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Commentaire de Morpheus

sur ACTIO POPULI


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Morpheus Morpheus 27 octobre 2012 10:29

Je crois, sans vouloir vous vexer, Éric, que vous vous trompez. L’apathie et la « bêtise » des peuples viens essentiellement du fait qu’on déresponsabilise les gens, qu’on les infantilise. Dans un système basé sur les hiérarchies sociales, les gens ont tendance à se comporter comme on attend qu’ils se comporte selon leur statut social.

Cela a notamment été démontré dans une expérience où des élève indiens (d’Inde), pour moitié de caste inférieure, pour l’autre moitié de caste supérieure, passent un test de connaissances : placé dans une même classe, mais ne sachant pas de quelle caste ils sont, les résultats des élèves de la caste inférieure sont légèrement meilleures que ceux de la caste supérieure ; mais les mêmes, dans la situation où ils savent que l’autre moitié de la classe est de la caste supérieure, leurs résultats s’effondre : cela montre le complexe et l’assimilation au rôle social ; puisqu’ils sont de caste inférieure, il ne peuvent pas avoir de bons résultats, et l’estime de soi chute.

Une autre expérience a été faite, au USA cette fois. Des élèves, tous issus d’écoles pour surdoués, des cracs qui écrasent tous les premiers de la classe « normaux », sont placé dans une même classe et on pratique un système d’évaluation par points. Une hiérarchie sociale artificielle se crée, exactement pareille à la hiérarchie de n’importe quelle classe : des très bons, des moyens et des mauvais. Dans un autre contexte, où l’on ne pratique pas d’évaluation fondée sur des cotations, le travail et l’apprentissage en synergie se développe, augmentant considérablement le niveau moyen de toute la classe ...

Lorsque l’on fait confiance à quelqu’un, on incite cette personne à bien faire, et dès lors elle développera les qualités nécessaires pour remplir au mieux la tâche qui lui est dévolue. A contrario, dites à des gens qu’ils sont des incapables, qu’ils sont stupides, qu’ils sont bêtes et vous pouvez être sûr qu’ils se comporteront comme tel. Cela dit, l’erreur fondamentale de nos Constitutions, c’est qu’elles ne remplissent pas leur rôle : au lieu de protéger les citoyens contre les abus de pouvoir (la raison d’être d’une constitution), elles rendent les citoyens impuissants politiquement. Rien d’étonnant à cela, puisque ce sont les mêmes personnes (politiciens, légistes, juges, hommes et femmes de pouvoir) qui doivent craindre la Constitution qui l’écrivent : ils sont en conflit d’intérêt.

L’erreur inhérente au système électif est d’attendre des élus qu’ils se comportent de façon vertueuse, alors que par le mécanisme même de l’élection (qui consiste à séduire le plus d’électeurs possibles) et de la professionnalisation (qui fait que pour durer en politique il faut être réélu), les candidats aux élections sont amenés à mentir, tricher et manipuler les opinions. Une bonne constitution ne repose pas sur la vertu supposée ou attendue de tel ou tel candidat (précisément ce que fait notamment la Ve république, se fondant sur la vertu de De Gaulle), mais repose sur des mécanismes constitutionnels qui mènent les représentants à se comporter de manière vertueuse, ou à être sévèrement sanctionné s’ils ne le font pas. Une Constitution est un CONTRAT social, or un contrat repose toujours sur la défiance : on y envisage ce qui peut se passer dans le pire cas, non dans le meilleure (aucun assureur ne me contredira). C’est de cette manière, et seulement de cette manière qu’on peut se prémunir contre la tyrannie et l’abus de pouvoir.

Mais nous laissons, depuis deux cent ans, les Constituions être écrites par les professionnels de la politique et du droit : ceux-là même qui doivent craindre la Constitution. Ce n’est pas aux gens de pouvoir d’écrire les règles du pouvoir ; c’est au peuple d’écrire ces règles fondamentales.

Pour répondre à votre dernière question, je vous invite à lire "Gestion de proximité et démocratie participative : les nouveaux paradigmes de l’action publique ?" de Yves Sintomer. Vous découvrirez que des personnes lambda, issus de la société civile, tirés au sort, sont capables de se rendre compétent afin de s’emparer de sujets complexes comme les OGM ou le nucléaire.

Cordialement,
Morpheus


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