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Commentaire de lionel

sur Mahomet, le prophète au visage voilé


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lionel 26 septembre 2012 21:02

J’ai traduit cet article il y a quelque temps, si la suite vous intéresse, je l’envois par épisode. L’original, en Anglais, est aisé à trouver.

QU’EST-CE QUE LE CORAN ?

Par Toby Lester

Publié sur la version numérique de « The Atlantic Monthly » en 1999

Lors de la restauration de la Grande Mosquée de Sanaa en 1972, des ouvriers qui travaillaient dans un aménagement entre la structure interne et les toit extérieur, sont tombés sur un site funéraire remarquable, bien qu’alors ils n’en avaient pas encore conscience. On peut excuser leur ignorance : Les mosquées n’abritent normalement pas de tombes domestiques et ce site ne contenait ni pierre tombale, ni restes humains, ni même aucun bijou funéraire.  Il ne contenait rien de plus qu’une sorte de pâtée de vieux parchemins peu attrayante et des documents papiers, des livres endommagés et des pages individuelles de textes Arabes, collés les uns les autres par des siècles de pluie et d’humidité, rongés au fil du temps par les rats et les insectes. Dans leur volonté d’effectuer la tâche qui leur avait été confiée, les ouvriers rassemblèrent les manuscrits, les pressèrent entre des sacs à pommes de terre et les mirent à côté sur les escaliers d’un des minarets de la Mosquée où ils furent enfermés et où, ils seraient à nouveau tombés dans l’oubli, s’il n’y avait pas eu Qadhi Isma’il-Akwa, alors président de l’administration des Antiquités Yéménites qui réalisa l’importance potentielle de la découverte. 

Certaines des pages de parchemin du trésor Yéménite semblaient dater du septième et du huitième siècle Chrétien ou du deuxième siècle de l’Islam. Il s’agissait de fragments de ce qui est peut être les premiers Corans en existence. De plus, certain de ces fragments révélaient des aberrations, petites mais intrigantes, par rapport au texte Coranique standard. De telles aberrations, bien qu’elle ne surprennent pas les historiens textuels, sont troublantes et en contradiction avec la croyance Musulmane orthodoxe que le Coran, tel qui nous est parvenu jusqu’à aujourd’hui, est tout simplement la Parole parfaite, hors du temps et inchangée de Dieu.

L’effort de réinterpréter le Coran, en partie fondée sur des preuves textuelles telles celles apportées par les fragments yéménites est essentiellement séculier et cela est dérangeant et offensant  pour de nombreux Musulmans, tout comme les tentatives de réinterprétation de la Bible ou de la vie de Jésus le sont pour de nombreux Chrétiens conservateurs. Néanmoins, il y a des chercheurs, parmi eux des Musulmans, qui ressentent qu’un tel effort, qui revient principalement à restituer le Coran dans l’histoire, fournira un carburant pour une forme de revivification Islamique, une réappropriation de la tradition, un mouvement vers l’avant grâce à un regard en arrière. Bien que confinée à des discutions entre chercheurs, cette sorte de pensée peut néanmoins être très puissante et – tout comme le démontre l’histoire de la Renaissance et de la réforme –peu conduire à des changements sociétaux majeurs. Après tout, le Coran est aujourd’hui les texte idéologique qui a le plus d’influence dans le monde.

À la recherche des fragments

La première personne à consacrer un temps important à l’examen des fragments Yéménites fut en 1981, Gerd-R. Puin, un spécialiste en calligraphie Arabe et en paléographie Coranique, de l’université de Saarland à Saarbrücken, en Allemagne. Puin, qui avait été envoyé par le gouvernement Allemand pour organiser et superviser le projet des restaurations, reconnu l’antiquité de certains fragments de parchemins et son inspection préliminaire révélait une mise en ordre non conventionnelle des versets, des variations textuelles mineures ainsi que des styles orthographiques rares et un embellissement artistique. Les feuilles des écrits saints, écrites dans le script rare Arabe Hidjazi précoces, se révélaient aussi du plus grand intérêt : des morceaux des Corans les plus anciens existants à ce jour qui étaient de même des palimpsestes, c’est à dire des versions ayant été clairement écrites sur des versions effacées. Puin commença a ressentir que ce que les Corans Yéménites semblent suggérer un texte en évolution plutôt que simplement, la Parole de Dieu ayant été révélée dans son entièreté au Prophète Mohammad au septième siècle de l’ère Chrétienne.

Depuis le début des années 1980, plus de 15000 feuilles des Corans Yéménites on été douloureusement aplatis, lavés, traités et assemblés. Elles sont maintenant en attente d’un examen détaillé dans les locaux de la Maison des Manuscrits du Yémen (« préservés pour milles ans supplémentaire » comme aime à le dire Puin). Pourtant, les autorités Yéménites ont semblés accorder peu d’enthousiasme à cette initiative. « Ils veulent garder un profil bas, tout comme nous d’ailleurs, bien que se soit pour d’autres raisons », explique Puin. « Ils ne veulent pas attirer l’attention sur le fait que des Allemands ainsi que d’autres personnes travaillant sur les Corans. Il ne veulent pas que le publique sache que ces travaux existent, comme la position Musulmane est que tout ce qui avait à dire sur le Coran, l’a été il y a mille ans ». 

À ce jour, seul deux chercheurs ont eu un droit d’accès aux fragments Yéménites : Puin et son collègue H.C. Graf Von Bothmer, un historien de l’art Islamique, lui aussi de l’université de Saarland. Puin et Von Bothmer n’ont publié que de brefs articles fascinants dans des publications spécialisées, au sujet de ce qu’ils ont découvert dans les fragments Yéménites. Ils ont montré peu d’enthousiasme à les publier, en parti à cause du fait que jusqu’à très récemment, ils étaient plus occupés à trier et à classifier les fragments qu’à les examiner systématiquement et aussi parce qu’ils ressentaient que les autorités Yéménites leur auraient refusées l’accès aux documents si elles avaient réalisé les implications possibles de la découverte. Malgré cela, dès 1997, Von Bothmer avait déjà achevé la tâche de mettre sur micro-film 35000 photos de fragments et il les avait ramené en Allemagne. Cela signifie que Von Bothmer, Puin ainsi que d’autres chercheurs, pourront bientôt avoir la chance de pouvoir étudier les textes et de publier leur résultats en toute liberté (une perspective qui excite Puin). « Tant de Musulmans, ont la croyance que tout ce qui se trouve entre les deux pages de couverture du Coran est la voix non altérée de Dieu » dit-il. « Ils aiment citer le travail textuel qui montre que la Bible a une histoire et qu’elle n’est pas tombé directement des cieux mais jusqu’alors, le Coran n’est jamais entrée dans cette discussion. La seule façon de la susciter, est de prouver que le Coran à lui aussi une histoire. Les fragments de Sana’a vont nous aider dans ce sens ».

Puin n’est pas le seul à partager cet enthousiasme. « L’impact des manuscrits Yéménites ne s’est toujours pas fait sentir » dit Andrew Rippin, un professeur d’études religieuses de l’Université de Calgary et qui est à la pointe des études Coranique à ce jour. « Les variations de lectures et de celles de l’ordre des versets sont très significatives. Tout le monde s’accorde sur ce fait. Ces manuscrits racontent que l’histoire des débuts du texte Coranique reste une question bien plus ouverte que l’on ne le suspectait : Le texte était moins stable et par conséquent il avait moins d’autorité qu’on ne l’a proclamé ».


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