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Commentaire de jack mandon

sur Accomplir simplement... sainement s'accomplir


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jack mandon jack mandon 15 juillet 2012 21:53

Je me tiens à l’écart du débat entre deux êtres que j’apprécie sans bien les connaitre et regrette ce débat qui ne me parait pas essentiel, tant ils ont l’un et l’autre des choses merveilleuses a accomplir.

En revanche, je reviens vers Léo pour tenter une réponse à son questionnement.

Si nous tentions de revenir aux principes initiaux qui ont fécondé les religions, les cultures et les lois, comme ça, simplement par provocation.
Se mettre hors la loi mosaïque et de ses pâles copies qui font aujourd’hui tellement parler d’elles, se placer hors la loi des pluriels, se sentir inquiet à la montée de l’instinct grégaire, aux assauts du collectivisme demeurer insoumis. Entrer en liberté dans un centrage adulte.

Revenons à notre homme providentiel, le Samaritain, je l’imagine un peu rond, avec un turban rouge sur la tête, pour égayer un peu. Il marche d’un bon pas, c’est un solide gaillard qui semble déterminé, peut-être un modeste commerçant qui se rend au marché pour son petit commerce mensuel.

Les chemins de l’époque ne sont pas sécurisés, il est donc courageux.

Comme dans le nom de la rose, je joue à frère Guillaume, je mène mon enquête

Guillaume de Baskerville, ce n’est pas interdit de s’amuser.

C’est un guerrier spirituel, il ne le sait pas et c’est sans importance. Dans cet état d’esprit, il est attentif à tout, au danger, à la misère, aux autres, à l’autre.

C’est un homme pratique, il agit. Peut-être qu’il possède, dans les sacs posés sur le dos de son âne, du vin pour désinfecter les plaies du malheureux, de l’huile pour masser ce pauvre corps meurtri étendu sur le chemin.

L’homme qui vit dans la nature a le geste juste, le bon réflexe, son efficacité est naturelle et se transmet d’instinct de père en fils.

La gratuité du geste s’inscrit dans l’empathie. Il sait que cet homme au-dessus duquel il pratique les premiers soins ce pourrait être lui. Il est plein de compassion comme une mère qui fait son enfant, comme elle il sait d’instinct que cet homme le prolonge, comme la mère il s’aime dans ce geste vital.

Tout ça est tellement simple, tellement sain que les théologiens eux-mêmes n’en perçoivent pas l’essentiel en s’égarant dans des considérations morales qui écornent, voire déforment le message.

Bon ce n’est pas tout, le Samaritain a un projet, une activité, il remet maintenant le blessé dans les mains d’un hôtelier en lui donnant des consignes. Il a materné, il paterne et promet de repasser. Il poursuit sa route, il assume sa vie.

Quel est le sens du message ?

Donner du temps à la personne en difficulté et, pour la personne qui reçoit, le souvenir attendri, une pensée d’amour ?

Ce Samaritain est étranger au cadre du savoir biblique, étranger au caractère apostolique formel et conventionnel. Intentionnellement, c’est un étranger.

Pas de réelle gratuité du geste. Entrer en contact avec l’autre c’est voir chez lui notre miroir. L’autre est un autre nous-même. S’aimer chez l’autre.

Le Samaritain a donné de son temps, de son affection, de son aide sans rien recevoir en retour... le blessé pourra faire de même en pareilles circonstances.

Au hasard des chemins, si nous rencontrons un être en difficulté, tentons de nous reconnaître.

J’ai le souvenir que dans un train qui revenait d’Italie, j’ai rencontré un prof qui rentrait d’un séminaire consacré à l’iconographie. Il me révéla que dans une présentation médiévale, relative à la parabole du Samaritain, les illustrations successives présentent la particularité suivante : le Samaritain apparaît sous les traits présumés de Jésus, assume les soins et disparaît. On le voit de dos s’éloignant.

Maintenant, c’est l’hôtelier qui occupe la scène, curieusement, il a le visage présumé de Jésus, puis il disparaît avec le blessé dans sa maison.

Plus tard, sur le seuil de l’hôtellerie, notre convalescent se présente... devinez l’empreinte de son visage ? Eh oui bien sûr, c’est comme une chaîne de solidarité dans sa permanence et sa continuité, il a le visage de Jésus.

« Aime ton prochain comme toi-même. »

J’eusse aimé que le curé de mon village nous contât de belles histoires édifiantes comme celle-ci, il nous faisait la morale et nous donnait des coups de triques tant notre agitation était grande devant le manque qu’éveillait son discours.

Déjà la communication était en marche comme dans Agoravox.

 

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