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Commentaire de Georges Clément

sur Manifestations : le triomphe de la terreur


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Georges Clément (---.---.108.201) 29 mars 2006 19:48

Rodrigue as-tu du cœur ?

C’est par un jour de pluie, après des semaines passées à endurer leurs abjections, que je me décide à écrire.

Ecrire c’est dire, et dire c’est souffrir ! Souffrir de briser des connivences, voire des alliances, souffrir de parler d’un monde qu’on exècre, souffrir enfin d’avoir à rompre des consensus !

Est-ce si grave ? Ce CPE honnis est-il si important ? En soi Non. En soi, Essentiel !

Comme la langue d’Oesope direz-vous ? Oui, comme le fablier disait « Ni bonne, ni mauvaise ».

Voici donc qu’une « génération privée d’avenir » (cela me rappelle « la fin de l’histoire ») manifeste contre un projet de loi sans envergure au prétexte - ai-je entendu - « de forger un modèle conforme à nos aspirations ». Celle qui prononça cet aphorisme percutant était une de ces jeunes filles insipides et à la langue bien pendue dont on voit les visages sans grâce bien que sans ride se répandre sur les plateaux de télévision où elles pérorent sans vergogne face à des adultes - certains fort instruits - qui supportent avec démagogie leurs impertinentes ignorances.

Parce qu’à 20 ans, sortant du moule à imbéciles de l’Education nationale, ON sait ? On sait donc, de source sûre, ce qui pourrait (Voyez comme je suis prudent avec ce conditionnel) sortir le pays (Encore faudrait-il qu’il y en ait un) du marasme !

Parce qu’à 20 ans, on se préoccupe de l’avenir ? Et surtout on s’en inquiète ?

Bon sang ! Mais pour ce qui m’en souvienne, je me demandais seulement si je serais à la hauteur de mes prétentions. Je mesurais l’abîme entre la faiblesse de mon expression, le lâche tissage de mes connaissances et la compétence talentueuse de ces personnalités qui nous donnaient conférence sur conférence dans l’amphithéâtre de notre Ecole. Nos professeurs - qu’ils en soient remerciés - nous expliquaient qu’il nous faudrait changer de postes et d’entreprises pendant une dizaine d’années avent de nous stabiliser, dans une fonction d’abord, un métier ensuite, une firme enfin. A moins que nous n’en eussions fonder une, ce dont nous doutions tout en le désirant comme on l’eut fait d’une femme. Mais surtout, l’œuvre primait, et la réussite, sans que l’argent ne nous obsédât.

A 20 ans, je n’imaginais pas la vieillesse, me sentais éternel, et de l’imprudence avais fait une vertu !

Puis il y eut 68. Première faille, que les dilettantes des facs, c’est-à-dire de l’Université, saisirent au vol pour donner à leur vacuité une densité et une pensée...Enfin « pensée », il y a de ces mots qui vous échappent !

Ils firent de slogans comme « Sous les pavés, la plage » leur structure ; mais ils en devinrent crustacés, et non vertébrés. La carapace les protégeait, les soutenait et les contenait tout à la fois. Ils la sécrétèrent à force de lois protectrices et de garanties payées par d’autres. Ils rejetèrent toute appartenance, tout respect, tout honneur. Pour bien faire, ils vendirent le patrimoine national pour vivre leurs petites existences, et s’engouffrèrent dans le giron étatique afin d’y jouir à satiété de leurs RTT.

Et nous les regardions alors, avec cette ironie teintée de mépris, que caractérisa fort bien la remarque de l’un de nos camarades : « Ils manifestent parce qu’ils ont peur ».

Nous avions en effet, été élevés dans l’adage contraire que tant d’axiomes ou de citations illustraient : « La fortune sourit aux audacieux » « L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt » « Après la victoire resserre la jugulaire » « Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer » « Tu tremble carcasse, mais tu tremblerais bien encore plus si tu savais où je vais te mener ! » etc, etc...

Et nos jeunes filles allaient, belles, racées, propres, pimpantes, coiffées, le sourire pétillant, leurs jambes fines dans des escarpins ; et la vie était belle puisque nous allions où nous devions : vers le Beau, le Bon, le Juste, le Bien, la Gloire. Mais pas celles des saltimbanques, celle des grands artistes ou des savants, celle des capitaines d’industrie, celles des soldats et des héros, des découvreurs ou des défricheurs !

Hélas ! Ils doutent de tout, ils ne se respectent pas, et leur foule hurlante, sombre, sans grâce, mal apprise, indigente, trop nourrie, illettrée, martyrise le Français, leur langue, l’élégance, leur patrie, et réclame des garanties quand eux seuls devraient être la garantie de la Nation !

