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Commentaire de Corinne Colas

sur Sport adapté : le parent pauvre des Paralympiques ?


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Corinne Colas Corinne Colas 12 septembre 2012 08:02

Même si diplomatie oblige, la hache de guerre semble enterrée... le combat est loin d’être terminé. La discrimination entre handicapés existe bel et bien, cela sous fond de guerre du fric aussi. Pour aller au-delà du politiquement correct de cet article, un rappel de certains faits dans la réponse mesurée de la FFSA en 2008

http://www.handispace.com/magtv/aff_video_mag?num_vid=65 

où l’on constate que le problème caché, c’est bien aussi le partage financier. Le quota de 4000 handicapés ne pouvant être dépassé, 500 athlètes handicapés « mentaux » réintégrés, c’est forcément 500 handicapés physiques en moins. 

Les 3500 restant, semblant ne pas suffire aux appétits d’Handisport, il fallait ajouter le spectre de la peur du « fou », du « débile » pour rendre légitime l’exclusion du sport adapté. 

Et récidive !

Personne n’a oublié les propos ignobles de Gérard Masson (Fédé. Handisport) lors des JO de Pékin, à la question sur la réintégration des handicapés mentaux aux Jeux Paralympiques de 2012 à Londres :

 « Aujourd’hui, on n’est pas prêts à cela. Les sportifs handicapés physiques en ont très peur, ils ne veulent pas concourir avec les handicapés mentaux. En termes d’image, on y perdrait beaucoup. ». 

On sait donc que perdre une jambe ou naître sans bras, n’empêche aucunement les préjugés à l’égard de tout ce qui touche « le ciboulot ». Autisme avec ou sans retard mental, déficience mentale, maladie mentale ou psychique, troubles neurocognitifs, troubles des apprentissages…bah… tout ça, c’est la même chose. Surtout, ne nous en approchons pas, des fois qu’on croirait qu’on leur ressemble sauf que nous, on n’est pas si bête. Pourtant le QI qui mesure bien « l’intelligence, a ses limites puisque la notion même de l’intelligence n’est pas si simple à appréhender.

 Un QI de 75 signifie plutôt que les apprentissages sont si difficiles qu’il est inutile d’économiser pour l’entrée de fifils ou fifille  plus tard à Polytechnique ou l’Ecole des mines toutefois il n’est pas un frein à »l’intelligence« et à la sensibilité.

 Il suffit d’écouter Alicia Mandin pour s’en convaincre :

http://www.rtl.fr/video/emission/le-choix-de-yves-calvi/alicia-mandin-athlete-paralympique-je-remercie-les-francais-pour-leur-soutien-7751988443

 »L’intelligence présente de multiples aspects, elle est multifonctionnelle et elle est culturellement définie. Certains aspects de l’intelligence sont universels, tandis que d’autres dépendent des tâches adaptatives dans une société particulière."

En conséquence, ne nous leurrons pas ! Contrairement aux idées reçues, être handicapé ne donne pas un ticket gratuit pour les Jeux Paralympiques. Comme pour les JO, ce sont les meilleurs des meilleurs qui y accèdent y compris pour ceux issus de la Fédération Française du sport adapté. 

Si malgré leur QI inférieur à celui de Mr Masson d’Handisport, les athlètes du sport adapté grâce à  leur immense talent et leur courage, sont capables d’accéder au haut niveau, il est inadmissible de leur refuser d’accéder aux Jeux paralympiques. Comme pour tout athlète, les JO ne sont pas un but en soi mais bien un objectif comme un autre.

Rappelons qu’en 2012, ils n’ont été autorisés que dans trois disciplines. Après tant d’absence, c’est mieux que rien mais cela ressemble assez à une aumône.

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Annexe

Qu’est-ce que le haut niveau sportif ?

«  le haut niveau sportif se définit aussi à partir de critères objectifs : la nécessité de réaliser une performance minimale pour être sélectionné, l’aptitude à voyager hors frontières, enfin le fait de représenter un enjeu économique voire politique en sont les traits principaux. Au registre des critères subjectifs, la capacité de gérer à un haut degré d’intensité le stress de la compétition, la frustration du résultat ou l’exaltation de la victoire s’avère essentielle. » ( C. Carrier, Le haut niveau dans les disciplines à maturité précoces : question de santé, dans Sport et santé, Paris, ed. prévenir n° 34, 1998, p 93-100.)

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Pour en savoir plus, lire Roy Compte « Les sportifs handicapés mentaux face au sport de haut niveau : le regard des acteurs », Reliance 1/2005 (no 15), p. 71-81. URL : www.cairn.info/revue-reliance-2005-1-page-71.htm

DOI : 10.3917/reli.015.0071. 


Depuis cette étude, du chemin a été parcouru... Désormais  68 sportifs bénéficiant du statut Ministériel de sportif de haut-niveau sont issus de la FFSA.

Le message à retenir n’est pas « si on veut, on peut » car il n’est pas question de minimiser le handicap ou de faire du prosélytisme, genre « être handicapé, c’est génial », ce qui est faux. Le message, c’est plutôt « quand on peut, il n’est pas normal de nous l’interdire ». 

La devise des sportifs à l’occasion des jeux olympiques spéciaux (tout aussi ignorés), c’est :

"« Donnez-moi l’occasion de gagner. Mais si je n’y arrive pas, donnez-moi la chance de concourir avec courage. » 

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