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Commentaire de Morpheus

sur ACTIO POPULI


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Morpheus Morpheus 1er novembre 2012 15:28

Bonjour Micnet,

J’avais commencé à rédiger une réponse détaillée, et suite à une fausse manœuvre la page s’est actualisée et j’ai tout perdu. C’est très énervant (si quelqu’un connait une astuce pour Firefox sous win7 afin de ne pas perdre tout un texte lors d’une actualisation de page, je suis preneur). Bon, je m’y colle une seconde fois.

Il n’y a pas de mérite à connaître la France et les français : nous sommes voisins, nous avons la même langue natale (du moins pour ce qui concerne les francophones du pays) et nous recevons la plupart des chaînes de télé française (TF1, France 2, 3 et 4, TV5, La 5e, Arte) et nous regardons probablement plus la télé française que la télé belge. Nous partageons donc la même culture. Nous sommes plus proche de la France que de la Flandre en tout cas...

En ce qui concerne ma conscience anarchiste, je vais peut-être vous étonner mais elle résulte moins de mes lectures que d’un cheminement et d’un raisonnement personnel. Mon anarchisme est le fruit d’une révolte intérieure nourrie par les inégalités, les injustices, les mensonges, les tromperies, les crimes, bref, les contradictions féroces d’un système prétendument « démocratique » et faussement libre. J’ai bien quelques lectures souvent partielles d’auteurs ou d’analyse d’auteurs anarchistes (principalement Kropotkine), mais je ne peux pas dire que ces lectures ont formé ma pensée anarchiste : elles n’ont fait que la préciser et l’enrichir. L’auteur que j’ai le plus lu est moins connu, il s’agit d’Octave Mirbeau. Venons-en au cœur de votre propos.

Le désintérêt du peuple et de la plupart des élus pour la chose publique est réel, mais il s’explique très bien. L’explication n’apparaît certes pas d’un claquement de doigt, il faut en chercher la ou les causes. Permettez-moi donc de vous livrez un résumé de mon analyse à ce sujet.

Lorsque nous désignons par l’élection des « représentants », nous choisissons, parmi les candidats qui nous sont proposés, ceux qui nous semblent être les plus capables, les plus compétents et les plus intègres (notez déjà que nous ne choisissons pas les candidats, ce sont les partis qui les sélectionnent pour nous ...) ; les anciens résumaient cet ensemble de qualités en un mot : la vertu.

Ce faisant, il s’ensuit logiquement que nous acceptons et que nous admettons l’idée que nous-même, le peuple, soyons inférieur à ces élus. Nous ne serions donc pas capable, pas compétent et pas intègre. A tout le moins, nous le serions moins. Le premier pas vers notre déresponsabilisation - et donc vers notre désintérêt de la chose publique - commence déjà au moment d’élire de prétendus représentants.

J’insiste sur le mot « prétendus » car, électeur depuis 26 ans, je n’ai JAMAIS été consulté par un élu, de quelque manière que ce soit, ni sur la politique à mener, ni sur un projet de loi, ni sur quoi que ce soit qui ait trait à la chose publique. Or, un représentant qui se désintéresse à ce point des besoins de ceux qu’il représente mérite-t-il de se faire appeler « représentant » ? Je persiste donc à affirmer que les élus ne sont pas (du tout) nos représentants, et que rien qu’en ayant cette prétention, ils nous trompent.

Chemin faisant, puisque nous délaissons à ces élus les choses essentielles que sont l’écriture de nos lois - à commencer par le plus important : la Constitution - il s’ensuit logiquement que les élus, placé en position de pouvoir, écrivent et rédigent leur propre puissance politique, et programment, se faisant, notre impuissance. Nous constatons aisément cette impuissance lorsque, voyant que nos élus trahissent nos intérêts, nous essayons de résister. Nous observons que nos résistances - manifestations, défilés, grèves, pétitions, ... jusqu’aux referendum - ne servent à rien et ne changent pas les choses.

Le constat d’impuissance à une conséquence très logique dans notre inconscient : résister ne sert à rien, s’inquiéter de la chose publique est inutile, et cela n’engendre que frustrations et perte de temps. L’être humain, nous le savons, est ainsi fait qu’il a logiquement tendance à renoncer aux activités frustrantes et à s’en détourner. Puisque nos mobilisations n’ont pas d’impact sur le monde politique (ou très peu), autant nous tourner vers autre chose : l’industrie du divertissement, qui est elle-même étroitement liée à l’ingénierie du consentement.

Nous voyons donc bien que l’apathie des peuples n’est pas due à la fatalité, ni à une prétendue « nature humaine » (qui a toujours bon dos et que je réfute avec la plus grande énergie), mais est inscrite dans l’acte fondateur du système oligarchique et élitiste où nous sommes et qui est l’élection. L’élection, qui est le fait de considérer que nous avons besoin de personnes supérieures à nous en connaissances, en compétences et en honnêteté, est également le prolongement de cette « religiosité » que j’ai évoquée précédemment et que vous reconnaissez vous-même.

(suite ci-dessous)


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