Pas certain que cette histoire n’ait commencé qu’en 1917...
Lord Balfour écrivait alors à Lord Rotschild, lequel avait déjà entrepris
ses acquisitions immobilières en terre de Palestine auprès de l’empire ottoman
finissant, lequel les avait récemment « cadastrées »...
D’où venait cette famille, anoblie en Angleterre depuis peu ?
D’Allemagne... Et depuis quand, historiquement parlant, celle-ci débuta son
ascension (Amshel Bauer, le fondateur de la dynastie, juif allemand de la
Judestrasse de Francfort, prêteur puis financier du Lander de Hesse, et ses 5
fils tous fondateurs des branches des banques européennes, sans compter ses
filles, mariées aux fils des familles des autres grandes banques européennes -
Montefiori, Worms,...-) : depuis la fin du XVIIIème siècle...
Le sionisme, à l’origine de cet actuel Etat israëlien, né en Europe
(Bielorussie, Pologne, Ukraine, Allemagne...) du fruit des réflexions
d’intellectuels dont beaucoup se calquaient socialement dans le moule des
élites des pays où ils vivaient (influencés par « Les Lumières »...,), moule fort différent des préceptes de vie rabbiniques
qui perduraient dans leurs communautés d’alors, ne serait rien sans ces
financements d’origine...
On cite souvent les pogroms (russes sous Alexandre III puis Nicolas II -
dont l’Ukraine et la Biélorussie actuelles -, mais aussi parfois polonais) de
la fin du XIXème siècle comme étant à l’origine : un, de l’antisémitisme, deux,
du développement de l’idée majeure du retour à Sion chez les intellectuels
juifs européens (voire américains quand nombre d’entre eux y immigrèrent), mais
le volet « financier » de la communauté juive européenne fut bien plus
précoce à travailler sur ces visées-là que les activistes sionistes eux-mêmes
(en 1897, au 1er congrès sioniste de Bâle, les clans se divisaient quant au
territoire où devait être créé cet Etat Nation seul espoir d’un développement
durable dans un monde de Nations pour ces communautaristes juifs sionistes : la
terre de Palestine n’était pas le seul territoire où il était alors envisagé de
s’établir...on parla d’Argentine, d’Ouganda...).
Cette alliance initiale entre financiers juifs et activistes sionistes
(incluant les intellectuels) fut ce qui
donna consistance à ce mouvement revendicatif du retour et de l’établissement
au Moyen Orient.
La grande majorité de la (des ?) communauté juive européenne (askhénaze
parlant yiddish), mais aussi séfarade d’Afrique du Nord ou de Perse,
voire mizrahie (communautés établies déjà en Palestine) n’étaient nullement
séduites par ce projet d’un retour de tous à Sion.
Les propos qu’un Hertzl, et d’autres aussi de cette époque, purent tenir et
dont il reste trace aujourd’hui, manifestaient souvent d’un profond dédain pour
la partie de sa communauté qui se perpétuait dans une Tradition que lui-même
(Hertzl) jugeait rétrograde, peu évolutive, et condamnée à devoir encore et
toujours subir brimades et vexations si rien ne venait à la changer en
profondeur... Hertzl fut l’archétype du Juif non religieux : son projet, non
religieux, méritait-t-il vraiment d’être appelé Juif ?
En parallèle à ce petit rappel historique, il ne faut pas non plus occulter
les évènements russes de 1917 (et même dès avant, en 1905) : le bolchevisme
naissant (autre théorie fameuse, aux visées de libération Internationaliste du
monde ouvrier du joug du capital, de l’aristocratie, et des bourgeois), où
d’autres intellectuels de confession juive (il y avait certes aussi des russes,
ainsi que des militants des pays alors satellites de la culture russe comme la
Géorgie, une partie de la Pologne, des tchèques, quelques allemands, etc... Les
archives historiques de l’époque attestent cependant que les juifs composaient
65 à 80 % au moins de tous les Conseils décisionnels divers créés à la suite
d’Octobre 1917).
Quand Trotsky s’envole pour New York dans les années fin 1910/début 1920, c’est
en partie pour trouver des financements, et il y parvient... Là aussi,
l’influence de la partie « financière » de la communauté juive mondiale
(ici, américaine) a une incidence majeure sur la marche future des choses :
quid de cette Union soviétique socialiste républicaine sans cette manne, dans
une Europe dont les pouvoirs alors établis voient d’un très mauvais oeil cette
chienlit-là... ?
L’idéal bolchevique est-il d’obédience juive religieuse, avec sa lutte de
classes et son désir de l’internationaliser, ou n’est-il, à l’instar de l’idéal
sioniste, qu’une idée laïque développée
par des individus laïcs, ces deux idéaux ne devant leur existence qu’à l’apport
initial d’une finance juive diasporique elle-même par nature plus laïque que
religieuse (en tous cas au sens des valeurs hébraïques anciennes, tel que celle
condamnant la soumission au Veau d’Or…) ?
Alors, certes, à présent, il y a ces quelques millions d’individus juifs
israëliens qui vivent sur cette terre de Palestine, qui y ont développé un pays
au summum de la modernité dans tout un tas de domaines, comme l’agronomie et
l’agriculture, les nano-technologies, l’informatique de pointe et les
communications, le développement d’armes hautement technologiques, la finance,
l’hydrologie, le nucléaire (civil ?), … Le tout mu et structuré autour d’institutions très
efficaces, avec plus ou moins le consentement et l’apport de toute la communauté
juive israélienne (voire arabe israélienne pour quelques uns de ceux qui y résident,
et bénéficient des bienfaits que leur apportent ces acquis-là).