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Commentaire de sheba

sur Commerce de la drogue : on se trompe de cible


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sheba 25 août 2013 16:42

Je souhaiterais rajouter un point, j’ai œuvré pendant environ 8 mois dans la branche française du plus grand lobby du cannabis et je voudrais vous raconter un peu mon expérience, qui m’a permis de me rendre compte d’un certain nombre de choses. Je ne m’attarderais pas sur toute cette expérience mais sur un point précis : une autre raison de l’immobilisme au niveau de l’évolution des lois sur la régulation de la drogue, et particulièrement celle du cannabis.


A savoir que les acteurs de la régulation en France, sont les mêmes depuis des années.


Plusieurs choses à dire la dessus. Déjà, ces gens là sont en place depuis longtemps, mais aucune évolution n’est constatée, depuis la loi sur les stupéfiants de 1970. Ce milieu est politique et très restreint, et malheureusement la plupart d’entre eux n’ont aucune véritable capacité de travail, d’organisation, et militent en mélangeant les sujets, tentant régulièrement des comparaison avec d’autres drogues, avec les drogues légales, enchaînant les imprécisions, et s’adressant a un public déjà convaincu.


Leur argumentaire est bien faible, et ils ne défendent tous que de petites avancées, comme ce fut le cas avec les cannabis social club, qui furent un échec cuisant. Aucun d’eux, ne souhaite réellement s’engager dans une réforme globale de cette plante, c’est a dire mettre en place un contrôle de la production, de la distribution, de la consommation, et des addictions. Il ne prônent que des modèles restreint, comme celui de la « désobéissance civile », héritage d’une culture anarchiste encore bien ancrée dans ce milieu,  qui ne vise simplement qu’a dire au consommateur de consommer si il le veut, et de produire illégalement de petite quantité de cannabis pour leur consommation personnelle. 


En France, aucun projet visant a réformer le cannabis dans son ensemble, en prenant en compte tout les aspects délicats que cette régulation entraînerait : la question des mineurs et du cannabis ? la question de la publicité et du cannabis ? la question de la conduite et du cannabis ? de la prison et du cannabis ? des trafiquants se retrouvant sur le carreau, des cités qui vivent, et survivent de ces petits et grands trafics ? la prévention des addictions ? Toutes ces questions ne trouvent évidement pas de réponses immédiates, et une véritable réflexion d’ensemble est nécessaire pour mettre en place quelque chose de solide, sans quoi la légalisation du cannabis sera tout simplement un fiasco, plongeant un grand nombre de gens dans le chaos et dans des hypocrisies, comme c’est le cas actuellement dans le seul pays en Europe ou le cannabis dit récréatif est distribué, et dont sa vente et sa consommation sont tolérés, malgré un approvisionnement des coffee shop, par les mêmes trafiquants que dans la rue, et avec la même marchandise, offrant donc a ces criminels une occasion en or de blanchir leur argent en toute tranquillité, et faisant alors de ce pays un narco-état, paradis de tout les trafics.


Autre chose sur ces gens en place, est qu’ils ont, en plus d’un argumentaire défaillant, une communication défaillante. Il ne s’adresse systématiquement qu’aux consommateurs, généralement déjà défenseur d’une régulation du cannabis, mais que très rarement aux autres qui sont pourtant les personnes à convaincre et à informer pour faire émerger un débat, un questionnement, au moins au niveau national. Leur travail de communication (site web, affiche, logo, etc) est systématiquement marqué par l’héritage pseudo-anarchiste, et des mots d’un des plus « grands » activiste du cannabis en France depuis ces 30 dernières années, une forme de désorganisation volontaire. Allez faire un tour pour voir ce qui existe comme communication sur le cannabis en france et vous comprendrez ce que j’essaye de dire ici. Un exemple parmi d’autre : le logo du CIRC, collectif d’information et de recherche cannabique, est un clown arborant fièrement des feuilles de cannabis a la place de ces cheveux, voila une idée du visage des défenseurs de la légalisation du cannabis en France.


Je rajouterais un dernier point, c’est que par cette expérience que j’ai vécu, qui s’est terminée par un échec à cause de multiples raisons, mais notamment à cause une trop grande ambition, d’un vrai souhait de réforme globale non partagée, d’un vrai souhait d’une communication et d’une information claire, de qualité, sourcée et analysée , et adressée au plus grand nombre, et du principal, c’est à dire bousculer les gens en place pour mettre en place un modèle de réforme sérieux, en gardant ces gens la comme force d’action, mais pas comme tête pensante ou organisatrice de la réforme. Malheureusement, ces gens là, en place depuis longtemps tiennent évidement à conserver leurs positions, en faisant plus parler d’eux-même que du sujet qu’ils défendent, pour vendre tout un tas de bouquins, d’adhésions, et en mettant en place des brevets, qui leurs assurent une source de revenu. 


Bref, tout cela pour dire que l’immobilisme de la politique des drogues en France est aussi du au fait que les gens défendant une pseudo légalisation, sont des arrivistes, sans réelle capacité pour faire évoluer le problème. Alors quand bien même on aurait constaté l’échec de la prohibition, il faudrait également constater l’échec des gens en place qui souhaitent réformer, car même avec une prise de conscience collective du problème, il faut voir émerger des idées, des projets de loi qui sont de qualités, et applicables, par des gens concernés par le problème agissant de manière désintéressée, pour résoudre ce problème de santé et de sécurité publique, ce qui aujourd’hui n’est vraiment pas le cas.



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