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Commentaire de Pierre Régnier

sur Racisme : Une plaie purulente !


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Pierre Régnier Pierre Régnier 24 octobre 2012 22:11


Allez j’ose :

 

L’enfant kabyle

 

Ce fut ma première chanson. A vingt ans on m’envoya faire la guerre en Kabylie. Mais j’eus la grande chance de ne pas la faire vraiment, car on fit de moi un instituteur. A mon retour en France, les enfants de mon école prirent une grande place dans le recueil de mes photos d’ancien soldat, que je titrai "Souvenirs de paix". Puis, à Paris, au début des années 60, ils m’inspirèrent cette chanson, sur un peuple qui m’avait beaucoup donné.

 

 

Ils nous bâtissent nos maisons

ils nous lavent notre voiture

ils nous enlèvent nos ordures

ils balaient sous notre balcon

 

le teint plus foncé que le nôtre

et pourtant livides en dessous

souvent maigres comme des clous

ni plus ni moins braves que d’autres

 

ils sont pourtant beaucoup moins hommes

à ce que l’on entend souvent

on leur consent pour logement

pas des niches mais c’est tout comme

 

et pourtant pourtant

il est peut-être parmi eux

l’enfant kabyle

qui m’avait permis d’espérer

au temps où j’étais appelé

dans le bourbier.

 

 

Dans la poche du pantalon

une photo de l’outre-mer

le portrait d’une vieille mère

aux rides qui en disent long

 

ils portent sur eux leur fortune

une identité pour la loi

un récépissé de mandat

peu d’argent beaucoup d’amertume

 

et puis cet air d’être coupables

à ce que disent les bourgeois

cet air d’être comme chez soi

de s’inviter à notre table

 

et pourtant pourtant

il est peut-être parmi eux

l’enfant kabyle

qui m’avait permis d’espérer

au temps où j’étais appelé

dans le bourbier.

 

 

S’ils sont un peu plus que polis

s’ils font silence sous l’injure

s’ils n’ont pas trop brillante allure

on ne leur fait pas trop d’ennuis

 

mais s’ils méprisent le mépris

s’ils osent prendre la parole

quelqu’un leur crie fermez vos gueules

ici c’est pas votre pays

 

et puis sans plus d’explication

on leur fait passer la frontière

et dans leur pays de misère

ils se retrouvent en prison

 

et pourtant pourtant

il est peut-être parmi eux

l’enfant kabyle

qui m’avait permis d’espérer

au temps où j’étais appelé

dans le bourbier.

 

paroles et musique de Pierre Régnier

(extrait de »Mourir moins sale", éd. P.J.Oswald 1976)


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