Bonjour, Provola.
En l’état des connaissances, bien incomplètes, des dessous de cette ignoble « ratonnade » perpétrée sur des manifestants pacifiques, rien ne permet de mettre en cause De Gaulle, pas plus d’ailleurs que Debré, cela dit sans la moindre sympathie pour ces personnages. Qu’il y ait eu des consignes non écrites de fermeté données à Papon, c’est probable, mais il est aberrant que l’on puisse penser que des ordres de massacre aient été transmis par l’exécutif au préfet de police. Je pense donc sincèrement que l’on fait, par allusions et sous-entendus, un très mauvais procès à De gaulle et Debré.
Mon explication réside tout simplement dans les ordres ambigus donnés par Papon aux forces de police envoyées pour réprimer la manifestation. Entre le désir d’en découdre des flics, chauffés à blanc dans un climat d’extrême-tension, et la haine anti-arabe suscitée par les attentats de l’OAS, c’est à un hallucinant dérapage que l’on a assisté. Le pouvoir n’avait rien à gagner avec un tel déferlement de violence meutrière, et c’est pour cela que tout a été fait pour occulter ce massacre dans les médias. A contrario, le pouvoir aurait gagné, à l’époque, à montrer sa fermeté vis-à-vis des manifestants algériens, fût-ce en cabosssant quelques individus et au risque d’une bavure individuelle. Le bilan de cette tragédie montre que les autorités ont été totalement dépassées.