Bonsoir Volt,
Je me suis permis de vous poser la
question du « pessimisme » (entre guillemet), car j’ai parfois le
sentiment que vous exprimez un soupçon de « fatalisme ». Mais bon, ce
n’est qu’un détail auquel vous avez répondu.
« Vous ne pouvez pas imaginer l’ampleur et la profondeur de la
manipulation à laquelle les spectateurs sont livrés ».
Si, si, je
plussois… c’est vraiment affreux. J’en ai plus que conscience. Je me suis
engagé à en parler un jour dans un article, mais en termes de manipulation
cognitive. L’aspect processus primaire, processus secondaire me paraît très
intéressant aussi. Je « vois » tout à fait les liens possibles.
Sur
la question de l’approche psychanalytique des paradoxes, je suis véritablement
surpris de la méconnaissance de cette problématique par la plupart des
professionnels. Il est clair que les paradoxes ne sont ni bon, ni mauvais. Tout dépend de l’usage que l’on en fait qui
peut tendre soit vers le « créatif », soit vers le « destructif ».
Sur certains sujets et en certaines circonstances la technique du contre-paradoxe
est productive pour une prise de conscience, mais ce n’est pas une règle
absolue. Encore faut-il pour cela être à même de déceler le paradoxe, ce qui n’est
pas aussi simple qu’il n’y paraît.
Sur la méthodologie des sectes, je devais
insérer cela dans mon article sur la relation d’emprise, mais j’ai du me
résoudre à supprimer toute cette partie car ce billet était déjà trop long. Le
système de domination sectaire est l’archétype de la relation d’emprise, c’est
une évidence. Si je ne l’ai pas traité, ce n’est que par commodité (et fainéantise
aussi peut-être).
Wilhelm REICH est au programme, j’ai déjà commencé (« Ecoute
petit homme »), le reste est dans ma bibliothèque.
Sur la dynamique du
double bind, la question est en effet centrale et fait parti des « inconnues »
de cette problématique. Je suis en profonde contradiction avec certaines
approches du fait même qu’elles portent en elles certains paradoxes et qu’elles
éludent « l’intentionnalité » sous-jacente aux paradoxes « pathogènes ».
A ce titre le concept de « paradoxalité » de P.-C. RACAMIER est
particulièrement éclairant, mais peu connu.
Je crois Mélanie KLEIN effectivement
indispensable, RACAMIER ne cesse de s’y référer lorsqu’il aborde les perversions
narcissiques.
Quoi qu’il en soit, vos réflexions sont d’une pertinence rare, un
jour vous parlerais-je peut-être d’un concept que m’a inspiré un psychanalyste
qui malheureusement ne faisait pas honneur à sa profession, mais en attendant,
parmi toutes les suggestions qui sont pour moi autant de réponses à mes
questions que des pistes à explorer, il est un paradoxe que je ne suis jamais
parvenu à « trancher » au sujet des personnalités perverses (j’entends
ici : moralement perverse). C’est le paradoxe de
la tolérance tel que formulé par POPPER : « Moins connu est le paradoxe de la tolérance : La tolérance
illimitée doit mener à la disparition de la tolérance. Si nous étendons la
tolérance illimitée même à ceux qui sont intolérants, si nous ne sommes pas
disposés à défendre une société tolérante contre l’impact de l’intolérant,
alors le tolérant sera détruit, et la tolérance avec lui. (…) nous devrions
revendiquer le droit de les supprimer (les intolérants), au besoin, même par la
force (…) Nous devrions donc revendiquer, au nom de la tolérance, le droit de
ne pas tolérer l’intolérant ».
Y avez-vous été confronté et si oui,
comment l’avez-vous résolu ?
J’avoue n’y être pas encore parvenu.
Pas
simple !
En tout cas, merci pour vos clairvoyantes contributions.