Mon cher Matsada,
Il me semble que l’unilatéralisme soit une constante dans les décisions
israéliennes depuis quelques années déjà : à moins que vous ne considériez que
le « retrait » de Gaza, le développement des implantations israéliennes
en Cisjordanie (oops…sorry Judée-Samarie…), la construction du dit "mur de
sécurité" et le grignotage territorial conséquent, l’annexion de facto de
la zone C, etc… soient le fruit de négociations « bilatérales » entre
AP et gouvernement israélien ?
Quant à la caducité des accords politique et/ou économique : cela fait déjà
bien longtemps qu’ils sont eux aussi de facto caduques (par exemple : un des
aspects économiques d’Oslo était la libre-circulation des travailleurs
palestiniens et leur accès au marché israélien, côté politique : la durée de vie
des accords d’Oslo étaient sensés être de 5 ans et non 20 ans ; tout comme
d’ailleurs le traité de Camp David prévoyait la mise en place d’un état et
autorité palestinienne autonomes au bout de cinq ans là aussi).
Bref, vous le savez pertinemment que de « processus de paix » il
n’y en a pas/plus, voir même n’y en-a-t-il jamais eu réellement.
User de cet argument de l’unilatéralisme palestinien relève au mieux de
l’hypocrisie, au pire vous vous foutez avec délectation de la gueule du monde :
d’autant plus que vous savez pertinemment que ce nouveau statut ne va rien
changer à la réalité du terrain, ni aux positions des néosionistes au pouvoir ; et
que si l’AP décidait de reconnaître la juridiction de l’ICC (ce qui n’est pas
encore à l’ordre du jour) cela serait au final bien plus contraignante pour
elle que pour Israël.
Quant à vos prophéties apocalyptiques qui ferait du nouveau statut de la
Palestine l’étincelle initiale : sur quoi vous fondez-vous pour soutenir cela ?
Bibi a très bien joué sa partie avec la dernière opération à Gaza : qui a
court-circuité (temporairement si ce n’est à long terme) l’Iran en jouant la
carte du ré-engagement égyptien (et arabe plus largement) : coupant ainsi l’Iran
d’un de ses proxy (le Hamas, alors que la situation syrienne réduit la marge
des mollahs, et que le Hezbollah lui doit choisir entre militantisme et institutionalisation),
refilant le « bébé gazaoui » à Morsi : ce qui ne va que réduire encore
plus sa marge de manœuvre : entre le marteau (militaires+réseaux
d’ex-moubarakistes pro-yankee) et l’enclume (d’un côté les radicaux FM+salafistes,
de l’autre l’opinion publique égyptienne palestinophile en général) :
l’aspirant calife devra faire gaffe au moindre mouvement des poils de sa patriarcale
barbe désormais.
Dans les faits, le seul intérêt de la démarche d’Abbas est de faire
survivre encore quelque temps l’AP (c’est simple c’était soi ça, soit la
dissolution de l’AP), tenter de conserver un
minimum de « légitimité » auprès des Palestiniens (pas dit que
cela fonctionnera), et rééquilibrer un minimum la situation face au Hamas : pour
le reste, fondamentalement cela ne changera rien : ce « non-événement »
n’a aucune portée à l’échelle de la région : le seul qui en ait eu un a été a) la
neutralisation (ou mise hors-champ) temporaire (voir définitive) de l’Iran, b) faire
de Morsi le garant du Hamas avec ce que cela implique pour son cul !