Heureuse que vous ayez entendu ! Je
viens parler d’une chose terrible : la répression quand on n’est pas
d’accord avec les projets capitalistes, le désastre écologique aussi en cours
mais c’est une réalité inconcevable pour les idéologues de service.
C’est là qu’on se rend compte que c’est toujours facile de nous balancer du
Che, du Bolivar… eux se retourneraient dans leurs tombes, à l’instar
de l’aïeul de ma belle-fille, considéré héros de la nation
bolivienne, sa statue se trouvant d’ailleurs dans le palais présidentiel à La
Paz.
En effet, ici ce ne sont plus des êtres faits de chair et de sang qui
avaient des convictions, ce sont juste désormais des
symboles brandis par des boutonneux attardés si ces derniers se refusent à accepter les
contradictions d’un monde complexe… y compris en Amérique latine.
Puisque certains ont du mal à
entendre la parole des premiers concernés, j’ai choisi un vieil article bien
gentil, ménageant la chèvre et le chou et uniquement à propos de ce qui
s’est passé pour Yucumo ! 2012, c’était
rebelote pourtant... :
La Bolivie d’Evo
Morales entre progrès et désenchantement
Quelques extraits choisis
pour les moinsseurs :
"il est fort imprudent de prendre au pied de la lettre les
déclarations anticapitalistes d’Evo Morales ou d’autres représentants de son
gouvernement
Beaucoup de militants et d’observateurs
romantiques européens ou nord-américains – mais aussi nombre d’idéologues
indigénistes latino-américains – tendent à penser qu’être « indien »
est une identité transparente, univoque et non problématique.
L’indigène
en tant que sujet collectif homogène est une construction abstraite basée sur
une forme d’« essentialisme stratégique ».
Quant aux « contradictions au sein du peuple »,
elle sont manifestes. Les secteurs
paysans-indigènes originaires des hautes terres andines, et les cocaleros en particulier, sont
largement favorables au « tout-développement » accéléré et à la
modernité marchande
« Le gouvernement d’Evo Morales
n’incarne pas l’alternative civilisationnelle inouïe fantasmée par certains »
Au niveau de
l’exécution, l’État bolivien est rarement à la hauteur de ses objectifs
déclarés.
« Depuis
le sommet de Cochabamba, en avril 2010, la Bolivie avait assumé un rôle
d’avant-garde, au moins sur le plan rhétorique, dans la représentation du point
de vue et des intérêts des pays du Sud dans la lutte contre le changement
climatique et pour la protection de l’environnement. Le président Evo Morales est lui-même souvent perçu à l’extérieur de
son pays comme l’incarnation de la défense de la « Pachamama », la
Terre-mère vue par les peuples indigènes comme une entité vivante et sacrée.
Le
conflit du TIPNIS et la violence policière déchaînée contre les protestataires
déstabilise cette image et suscite les réactions les plus contradictoires au sein
de la gauche latino-américaine et du mouvement écologiste international. Une dirigeante indigène guarani accuse Evo
Morales d’être une « contremaître des multinationales », entre autres
brésiliennes et espagnoles, qui souhaitent exploiter les richesses de
l’Amazonie bolivienne.
La répression n’arrange pas les choses.
En Bolivie elle tend à engendrer un niveau d’indignation morale extrêmement
redoutable en termes de mobilisation. Il y a une certaine « économie
morale » des secteurs populaires, pour parler comme l’historien
britannique Edward P. Thompson, qui ne
tolère tout simplement pas qu’un gouvernement indigène réprime des indigènes."
Conclusion de ma part :
Sans hésiter un Morales est préférable
à un Goni, homme de paille des USA. Quand bien même Morales dit parfois des choses idiotes (comme réclamer la coca dans les biberons), il y a, c’est incontestable, des choses très positives à son actif (retraites etc.).
Néanmoins, quelle déception... !