Michel Serres écrit dans le Parisien « La guerre, toutes les guerres, sont ce que j’appelle à présent « les meurtres des fils ». Les deux guerres mondiales, ce sont des vieillards, à Berlin et à Paris, qui s’entendent pour qu’on massacre leurs propres fils. A chaque fois c’est pareil, nos sociétés ont toujours massacré leurs enfants. Chaque génération recommence. Pour la première fois dans l’histoire, depuis 60 ans nous n’avons pas connu de guerre. Mais les pères d’aujourd’hui ont inventé autre chose pour « tuer leurs fils », cela s’appelle le chômage et la précarité ».

Quel chapelet de contre-vérités ! Ainsi, des gens profitent-ils de leur costume vert pour dire des âneries. Et avec un tel aplomb que je ne résiste pas au plaisir d’en disséquer la litanie.

« la guerre, toutes les guerres,... » Ah bon ? Michel Serres a donc étudié TOUTES guerres que l’humanité a livré, et il peut en tirer une règle générale ?

Mais « guerres »se résume vite aux « deux guerres mondiales » et il poursuit : « Ce sont des vieillards » A quel âge est-on vieillards pour notre immortel ? Et puis dois-je lui rappeler qu’entre 1792 et 1815, les généraux français et nos gouvernants avaient entre 20 et 30 ans ?

Poursuivons. « A Berlin et à Paris » Et pourquoi pas à Londres, Saint Petersbourg, Vienne, Belgrade, Istanbul ? « Qui s’entendent pour qu’on massacre leurs propres fils » Donc, il y a eu conférence entre belligérants pour décider de l’entrée en guerre afin de massacrer leurs fils ? Doit-on lui faire souvenance que s’il y a guerre, c’est précisément qu’on ne s’est pas entendu ? Dieu sait que Daladier, Chamberlain et d’autres se font houspiller depuis pour avoir tenter de l’éviter cette guerre ! A moins que les mots n’aient changé de sens... Plus loin « A chaque fois c’est pareil, nos sociétés ont toujours massacré leurs enfants » Et hop ! Voilà pour la culpabilisation ! Ce fut pourtant Rome qui condamna, et combattit le sacrifice des enfants ; ce fut même un des mobiles des guerres puniques puisqu’à Carthage on sacrifiait à Baal les premier né des grandes familles et puis certains conflits virent le meurtre des « pères » par les enfants, comme au Cambodge les Khmers rouges le firent. Plus loin « Pour la première fois dans l’histoire, depuis 60 ans nous n’avons pas connu de guerre ». Je rappellerai à l’honorable « philosophe » que lorsque celle qui est en cours a commencé, le 11 septembre 2001, la guerre d’Algérie était finie depuis 39 ans, et celle du Viet Nam depuis 21 ans. D’autre part, entre 1815 et 1870 la France connut 55 ans de paix, enfin ne lit-on pas dans Gibbon que certaines provinces du nord de l’Italie n’avait pas connu la guerre depuis des siècles lorsque débutèrent les Invasions germaniques du 4ième siècle ?

Et nous arrivons au bouquet, qui rejoint le fil de mon propos : « Mais les pères d’aujourd’hui » Ceux de 68 ? Qui auraient donc « inventé », c’est-à-dire à dessein, avec objectif malicieux et conscient « le chômage et la précarité » ? Ainsi un « philosophe », de nos jours, s’insurge-t-il contre la « précarité » ? Finis les stoïciens, et même les épicuriens, qui ne pensèrent jamais QUE la « précarité », qui est en soi le propre de l’homme. Aujourd’hui, les « penseurs » (à moins qu’il ne faille dire les « panseurs ») qui utilisent leurs « petites cellules grises », comme dirait Hercule Poirot, et en font même profession, auraient trouver la martingale de l’indestructibilité de l’homme...La précarité est un sentiment permanent que tout humain conscient porte en lui dés qu’il atteint l’âge d’homme et rien, fut-ce le contrat le plus solide, ne peut l’en faire douter.

Comment peut-on parler de « précarité » à 20 ans ? Et de quel chômage parle-t-on, quand les entreprises n’ont souvent aucune candidature sachant lire et écrire pour les postes qu’elles ont à pourvoir ?

Que les « pères » jouent donc leurs rôles en mettant une fessée aux enfants qu’ils n’ont pas éduqué, et que les grands-pères gâteux, même titrés, cessent de gloser pour donner raison aux voyous que leurs fils ont engendré.

Georges Clément Neuilly le, 28 mars 2006


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