La beauté du langage, érigée en Saint Ampoule, dénie la beauté du silence.
Tu as remarqué qu’il n’y a plus 3 secondes de silence dans les débats médiatisés
Tu as remarqué que les gens laissent la télé parler en permanence
Tu as remarqué que même sur une plage, chacun ne peut se passer de parler au téléphone
La course au parler plus -que gagnent aisément les hauts parleurs- conduit à une obsession de chacun à occuper les moindres silences Rohmériens. C’est au salmigondis de paroles que nous sommes habitués et je n’y vois rien de beau ni de profond.
Les gens, ici, ailleurs, non contents de paroler, t’ajoutent encore une couche de liens où il s’agirait de t’empiffrer en plus de la parole d’untel et de tel autre. Ils doublent, triplent quintuplent leur parole avec le renfort de celles des autres disponibles dans la conserverie
Même une vidéo qui montrerait comment pousse un haricot, est encombrée d’un bruit nommé musique.
Le mime Marceau, de nos jours, serait ridicule
Là-dessus, il y a une chance en France : il y est interdit de klaxonner.
J’aime la démarche d’Eric Satie
Au temps du parchemin, ce support était si cher que les moines copistes avaient convenu d’adapter l’écriture en la compactant le plus possible. Ils supprimaient les ponctuations, les doublements de lettres, les s...
Gutenberg a libéré l’espace un temps
Mais est arrivé le télégramme (Eugène Sue me regarde, je t’aime...)
Et là, le SMS étant coûteux, il conduit lui aussi au compactage.
La conception de la beauté n’a jusqu’ici été qu’opportuniste d’où le fait que ses critères évoluent. « Avez-vous vu ce que j’ai vu ? Le roi a mis des rubans à ses bas. Empressons-nous de trouver cela beau afin de nous prémunir de toute disgrâce »
Que serait la beauté tellement Ahhhhh du XVIIIème, la beauté tellement AAA+hhh d’aujourd’hui si même un singe, même un canard, même un Martien, ne la voit pas ?
Ne serait-elle pas que le fruit de notre auto-hypnose, de notre mise en boucle collective ?
Cela dit, je suis bien d’accord avec toi, je pédale, comme tout le monde, grave dans la smoul.