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Commentaire de lloyd henreid

sur Petite histoire édifiante sur le Pôle Emploi


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lloyd henreid lloyd henreid 11 juin 2013 14:20

Rebonjour Mycroft et pardonnez ma réponse tardive, j’ai eu fort à faire ce week-end et c’est tant mieux. Et puis il a fallu le temps que je sèche mes larmes après cette terrible remise en question par vos soins d’à peu près tout ce que je suis et dont vous ne savez rien. Je plaisante bien sûr, mais alors donc pour vous répondre :

« Non, les sciences ne servent pas qu’à être rentable, elles servent à comprendre le monde. Attention, comprendre, pas rêvasser. Comprendre, donc établir un modèle mathématique confirmé par des expérimentations. »

« Pour information :) », cette phrase résume parfaitement la raison pour laquelle j’ai abandonné les sciences au profit de disciplines littéraires et culturelles. L’étroitesse de votre vision est affligeante, j’y retrouve toute la vanité du fanatique scientifique dépourvu d’intelligence transversale et qui dans son orgueil sans limites, croit pouvoir résumer le monde à une équation. Le tout en passant par une méthode qui consiste à isoler des paramètres pour mettre en place des conditions d’expérimentation toujours limitées dans le but de valider, selon ces conditions et dans le cadre de ces limites, des hypothèses qui en cas de succès deviennent des « acquis ». Personnellement ça m’a toujours un peu dérangé d’avaler des trucs à apprendre par cœur comme autant de « vérités » 100% pur jus, parfois sans que les profs de science ne se donnent même le mal de justifier ou « démontrer » selon la terminologie en vigueur. Un peu comme vous avec vos arguments sur ce fil : lapidaires parce que vous le dites et comme vous êtes plus intelligent (à n’en pas douter) que moi, vous n’avez pas besoin de vous justifier.

Cette manière qu’ont les scientifiques dans votre genre, d’affirmer de manière catégorique ce qu’ils « croient », parce que nous (en tant que scientifiques) on a l’autorité pour distinguer le vrai du faux, n’est guère différente du discours des fanatiques religieux qui, en d’autres temps, étaient les tenants de la bonne parole au nom de Dieu. La méthode n’est après tout pas si éloignée : il y avait du bon sens à dire, constatant que les assassins finissent le plus souvent mal et jeunes, que « celui qui a vécu par l’épée périra par l’épée » — c’était de la sociologie avant l’heure. Pour filer la métaphore, j’ai été très amusé par le choix des mots pour illustrer la finalement non-découverte du Boson de Higgs par des chercheurs il y a quelques mois, et qui dans leur grande humilité, affirmèrent avoir trouvé la « particule de Dieu » — pour finalement n’en être plus aussi sûr à 100% quelques semaines plus tard. Ceci parce qu’il arrive que la science se trompe, c’est pas grave mais ça le devient quand on ne juge que par elle et ainsi que vous le faites : sans regard critique parce que la science, elle, ne « rêvasse » pas.

« C’est les vôtres qui polluent nos administration de règles toutes plus inutiles et insupportable les unes que les autres. Des gens sans compétences scientifique ou techniques, qui sont là parce que l’administration est le seul domaine qui peut accueillir des gens sans réelle talent. Mais qui, parce qu’ils ont marqué « bac +3 » sur leur CV, se croient sortie de la cuisse de Jupiter. Alors que l’appellation bac +3 ne veut rien dire. Même dans des formations équivalente, comme des écoles d’ingénieur, les écarts sont tels qu’il faut voir au cas par cas. Une personne sortant de l’ENS est une véritable tronche, alors qu’une personne sortant d’une école E3A n’a jamais rien prouvé parce qu’elle n’a pas eu affaire à une véritable concurrence. Alors penser que la notion de « bac +3 » veut dire quelque chose est du non sens. Ce qui a du sens, c’est le diplôme en lui même, incluant l’école et la spécialité. Lui est un indice sur la valeur de son détenteur. »

Belle tirade à mettre en regard de la précédente :

« Votre conseillère n’est pas très doué, je vous l’accorde. Mais bon, avouez que vous êtes invendable. Un bac+3 en lettre ? mon pauvre ami, on va faire quoi avec vous ? »

Visiblement, vous ne jurez que par l’apport des formations sur un plan purement technique. Toujours de manière lapidaire, sans sources ou arguments : curieux pour un esprit scientifique « méthodique ».

