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Commentaire de Bereb

sur Pétition en faveur de l'espéranto au bac : il est encore temps !


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Bereb 19 novembre 2012 16:31
« Ce qui parle en faveur de l’espéranto : une langue construite n’a pas de locuteurs natifs, donc, tous ceux qui l’étudient et ensuite utilisent le font de leur plein gré. »

D’accord avec ce que vous dites dans la deuxième partie de votre phrase. Il est bien évident que ceux qui veulent étudier ou pratiquer une langue construite, puissent le faire de leur plein gré. En revanche, en ce qui concerne l’Espéranto, je ne m’avancerai pas trop en affirmant qu’il n’existe pas de locuteurs natifs. Il en est recensé de 1000 à 2000. A ce propos, j’en profite pour corriger une erreur de ma part concernant l’estimation du nombre d’espérantistes ou espérantophones : 100 000 à 10 millions (et non 10 000 à 10 millions), ce qui ne change rien à l’imprécision de cette estimation et peut donc mettre un doute sur sa validité.

Il existe donc des locuteurs natifs de l’espéranto, il existe aussi des « maisons » ou centres culturels, il existe une littérature originale, ce qui change complètement la donne. L’espéranto n’est plus cette langue neutre, comme on le prétend ou le revendique souvent, mais bien une langue « communautaire ». Communauté « internationale », certes, donc « commune » au sein d’un cercle espérantiste, sans doute très large, mais ceci ne permet plus à l’espéranto de prétendre au titre de langue « neutre ». Ce qui n’enlève rien aux qualités (et aussi aux défauts) de cette langue, mais toutes les fausses affirmations ne sont pas permises pour la vendre comme solution unique et définitive aux problèmes de communication engendrés par le multilinguisme. Dans ce domaine la fin ne justifie pas les moyens, il arrive même que ceux-ci puissent la desservir.

« Vu que les langues construites ne sont même pas enseignées dans les écoles, cet effort est encore plus important. »

Les langues construites, à vocation de langue auxiliaire ou de « langue-pont », ont la réputation ou au moins l’intention d’être des langues simples, sans être simplistes, abordables, donc sans fioritures ou gadgets linguistiques inutiles, et faciles à apprendre. Ce dernier critère est d’ailleurs aussi revendiqué pour l’espéranto.

Donc l’effort pour apprendre une langue construite n’est pas plus important, et en fait il est le plus souvent moins important, que pour l’apprentissage d’une langue enseignée à l’école. D’abord parce que l’apprentissage des langues à l’école revêt un caractère obligatoire et que le choix même des langues est assez limité, notamment de nos jours où on privilégie de façon évidente et aberrante l’apprentissage de l’anglais. Ensuite parce l’apprentissage d’une langue construite est tout à fait volontaire, qu’il se fait au ryhtme de chacun, sans pression aucune (pas d’examens stressants en perspective, juste le plaisir d’apprendre), et parce que, il faut le répéter, ces langues sont en moyenne plus faciles à apprendre.

« Il existe près de 600 projets de langues construites, mais en ce moment seul l’espéranto est devenu une langue vivante. »

Qu’appelez-vous donc une langue « vivante » ? 
Toutes les alternatives (à l’espéranto), que j’ai citées dans un commentaire précédent, et sans doute plus encore, sont des langues vivantes, dans la mesure où elles sont utilisables ou pratiquables, utilisées ou pratiquées, par quelques locuteurs, quelque soit leur nombre, parfois plus important que pour certaines langues « naturelles » en voie de disparition. Je regette de ne pas sentir ne serait-ce qu’un soupçon de ce respect des langues, de toutes les langues, de cette diversité d’expression de l’Humain, dans la propagande espérantiste, même s’il existe, j’en suis certain, chez de nombreux espérantophones.

« En ce qui concerne les experts, il faut qu’ils le soient réellement. Alors la condition serait d’apprendre plein de langues construites à un bon niveau, et n’excluons pas de ce cercle les sociologues, car l’élément humain est indissociable d’une langue »

Le propre d’un expert ou d’un spécialiste, c’est de l’être effectivement. Sinon à qui pourrait-on faire confiance ? Aucune communication réelle ou authentique ne peut se faire sans un minimum de confiance. Il n’y a pas de conditions à poser pour observer, examiner, étudier une langue construite, sauf à le faire en toute objectivité. 
En plus des sociologues, j’ajouterai un expert de taille : l’utilisateur ou les utilisateurs, car il en faut au moins deux pour pouvoir mettre à l’épreuve de la réalité une langue construite. Et si seulement deux interlocteurs s’en sortent, cette langue est déjà une langue pratiquable, qui n’est ni inférieure, ni supérieure à une autre, car précisément, comme vous le dites il s’agit bien ici de respecter l’Humain dans sa diversité.

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