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Commentaire de mortelune

sur Aide active à mourir pour des cas de non vie tel celui de notre fils


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mortelune mortelune 22 mars 2013 16:58

Bonjour,

Votre article montre que vous avez les qualités humaines qui manquent à beaucoup de gens et notamment à ceux qui n’ont pas eu à vivre des moments ’invivables’.
Je ne peux que vous apporter mon témoignage.
J’avais un frère formidable. Nous étions inséparables et plus que tout, nous étions amis. A la suite d’un accident il a eu une lésion médulaire au niveau des cervicales qui l’a rendu tétraplégique (tétraplégie complète). Après deux mois de coma il s’est réveillé sans pouvoir parler. Nous avons communiqué pendant plus de 7 semaines avec un abécédaire, il cliquait des paupières pour dire oui ou non à chaque lettre. Avec le temps il a réussit à retrouver la parole. La première chose qu’il m’a dit c’était que pendant son coma il avait entendu un des réanimateurs dire à son collègue qu’il fallait le débrancher. Il avait très peur qu’il le fasse. Jusqu’au dernier jour, sa plus grande angoisse c’était tous les matins au réveil. A chaque fois il croyait avoir fait un cauchemar dans lequel il était tétraplégique et à chaque fois il découvrait que s’en était pas un. En fait son véritable cauchemar commençait après chaque réveil, c’est à dire la journée. La nuit, c’était formidable il faisait des rêves magnifiques. Il marchait, il courrait il était heureux... 
Après 2 années de calvaire et à la suite d’une énième infection pulmonaire il a compris que nous étions prêt pour son ’départ’. Il a demandé à mourir le jour de son anniversaire (30 ans). 
Les médecins ont respecté sa volonté et il est décédé le jour convenu.
A la suite de cette épreuve j’ai fait une TS aux médicaments pour le rejoindre (nous pensons tous les deux que la mort n’existe pas et que la ’vie continue ailleurs’). J’ai été dans le coma pendant quatre jours. Mon suicide n’a eu aucune conséquence physiologique mais après 3 ans passés j’en veux encore terriblement à ceux qui m’ont réanimé. Mon désir de ne plus vivre est persistant et tout à fait lucide. J’ai juste le sentiment de perdre mon temps dans cette vie. 
Je vous dis ça pour que vous sachiez que la volonté d’en finir n’est pas forcément la volonté de mourir mais simplement la volonté de ne plus souffrir. 

Quelle attitude les pouvoirs publiques peuvent-ils adopter fasse à la volonté de ne plus souffrir ?
Je ne sais pas trop, puisque dans le cas de mon frère il n’y a pas eu de difficulté à accéder à sa demande. En ce qui concerne le suicide, il est souvent la solution pour mettre un terme à une très grande souffrance. La souffrance physique se voit alors que la souffrance psychique ne se voit pas. Dans les deux cas que je décris, je ne suis pas favorable à un texte de loi qui « institutionnaliserait » la fin de vie. Chaque cas est particulier.
Pour le cas que vous décrivez j’ai le sentiment qu’une modification du texte actuel est suffisante. Mais il faut absolument tout tenter pour éviter de tomber dans un système qui banalise la fin de vie.
Je vous souhaite beaucoup de courage.


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