J’aimerais répondre à ceci d’abord que les filières dites « littéraires » recoupent en fait une grande variété de disciplines. On parle plus généralement de « sciences humaines » : « sciences » parce qu’elles revêtent une dimension technique dont vous ne semblez avoir aucune idée, et « humaines » parce que l’humain c’est important aussi. Et puis parce que d’ici à ce que les sciences pures percent tous les secrets du cerveau, par exemple, nous aurons besoin de psychologues pour produire un travail « utile » en termes de mieux-être pendant encore longtemps je pense. L’étude des langues revêt quant à elle une dimension technique très pointue, que ce soit en phonétique (langue orale) ou en grammaire (langue écrite) : c’est de la mécanique, ni plus ni moins. N’ayant donné que peu d’infos sur mon parcours (vu que je n’aime pas spécialement parler de moi : je le fais pour étayer l’article et voilà tout), je laisse planer finalement pas mal de doutes sur ce que je suis. Mais en bon scientifique fanatique et boursouflé d’orgueil que vous êtes, vous en tirez cette conclusion que je serais un gogo full « lettres modernes ou classiques » ce qui en soit ne serait pourtant pas déshonorant. Je suis juste surpris que vous validiez cette hypothèse avant de la vérifier.

J’aimerais ensuite vous rappeler que les plus grands génies scientifiques de l’histoire, ceux dont le nom reste, versaient aussi dans les sciences humaines et dans les arts. L’exemple le plus évident est sans doute celui de Léonard De Vinci, génial inventeur et artiste de renom. Pascal le grand mathématicien et inventeur de la machine à calculer était aussi philosophe, moraliste et théologien. Descartes, son contemporain, s’illustra à la fois dans les maths et la physique... et dans la philosophie avec notamment ses « méditations métaphysiques » : dans le genre « rêvasseur » qui ne touche plus terre, c’est un record ! Et après tout « ne découvre de nouvelles terres, que celui qui sait quitter tout rivage ». Einstein quant à lui nous a laissé outre les théories qui lui ont valu un prix Nobel de physique, nombre de profondes citations philosophiques sur la nature humaine, Dieu, et maints autres sujets de réflexion plus « aériens ». Je trouve donc risible cette manière pour un soi-disant scientifique (de génie, à vous lire), de dénigrer les sciences humaines, domaine des « lettres » etc., accroché à son « modèle mathématique » comme une moule à son rocher alors que justement, les plus grands mathématiciens de l’histoire considéraient ces domaines comme mutuellement et nécessairement complémentaires. Et je vous passe Pythagore, Aristote, tous les grands penseurs depuis toujours. Le monde va mal depuis que chacun se spécialise dans un domaine au détriment, au mépris des autres. Intéressant aussi, de noter que nombre de ces génies étaient (totalement ou en partie) d’illustres autodidactes (ce qui pour le moins relativise votre obsession des « bonnes » écoles et votre mépris pour les mauvaises).

Pour résumer tout ça et clarifier mes propos (qui étaient trop concis, je vous l’accorde), mon opinion est que toutes ces disciplines se complètent. Le drame de notre époque, c’est à mon avis que le monde tout entier est aux mains de technocrates que je qualifierais d’ « intégristes », ne jurant (comme vous) que par les sciences pures et leur impact concret sur les vies des hommes. Le matérialisme a pris le pas sur tout ce qui relève de la spiritualité, la philosophie, le « vivre ensemble » et les questions profondes que de tous temps, les hommes se sont posées à propos de leur condition. En bon scientifique vous devez savoir que tout n’est qu’équilibre de toutes les choses, et ce, jusqu’à la dimension des atomes et de leur assemblage en fonction de leurs charges positives ou négatives. Je crois qu’il en va de même pour les sciences pures et humaines, et que lorsqu’une charge prend le dessus sur les autres, c’est l’ensemble de nos rapports qui se fragmente. La molécule humaine ne s’équilibrera jamais que par l’apport d’une nouvelle charge ou par l’ajustement des rapports entre celles déjà présentes.

Plus précisément sur cette portion de votre post :

« C’est les vôtres qui polluent nos administration de règles toutes plus inutiles et insupportable les unes que les autres. Des gens sans compétences scientifique ou techniques, qui sont là parce que l’administration est le seul domaine qui peut accueillir des gens sans réelle talent. »

J’aimerais dire aussi qu’Albert Einstein, justement, travailla quelque temps dans l’administration. Ceci parce qu’il lui fallait bien gagner sa vie, à une époque où son génie n’était pas (encore) reconnu. Il est évident que je n’entends pas m’y comparer, je précise pour que vous freiniez vos conclusions — mais c’est encore amusant compte tenu de ce que vous, le scientifique éclairé et sûr de lui, écriviez. Devriez revoir les classiques de votre domaine.

