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Commentaire de Pierre Régnier

sur Lettre ouverte aux évangélisateurs de l'Année de la foi


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Pierre Régnier Pierre Régnier 31 août 2012 19:56


@njama

Sur ce que, selon vous, je suis censé ne pas savoir :

Vous dites "Avant la guerre 45 les juifs étaient les assassins du Christ ! les enfants apprenaient ça au catéchisme, des personnes de ma famille m’en ont témoigné".

Etant un peu plus âgé que vous, c’est ce que j’ai entendu moi-même au catéchisme et à la messe.

Et voici ce que j’écrivais dans un petit essai de mars 2000 (Désacraliser la violence religieuse) :

 

"Dès son origine l’église catholique, traduisant dans les faits le terme grec « katholicos » par « totalitaire » plutôt que par « universel » a, sur le problème de la violence, non seulement annulé le progrès amené par Jérémie et Ezéchiel (*) mais introduit une épouvantable aggravation de la conception énoncée par le "Dieu jaloux« de l’Exode. Son nouveau dogme de »Jésus homme-Dieu" l’a amenée à considérer logiquement que ceux qui l’avaient condamné à mort étaient « déicides » mais elle n’a pas arrêté là sa folie interprétative. Elle a décidé que ce n’étaient pas seulement les quelques juifs qui, avec Pilate, avaient effectivement prononcé la sentence qui se faisaient ainsi déicides mais aussi tous leurs contemporains juifs qui refusaient le nouveau dogme. Puis elle est allée beaucoup plus loin encore : seraient aussi déicides tous leurs descendants. Et pas seulement jusqu’à quatre générations : presque vingt siècles plus tard ceux des juifs qui continuaient toujours la tradition de l’AT étaient encore considérés comme déicides par le catholicisme papiste."

 

 

Vous dites « le virage de l’Église au »judéo-christianisme" est très récent".

Non. Le catholicisme a affirmé dès son origine qu’elle se situait dans la continuité du judaïsme, mais profondément modifié par Jésus et la "nouvelle alliance" avec Dieu.

Certains catholiques croient d’ailleurs que c’est ce que je reproche à mon ancienne religion.

Non. Ce que je lui reproche c’est de n’avoir pas rejeté la conception violente de Dieu qu’avaient les auteurs de l’Ancien Testament. Jésus - qui s’est lui-même situé dans la continuité de la religion qu’il voulait radicalement réformer - s’est efforcé de leur faire comprendre qu’il fallait le faire. Il a donné sa vie pour ça. L’Eglise naissante ne l’a pas fait, elle a seulement affirmé qu’il ne fallait PLUS pratiquer la violence prétendument voule par Dieu à l’époque de l’AT, ce qui n’est pas du tout la même chose. Et elle a réaffirmé que cette prétendue violence divine était bien telle et qu’elle était juste en son temps.

 

C’EST SELON MOI A CE MOMENT DE L’HISTOIRE RELIGIEUSE  - IL Y A UN PEU PLUS DE 15 SIECLES - QUE SE  DECIDE TOUTE LA VIOLENCE EFFECTIVEMENT PRATIQUEE AU NOM DE DIEU PAR LA SUITE ET JUSQU’A NOS JOURS.

 

D’une part, en effet, ceux qui ont massacré par la suite au nom du christianisme l’ont fait en pensant que, dans certaines circonstances Dieu voulait des massacres… puisque l’Eglise nouvelle le leur avait réaffirmé, en trahissant Jésus et en n’appliquant que la moitié de son message totalement pacifiste (et pas seulement pacifique).

 

D’autre part on peut penser que, dans les siècles qui ont suivi cette erreur tragique, si celle-ci n’avait pas été commise l’islam n’aurait pas pu être mis en place par le prophète Mohamed.

En tous cas pas tel qu’il est (avec sa réaffirmation de la violence prétendument voulue par Dieu et prétendument juste DANS L’AVENIR JUSQU’A LA TOTALE SOUMISSION DE LA TERRE ENTIERE AU « SEUL VRAI DIEU », LE NOUVEAU, LE DIEU ALLAH).

 

Les Pères de l’Eglise « chrétienne » ont donc été responsables à la fois de la violence interne au christianisme et, partiellement et indirectement, de la violence islamique.

 

Mais le pire, pour nous et pour ceux qui nous succèderont, c’est que l’Eglise actuelle, enfin débarrassée de son monstrueux antisémitisme et améliorée sur bien des points par Vatican II S’ENTÊTE, PAR DOGMATISME, A PERENNISER LA TRAGIQUE ERREUR D’IL Y A 15 SIECLES.

C’est explicite dans ce que vous appelez "le catéchisme moderne auquel je fais allusion".

 

Vous dites encore que « l’islam n’est pas prosélyte ». Là, c’est tellement grotesque que ça ne mérite même pas une ligne de commentaire.

 

(*) J’avais, juste avant, rappelé les passages de l’AT où ces deux prophètes rejetaient la croyance inscrite dans le Décalogue selon laquelle "le Dieu jaloux châtiait la faute des pères sur les fils, sur la troisième et sur la quatrième génération"


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