L’Encyclopédie de Diderot, avancée majeure ?
La gauche, qui entretient ce mythe, est bien discrète sur la façon dont L’Encyclopédie traitait de l’homosexualité :
« SODOMIE, s. f. (Gram.
& Jurisprud.) est le crime de ceux qui commettent des impuretés contraires
même à l’ordre de la nature ; ce crime a pris son nom de la ville de Sodome,
qui périt par le feu du ciel à cause de ce désordre abominable qui y était
familier.
La justice divine a prononcé la peine de mort contre ceux qui se
souillent de [ce] crime, morte moriatur [on le tuera, il mourra] ;
Lévitique, ch. XX [XX, 13].
La même peine est
prononcée par l’Authentique, ut non luxurientur (i).
La loi cum vir
au code de adult. veut que ceux qui sont convaincus de ce crime soient
brûlés vifs (ii).
Cette peine a été adoptée dans notre jurisprudence : il y en a eu encore
un exemple en exécution d’un arrêt du 5 juin 1750 (iii), contre deux
particuliers qui furent brûlés vifs en place de Grève.
Les femmes, les
mineurs, sont punis comme les autres coupables (iv).
Cependant quelques auteurs, tels que Menochius, prétendent que pour les
mineurs, on doit adoucir la peine, surtout si le mineur est au-dessous de l’âge
de la puberté.
Les ecclésiastiques, les religieux, devant l’exemple de la chasteté,
dont ils ont fait un voeu particulier, doivent être jugés avec la plus grande
sévérité, lorsqu’ils se trouvent coupables de ce crime ; le moindre soupçon
suffit pour les faire destituer de toute fonction ou emploi qui ait rapport à
l’éducation de la jeunesse. Voyez Du Perray (v).
On comprend sous le terme de sodomie, cette espèce de
luxure que les canonistes appellent mollities, & les latins mastupratio,
qui est le crime que l’on commet sur soi-même ; celui-ci lorsqu’il est
découvert (ce qui est rare au for extérieur) est puni des galères ou du
bannissement, selon que le scandale a été plus ou moins grand.
On punit aussi de la même peine ceux qui apprennent à la jeunesse à
commettre de telles impuretés ; ils subissent de plus l’exposition au carcan
avec un écriteau portant ces mots, corrupteur de la jeunesse. Voyez les novelles
77 & 141 (vi) ; du Perray, des moyens can. ch. viii ;
Menochius, de arbitr. cas. 329 n. 5 (vii) ; M. de Vouglans, en ses
Instit. au Droit criminel (viii), page 510. »
Encyclopédie, tome XV, colonne 266, 1765, par
Antoine-Gaspard Boucher d’Argis.
NOTES (par Senatus) :
i.
Ut non luxurientur homines contra naturam est le titre de la novelle 77
de l’empereur Justinien en l’an 538 ; l’Authentique, que l’Encyclopédie
écrivait antheritique ..., est le titre traditionnellement donné au
recueil de ces novelles (i. e. les plus récentes lois
fondamentales) de ce souverain.
ii. Edit de l’empereur Constant en décembre de l’an 342, à
l’époque où le christianisme devient religion d’État à Rome.
iii. Archives Nationales, Parlement criminel, x/2b/1006.
iv. Pour le XVIIe siècle, on connaît en France trois
cas semblables d’atténuation de la peine pour des mineurs ; l’âge de la
majorité civile et pénale était alors de 25 ans.
v.
Michel Du Perray, De l’état et de la capacité des ecclésiastiques pour les
ordres et bénéfices, 1703 ; sur les clercs sodomites, voir III, 8, pages
312-320.
vi. Le titre complet de cette
novelle 141, en l’an 559, est Edictum de his, qui luxuriantur contra naturam.
vii.
Jacopo Menochio, De Arbitrariis judicium quaestionibus et causis ...,
1606, réédité en 1615, 1628 et 1630 ; voir livre II, cas 329, n° 15 ; la
référence est à Socinus junior (Fausto Socin).
viii. Cf Dictionnaire
français de l’homosexualité masculine, article ‘’Sodomie’’.
Par comparaison, on pourra se reporter à l’article, bien moins archaïque, bien plus ouvert, de Voltaire sur le même sujet :
http://laconnaissanceouverteetsesennemis.blogspot.fr/2012/08/voltaire-lamour-socratique-22.html