Voici un commentaire écrit en 2009 à propos des suicides à FT, par quelqu’un appelé Ampère sur le site de Libération. J’espère qu’il ne m’en voudra pas de le reproduire mais ce commentaire est très intéressant
"Un peu d’histoire que les internautes ne connaissent pas forcément.
Lombard n’est qu’un lampiste qui de tout façon va partir en retraite.
Il faut se souvenir qu’après les investissements hasardeux de Michel
Bon, à la suite de l’effondrement de la bulle Internet c’est Breton qui a
été nommé à la tête de France Telecom. Or Breton a emmené dans ses
bagages Wenes et Barberot qui sont désormais Directeur pour la France et
DRH respectivement. Breton a mis en place une vaste politique de
restructuration pour récupérer du cash et désendetter la maison à tel
point qu’on a vendu les voitures, les bâtiments et généralisé la
sous-traitance. A la faveur d’un remaniement ministériel Breton devient
ministre des finances et il doit abandonner la direction de France
Telecom. L’homme es un fin calculateur, il sait bien que le poste qu’on
lui offre n’est qu’un contrat à durée déterminée. Il prévoit donc son
retour dans l’entreprise et met en place Lombard qui offre de nombreuses
garanties. Tout d’abord c’est un personnage sans relief, plutôt
bonhomme qui ne pourra pas faire un sale coup en douce. Ensuite, il est
déjà âgé et devra rapidement partir en retraite. Enfin il connaît bien
la maison, c’est un polytechnicien. Il apparaît a l’opposé des vendeurs
de supermarché qui ont dirigé la boutique et qui, au passage, l’ont
menée à la faillite. Le personnel pourrait donc être rassuré. Pour
assurer ses arrières, Breton donne aussi les vrais pouvoirs à
Louis-Pierre Wenes qui passe du poste de directeur des achats à celui de
directeur France et son collègue Barberot se trouve conforté au poste
de DRH. Ce scénario devait permettre à Breton de retrouver son poste
après l’élection présidentielle de 2007. Sauf que Breton est une nouille
en politique, il joue Villepin – Chirac contre Sarkozy et il perd. Non
seulement il perd son poste de ministre mais en plus comme il n’est pas
en odeur de sainteté et parce l’Etat est au conseil de France Telecom
(et l’Etat c’est Sarko) il perd définitivement son fauteuil de PDG. On
ne va pas le plaindre, il réussira peut-être en vendant des chaussettes
sur les marchés mais franchement son passage à la tête du groupe n’a
laissé que haine et désolation… A l’inverse de nos collègues disparus
personne ne le pleure celui là.
Lombard est donc resté PDG.
A
dire vrai je ne sais pas s’il a pris la grosse tête, lui qui depuis des
dizaines d’années était resté dans l’ombre, mais une chose me parait
certaine c’est qu’il s’est appuyé comme prévu sur Barberot et Wenes pour
restructurer la maison. On pourrait même parler de restructuration
permanente comme un mode de fornctionnement normal. Lombard traçait les
grandes lignes du plan Next en s’inspirant de la technologie et les
deux affidés de Breton se chargeaient de « motiver » le personnel. Mais
le choix qui a été commis c’est celui du bâton plutôt que de la carotte.
Il faut savoir qu’un fonctionnaire peut-être muté n’importe où pour
raison service. Autrement dit si un poste de technicien disparaît à
Marseille on peut très bien se voir proposer un poste identique à Lyon,
voire très différent ailleurs. Le lecteur qui appartient à la maison
sait très bien que des techniciens se sont retrouvés à vendre de la
daube estampillée Orange sur des plateaux téléphoniques avec comme seule
solution d’accepter ou de démissionner. A tous les petits malins qui
crachent sur les fonctionnaires de Ft-Orange je leur souhaite le même
destin arrivé à la cinquantaine… Il est évident qu’on ne peut pas
démissionner, ne serait ce que parce le boulot est désormais rare et
recherché. Les gens s’accrochent et ils craquent. Ce fut le cas sans
aucun doute de notre collègue d’Annecy. Les chiens, il ne me vient pas
d’autre mot, qui ont mise en œuvre avec brutalité ces restructurations
en s’appuyant sur la faiblesse du statut de fonctionnaire qui est moins
contraignant que le code du travail en matière de mobilité géographique
ou fonctionnelle, ces chiens se sont Barberot et Wenes ! Si Lombard
saute et qu’eux restent, il ne se passera rien. Il faut les dégager !
«
Demain Ft-Orange ne sera pas comme avant » lance un brin solennel
Lombard. Il serait bien inspiré de se taire parce au prochain suicide la
violence risque de se déchainer et il ne fera pas bon aller faire
l’humaniste désolé, le père de famille épleuré devant les collègues d’un
suicidé de France Telecom"