« C’est marrant, ceux qui les ont écouté ont un job, sans pour autant connaitre qui que ce soit. Les seuls chômeurs que je connais ont fait... la Fac. Faudrait peut être un jour penser à les fermer, vu ce qu’elle coûtent et ce à quoi elles servent, mais les « syndicats » étudiants vont encore manifester et ces spectacles grotesques nous piquent trop les yeux. »

Le fanatisme dont je parlais ci-dessus... pour vous les facs ne faisant pas recette en termes d’emploi devraient fermer, pour moi c’est le monde du travail qui devrait évoluer. Contrairement à vous lorsque je parle des facs, je le fais en tant que personne y ayant été formée. Et je peux vous dire que même si je galère aujourd’hui (mon « si j’avais su » était ironique), je ne regrette pas vraiment l’apport de ces années en termes de culture générale et d’ « ouverture », d’ « éveil », de toutes ces choses que vous ne pouvez pas comprendre. Mon idée à moi c’est que chacun devrait avoir la possibilité d’étudier dans cet univers pendant quelques années, parce que ça vous forme et pas seulement en tant que « machine » pour calculer ou réduire le monde à une formule mathématique. La fac ça vous donne des billes pour comprendre le monde avec un regard transversal, en tenant compte de sa diversité. Ça vous oblige à remettre en cause vos convictions, l’étroitesse d’esprit liée à votre éducation, et à intégrer la pensée de nombreux illustres prédécesseurs-précurseurs. Si chacun s’ouvrait au monde de cette manière, les citoyens serait pourvus d’une vision moins courte-étroite et d’une conscience collective, historique, culturelle, etc. plus importante. Ce qui serait mieux pour le « vivre ensemble », à n’en pas douter. Malheureusement de nos jours, on parle d’école pour juste « apprendre un métier » : apprendre à penser serait un objectif secondaire pour ne pas dire (à entendre ce qu’en disent certains) un effet secondaire indésirable. Dans un système politique où le sort collectif repose entre les mains (et dans les voix) d’une masse ignorante, ces dispositions ne peuvent qu’aboutir à l’échec. Je précise encore parce que je vous vois venir, que je parle d’ « ignorance » en termes d’intelligence globale-transversale : j’entends que chacun se qualifie pour son domaine (ce qui est une forme d’intelligence « spécialisée ») mais déplore l’absence d’autonomie culturelle et intellectuelle (transversale) de la plupart de mes concitoyens.

« Vous parlez « d’efforts constants et incontestables » mais justement, c’est ça que vous ne comprenez pas : ils sont au contraire très contestable, parce que vos résultats (en terme de diplôme puisqu’il semble que ça soit la seule chose sur votre CV) sont faibles, très faibles. Donc soit vous avez peu travaillé pour y arriver, même si vous pensez le contraire, soit vous êtes définitivement inapte aux métiers intellectuels sans qu’on vous l’ai dit. »

Je cite aussi cette tirade que je trouve magnifique : elle illustre parfaitement le côté lapidaire et autoritaire de vos propos. Qui êtes-vous pour me juger ? Les études même lorsqu’elles sont à vos yeux parfaitement vaines, représentent un sacrifice et des efforts de travail constants (il y a beaucoup de travail hors-amphi en fac, vous savez ?), sans parler de la précarité du mode de vie. Faut aimer les pâtes et savoir dire non à ceux qui ont rien à faire le week-end et qui ne comprennent pas votre refus de sortir en boîte, au Pal, ou à la foire aux gonzesses. C’est en tout cas ma conception du travail de formation sérieuse, ce qui (encore une fois) semble vous échapper et j’en suis navré. Je tiens cependant à vous rassurer sur l’intellect : on m’a très rarement laissé entendre, même en cas de vif désaccord comme ici, que je serais finalement « limité » comme vous l’insinuez. Tout ce que je peux dire c’est que je comprends votre point de vue, je sais comment il se construit et ce qui l’entrave, le « limite » au bout du compte. Je me contenterai donc de paraphraser monsieur Lalanne : « C’est pas parce que tu comprends pas les mots que je suis un crétin. » Oui je sais c’est marrant, Francis n’est pas un brillant scientifique mais en tant que « littéraire », laissez-moi vous affirmer que la phrase est bonne. Si vous ne comprenez pas, c’est que vous êtes limité.

« Bref, il est toujours temps pour vous de faire une formation de plombier. »

Merci du conseil :) c’est le métier de boulanger en fait qui me fait rêver. Un boulot de chien mais le côté alchimique de la chose me fascine, je pratique un peu amateur. Comme la plomberie d’ailleurs. Ou le jardinage, ce genre de chose.

Je vous recommande quant à moi un bon CE1, histoire de revoir les bases de grammaire qui visiblement vous font défaut. Un brillant scientifique qui ne sait pas s’exprimer, c’est quand même dommage : vos découvertes risquent de ne pouvoir se transmettre. Et quelle perte tragique pour la postérité !


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