradictoire dans la juste compréhension de la notion même
d’universalisme, puisque devant s’imposer nécessairement non seulement à toutes
et tous, mais de tout temps et en tous lieux. En réalité et très logiquement, le
simple fait que plusieurs systèmes de pensée et systèmes de valeurs
revendiquent pour eux-même - et pour d’autres par leur vocation même - leur
propre universalisme, tend à discréditer durablement sinon définitivement
l’idée que l’universalisme soit un concept opérant et valide. Philosophiquement
d’abord, géopolitiquement ensuite.
Cette réflexion
est le point cardinal en mesure d’affecter en profondeur le corpus idéologique
de M. Mélenchon par la contradiction fondamentale soulevée, et par principe il
ne pourra y répondre. Sauf à se fourvoyer.
Car j’entends au
lointain une objection qui consisterait à dire qu’un universalisme serait plus
valable qu’un autre, et qu’il aurait par conséquent plus de légitimation à
s’imposer. Outre qu’il ne répond en rien au paradoxe d’une logique formelle
qu’il vient d’être soulevé et qui ont tous les jours des répercussions
concrètes dans le monde géopolitique réel, cette pétition de principe vire au
grotesque dans la mesure où elle n’est absolument pas en capacité de convaincre
ceux auxquels elle est destinée, qui bien souvent ont fait profession de foi
(pas moins d’ailleurs que ceux des loges acquis à l’universalisme républicain
rassurons-nous..).
L’ensemble
de son projet politique se déclinant en fonction de ses présupposés éminemment
contestables, le reste ne fait plus sens selon moi. Autant pour établir un
juste état des lieux au moyen de lunettes idéologiques à fort grossissement,
que pour proposer une politique de civilisation crédible, nécessaire et
cohérente.
Qui plus est ce
discours – cette illusion - s’adossant précisément sur le postulat
internationaliste de toute une partie de la gauche, fondé essentiellement sur la
théorie matérialiste de solidarité des classes prolétariennes à l’échelle du
globe et qui s’est révélé follement utopiste car réduisant dramatiquement le
réel. Et le déniant même, entre autre paramètres fondamentaux : la logique des peuples et des cultures
ancestrales, les processus d’identification, les sentiments d’appartenance
nationaux et religieux, les communautés particulières de destin, les rapports
de forces géopolitiques et idéologiques, les "visons du monde.
Internationalisme
de gauche qui joua le rôle objectif d’idiot utile du Capital apatride par la
caution morale apportée (pensons notamment au rôle des associations
pseudo-antiracistes dont Mélenchon fut l’un des fondateurs, et ce n’est pas un hasard), et qui justifia toutes les dérives et les accentua même,
et qui intronisa surtout l’Europe institutionnelle que nous connaissons à
présent, cheval de Troie de la mondialisation et de l’ensemble de ses
corollaires : dérégulation massive, désétatisation, suppression des frontières,
libre-échange intégral, concurrence et consumérisme échevelés, destruction des
systèmes sociaux les plus avancés (considérés comme avantage civilisationnel à
l’époque il est vrai mais vu désormais, dans ce cadre mondialiste, comme pur
handicap du point de vue de la rationalité économique et de ses agents).
En conclusion je
dirai que vous (et d’autres) auriez tord de
miser vos billes sur Mélenchon et son projet : après s’être fait balayé aux
prochaines législatives (une humiliation en appelant une autre), il retournera
dans son abyssale médiocrité politique d’où il n’aurait jamais du sortir, et
sans doute de nouveau tâtera de la bouteille comme faisant suite au
traumatisme de 2002 (l’ « éternel retour du réel » cher à
Lénine), après tant et tant d’année à s’être trompé sur le monde qui
l’environne par pure dissonance cognitive.
La citation de M.F. Garaud
lui va d’ailleurs comme un gant : "je le croyais du marbre avec lequel on
fait les statues, il est de la faïence avec lequel on fait les bidets".