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Commentaire de MUSAVULI

sur Hollande au Congo : la France doit tenir bon


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MUSAVULI MUSAVULI 30 octobre 2012 16:56

Cher Mwana Mikombo,
Je continue toujours à partager votre réflexion sur le fond. Il faut progressivement bâtir un espace de fraternité entre Africains au-delà des frontières héritées de la colonisation. Cela ne règlera pas tous les problèmes du Continent Noir mais permettra d’en régler au moins deux : le premier étant celui du regard que chaque Africain devra, dès lors, porter sur l’autre : un frère, une sœur, un ami, un compatriote du même Continent,... Ce sentiment est déjà assez répandu dans les milieux des « exilés » africains que je rencontre en Europe. Camerounais, Nigérians, Congolais, Sénégalais,... dans les universités, les entreprises, sur les marchés et dans la vie de tous les jours, se regardent, avant tout, comme frères et sœurs. Vous savez pourquoi ? Eh bien parce qu’il s’est passé ce que vous préconisez : en France, il n’y a pas de frontière entre Africains. Ils vivent tous dans un même espace : la France.

Le deuxième problème que réglera l’effacement des frontières sur le Continent africain est la mise en commun des potentialités. Certaines régions sont propices à l’agriculture, d’autres à l’élevage. Certaines régions sont propices à une certaine agriculture (céréales), mais pas à une autre (légumes, fruits,...) Certaines régions sont riches en ressources minières Katanga (RD Congo) et d’autre propices aux constructions des grands chantiers industriels (régions côtières sur l’Océan Indien ouvertes à l’exportation vers le marché asiatique, côtes de l’Ouest ouvrant sur le marché occidental), certaines régions disposent d’un énorme potentiel en main-d’œuvre (Rwanda, Kinshasa, Nigeria, ...) d’autres sont riches en ressources, mais en carence de main-d’œuvre potentielle,... Vous pouvez multiplier les exemples et réaliser à quel point l’ouverture des frontières permettrait d’exploiter les potentialités du Continent rien que sur la base des « complémentarités ». Pensez également aux retrouvailles entre « peuples » autrefois « divisés » par les colons. Les Allemands ont accepté de payer des centaines de milliards d’Euros pour retrouver leurs frères et sœurs enfermés de l’autre côté du Mur de Berlin. Les Coréens rêvent tous les jours de pouvoir un jour se retrouver. En Afrique, un Mokongo du Congo-Kinshasa doit payer un visa pour aller parler à un autre Mukongo du Congo-Brazza ou d’Angola. Un Muyira/Nande du Congo doit payer et se faire fouiller pour aller parler à son congénère enfermé derrière la frontière ougandaise. Un Tutsi et un Hutu ne sait plus quoi faire entre le Congo et le Rwanda, deux pays en guerre qui imposent à chacun de ces « frères et sœurs » rwandophones de choisir son camp. Tout ceci est ridicule, et, je crois avec vous, que nous arriverons à dépasser ces querelles auxquelles les puissances coloniales nous ont condamnés à nous imposant des frontières artificielles.

Je garde toutefois mes réserves. Compte tenu de la nature humaine,du niveau d’accumulation des haines, des ambitions et des appétits diverses, la marche vers cette union, que vous appelez de vos vœux, ne peut se réaliser utilement que si l’esprit de démocratie se répand dans les esprits d’un bout à l’autre du Continent. Il ne s’agit pas de la démocratie imposée comme en Libye ou en Irak. Il s’agit d’une démocratie « adoptée » par les Africains qui auront compris que cette union se réalise dans leur intérêt et pour leur avenir. Il ne faudrait pas que cette marche soit imposée aux peuples par un « homme fort » du genre Napoléon (Révolution française), Hitler (espace vital), Ché Guévara (Révolutions sud-américaines), Staline (Union soviétique),... Non, cette union doit être réalisée au fur et à mesure que le débat libre et constructif persuade des masses entières des populations d’une région à l’autre.

La deuxième condition, qui reste rattachée à la première, c’est le respect des droits de l’Homme. Pas dans le sens que vous évoquez de l’ « Homme blanc ». Les droits de l’Homme tout court. Respecter la vie des gens, leur dignité, leurs biens ; répondre à leurs besoins vitaux (manger, boire, se loger, disposer d’un revenu). C’est comme ça que je conçois les choses.

Une union africaine réalisée dans le respect de ces impératifs, chacun y trouvera son compte et chaque Africain veillera à en être le garant. Parce que, pour que cette union puisse avoir un sens, il faut qu’elle soit à la foi utile à chacun et durable dans sa vocation.

A la prochaine...


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