Bertrand Loubard, le triomphe de Kagame, oui, sauf dans le cas d’une révolte populaire au Congo. Une révolte qui balayerait du jour au lendemain le régime fantoche de Kabila. On se retrouverait avec de nouveaux dirigeants qui n’ont jamais pris aucun engagement avec personne et qui ne sont pas impliqués dans les crimes économiques et de sang pour fléchir sous le chantage de la Cour pénale internationale. C’est le scenario qui a failli se produire en novembre 2012 après la prise de Goma. Kagamé et Museveni ont ordonné le retrait de la ville après avoir perçu des soulèvements des Congolais qui gagnaient les villes les unes après les autres (Bukavu, Kisangani, Lubumbashi). Un soulèvement à Kinshasa, ville de 10 millions d’habitants mettrait immédiatement fin au régime des marionettes du PPRD, ce qui priverait Kampala et Kigali de tout moyen de contrôle sur le Congo, Kabila n’étant plus au pouvoir. Il y a donc le scenario que vous décrivez, celui d’un effondrement progressif du pays ; mais il y a aussi le scenario d’un réveil brutal de la population. L’avenir du Congo, à mon avis, se situe dans l’un ou dans l’autre. Je ne suis pas très convaincu par le scenario d’un effondrement progressif parce qu’il est piloté par des régimes à bout de souffle (Kabila, Museveni, Kagame), des dictateurs qui finiront par être confrontés à des problèmes personnels (santé, âge, confiance des partenaires étrangers, oppositions internes). Mais j’observe aussi que le scenario d’une révolte populaire nationale peut être compromis si des aventures comme celles des Bakata-Katanga se multiplient dans différentes régions du Congo (Bas-Congo, Equateur, Kasai). Les Congolais cesseraient de réfléchir en termes de « nation » et tomberaient dans des querelles tribales et régionalistes. Tout ceci par la faute d’un homme calamiteux : Joseph Kabila.