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Commentaire de Morpheus

sur ACTIO POPULI


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Morpheus Morpheus 30 octobre 2012 10:36

(suite)

Cous dites ensuite, Eric, que l’approche d’Étienne Chouard revient à « ne pas croire en l’homme ». C’est exactement le contraire ! Étienne Chouard, dans ses propositions, croit tellement en l’homme qu’il veut leur rendre leur pouvoir. Il considère chacun comme capable de décider pour lui-même et, réunit en assemblée ou tiré au sort pour exercer un mandat de magistrat au service de la communauté, définir une politique d’intérêt général.

C’est le système oligarchique, élitiste, dans lequel nous sommes qui ne croit pas en l’homme. Le système électoral exige que les électeurs (le grand nombre) accorde sa confiance dans les dirigeants élus, alors même que ces élus - et leurs « sponsors » - (le petit nombre) ne cessent de montrer une défiance de plus en plus grande à l’égard du peuple. Dans notre système, le peuple est considéré comme incapable, il est infantilisé et réduit à choisir ses maîtres.

Croire en l’homme ne consiste pas à « dénicher les « perles rares » afin de les porter au pouvoir pour qu’ils accomplissent le bien commun ». Ce que vous décrivez correspond bel et bien à une pensée élitiste, qui considère la majorité des hommes comme des médiocres. Quand bien même dénicheriez-vous ces « perles rares » et les porteriez-vous au pouvoir, la seule chose qui adviendrait, à coup sûr, c’est la ruine de ces perles qui, gagnée par la corruption du pouvoir, se transformerait bien vite en « perles noires ». Le pouvoir est une drogue, une drogue dure, car le pouvoir n’est pas dans la nature humaine, il est proprement inhumain. Il y a déjà un moment que j’ai compris l’illusion (et la perversion) de la quête du monarque éclairé.

Croire en l’homme, c’est tout d’abord accepter sa complexité. C’est accepter que chacun possède une part d’ombre et une part lumineuse, et c’est comprendre que la caractéristique commune de tous les êtres humains n’est ni le bien ni le mal, ni la collaboration ni la compétition, mais la faculté de s’adapter aux conditions de son environnement socioculturel. Dans un environnement anxiogène, où règne la compétition, la rareté, la violence, l’agression, l’homme acquiert (peu ou prou) des comportements en phase avec ces critères ; dans un environnement stimulant, bienveillant, ou règne l’abondance et la collaboration, il développera pareillement des comportements en phase avec ces conditions : c’est une simple question se survie. On s’adapte toujours à l’environnement qui nous conditionne.

Or, l’environnement socioculturel n’est pas une fatalité. Nous participons à son élaboration, ou pour être plus juste, ceux qui déterminent dans quel système d’organisation sociale nous allons évoluer déterminent le contexte socioculturel dans lequel nous allons évoluer. Il est donc essentiel, si nous voulons agir sur le contexte socioculturel, que nous reconquérions notre pouvoir collectif.

Actuellement, le pouvoir oligarchique est parvenu à un point jamais égalé dans son autonomie. Il possède tous les outils de domination, contrôle tous les rouages des pouvoirs - y compris la presse et les médias de masse, il dirige l’économie et la création monétaire, bref : il est tout puissant et il ne rend aucun compte de ses actes aux électeurs. L’oligarchie politico-financière façonne et domine largement le spectre socioculturel.

Croire en l’homme, c’est lui rendre le pouvoir qui lui a été volé de longue date par les voleurs de pouvoir, afin qu’ensemble, nous déterminions le spectre socioculturel dans lequel nous voulons évoluer.

Cordialement,
Morpheus


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