Ils [les jésuites] ont assez bonne opinion d’eux-mêmes pour croire
qu’il est utile et comme nécessaire au bien de la religion, que leur
crédit s’étende partout et qu’ils gouvernent toutes les consciences
(Blaise PASCAL, Prov. 5)
De janvier 1656 à mai 1657, Blaise Pascal publie, sous le pseudonyme de Louis de Montalte, un ensemble de dix-huit lettres : Les
Provinciales, ou Lettres escrites par Louis de Montalte à un provincial
de ses amis et aux RR. PP. Jésuites sur le sujet de la morale et de la
politique de ces Pères.
Pascal défend la cause janséniste
et attaque les jésuites, en particulier la morale laxiste dont ils font
preuve dans leur casuistique. Les lettres V à XVI s’en prennent à la
casuistique religieuse et morale des jésuites, examinant en particulier
de fort près la « direction d’intention », cette doctrine qui permet
d’excuser certaines infractions majeures, dont l’homicide, en arguant
qu’elles n’ont pas été voulues par le criminel (lettre VII). L’art
d’adapter les lois
morales aux cas délicats, la notion de « probabilisme », qui permet de
tout mêler et de tout défendre, « la dévotion aisée », enfin, sont des
choses ridicules fondées sur des équivoques qui permettent aux jésuites
de régner sur les cœurs, de détourner les sacrements, et aussi d’élargir
leur influence dans la sphère politique. Ce qu’il faut établir, c’est
que les
jésuites sont trop subtils, et que cette subtilité conduit à manipuler
les notions les plus sacrées et à laisser les criminels en paix,
puisqu’elle permettra qu’on tue pour se protéger du vol ou pour sauver
son honneur... Il faut donc se protéger des jésuites, savoir affronter,
par le rire, les libelles qu’ils font courir, répondre avec précision
pour échapper à la calomnie, et dénoncer une religion qui n’est plus
qu’une politique (Lettre X).
Les Provinciales sont mises à l’Index par le pape.
quelques réflexions sur la beauté spirituelle des Jésuistes.
Les jésuites sont des gens qui allongent le Symbole et raccourcissent le Décalogue. (Abbé Boileau 1648-1704)
Pour exprimer une grande imposture, les Anglais disent : « Cela est jésuitiquement faux. » (Montesquieu 1689-1755)
La Police et les Jésuites ont la vertu de ne jamais abandonner ni leurs ennemis ni leurs amis. (Honoré de
Balzac 1799-1850, Une ténébreuse affaire)
Le jésuitisme a compromis le catholicisme. (Quinet 1803-1875)
Le jésuitisme, passé maître en fait de transactions, a renoncé depuis longtemps à heurter
de front les tendances modernes. (Guéroult 1891-1976)
L’homme n’est ni ange, ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête.
Pensées, Blaise Pascal,